Lourdes amendes sans procès pour blocages et occupations : la Macronie fête les gilets jaunes à sa manière

Le Poing Publié le 15 novembre 2022 à 18:35
Incendies allumées à la fin de deux jours de blocages au dépôt pétrolier de Frontignan, le 4 décembre 2018. Images d'illustration.

La Loi d’Orientation et de Programmation du Ministère de l’Intérieur (LOPMI), actuellement examinée à l’Assemblée Nationale et proposée par le gouvernement, prévoit entre autres joyeusetés de lourdes amendes sans procès pour les entraves à la circulation et les occupations de facs et de lycées.

Il y a quatre ans, les gilets jaunes se choisissaient le blocage de flux économiques comme stratégie principale de lutte, bien avant le reflux sur les centre-ville des grandes mégalopoles, symptôme d’impuissance face à la vague répressive engagée à la mi-décembre 2018.

Aujourd’hui, alors que l’inflation s’accélère encore en ce mois d’octobre et que des mouvements sociaux d’ampleur se mettent en branle partout en Europe, le gouvernement macroniste se prépare à affronter sa population. Hausse de budget pour le ministère de l’Intérieur, alors que tous les autres budgets publics sont l’objet de saignées importantes, militarisation plus poussée du maintien de l’ordre : la loi LOPMI actuellement examinée en séance publique à l ‘Assemblée Nationale n’est pas avare en saloperies policières.

Dans le lot, une mesure interpelle, et intéressera les nombreux citoyens qui n’attendent que le réveil du mouvement social. Créées en 2016, les «amendes forfaitaires délictuelles», qui permettent aux policiers de prononcer une sanction pénale en-dehors de tout procès, et donc avec des possibilités de défense bien plus limitées, se généraliseront si la loi LOPMI est définitivement adoptée.

500 à 1000 euros d’amendes sont ainsi prévues, à la libre appréciation de n’importe quel flic, en cas de blocage ou d’occupation illégale de lycées ou de facs : de quoi s’armer pour attaquer sérieusement les possibilités laissées à la jeunesse scolarisée de se réunir en Assemblée Générale. Les entraves à la circulation devraient quant à elles être sanctionnées, sous les même modalités, à hauteur de 1600 euros d’amende. Taper au porte-feuille, en cette période de crise sociale, les mobilisations des plus précaires, qui n’ont pas toujours la possibilité de se mettre en grève au sens plus classique du terme… La stratégie répressive peut payer.

Aujourd’hui en France, quand les salariés des raffineries se mettent en grève, ils sont réquisitionnées, quand les salariés d’Enedis reprennent le contrôle de la distribution de courant, on leur envoie l’antiterrorisme, quand les lycéens ou les gilets jaunes manifestent en ville, on les attaque à coup d’armes de guerre et on les incarcère, quand les même tentent de ralentir les flux économiques, on leur prévoit de lourdes amendes.

L’époque ressemble à une course de vitesse entre un pouvoir qui se retranche derrière la répression, au service de et avec le soutien d’à peu près tout ce qui a du fric, et des populations de plus en plus touchées par la précarité économique, de plus en plus inventives dans l’action collective. Tâchons de gagner cette course.

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