Manifestation du 1er octobre à Montpellier : “la question est plus politique que syndicale”
Entre 2 000 et 2 500 personnes ont battu le pavé à Montpellier ce premier octobre à l’appel de la CGT pour demander une augmentation des salaires et des pensions, mais aussi et surtout contre le nouveau gouvernement nommé par Michel Barnier
“La situation est dramatique”, Serge Ragazzacci, secrétaire de la CGT dans l’Hérault : “Michel Barnier est un homme de l’ancien monde, issu d’un groupe ultra minoritaire à l’Assemblée nationale et un gouvernement qui se retrouve complètement dépendant de l’extrême droite”, scande-t-il à la fin de la manifestation du 1er octobre à Montpellier pour la hausse des salaires et des pensions, qui a défilé du parc du Peyrou à la Comédie.
Pour le secrétaire départemental de l’Hérault, qui avait appelé à soutenir la candidature du Nouveau Front Populaire aux législatives en juin dernier, le discours habituellement purement syndical se teinte d’un réquisitoire plus politique que jamais : “Cette politique est éloignée du choix citoyen qui a été fait le 1er et 7 juillet dernier, fait par des gens qui ont parfois voté pour des candidats loin de leurs idées politiques. Ce vote montrait un refus de voir l’extrême-droite accéder au pouvoir et un refus de la réforme des retraites contre laquelle on s’est battu. Les retraites ont été le sujet principal de cette campagne, nous demandons toujours son abrogation.”
La jeunesse et les retraités mobilisés
Derrière le cortège syndical, un cortège étudiant dynamique et enjoué, parti depuis l’université Paul-Valéry, martèle : “La jeunesse emmerde le front national !” Livia Jampy, co-porte-parole du Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM) et par ailleurs membre des Jeunes Insoumis de Montpellier explique les raisons de leur mobilisation : “Le SCUM est mobilisé aux côtés de l’intersyndicale depuis la réforme des retraites. Avec ce nouveau gouvernement, les attaques contre les étudiants vont continuer : notre ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Patrick Hetzel, avait proposé, quand il était député, la création d’une commission d’enquête sur l’entrisme idéologique et les dérives islamo-gauchistes à la fac, on sait bien qu’il va pas instaurer les repas du CROUS à un euro pour tous ou initier la création de logements étudiants, donc il faut qu’on soit mobilisé.”
Plus calme, le cortège des retraités marche juste derrière. François militant de la CGT-retraités de l’Hérault, est lui aussi en colère contre le nouveau gouvernement, qui “tend vers l’extrême-droite.” “C’est symbolique de défiler le jour du discours de politique générale. Ils prévoient 25 milliards d’euros d’économies, on a peur de la suppression de l’indexation des pensions sur l’inflation.” Lui et ses camarades demandent le SMIC à 2 000 euros et “pas de retraites en dessous du SMIC”. A 2 000 euros, donc. “Mais le problème de cette journée, c’est qu’il n’y a pas de perspectives, il faudrait une grève générale…”, souffle-t-il.
Un cortège du Nouveau Front Populaire
Des perspectives, certains dans la manifestations en ont, et elles sont plus politiques que syndicales. C’est le cas des militants du local militant la Carmagnole, implanté dans le quartier Figuerolles, qui ont appelé à la création de “comités NFP” partout dans le département. Francis Viguier, l’un des piliers de ce local militant, explique : “Ces comités sont là pour que les citoyens s’organisent par la base. Le NFP est un outil indispensable pour lutter contre l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National, il faut que les gens s’emparent du programme, et le défendent, notamment sur la question de la retraite à 60 ans ou de la hausse du SMIC.” Une réunion des comités NFP a d’ailleurs lieu ce mardi 1er octobre à 18 h 30 à la Carmagnole.
Outre les partis de l’alliance de gauche (La France Insoumise, EELV, le Parti Communiste), on retrouve dans ce cortège des syndicalistes, comme Yann, militant syndical du SNESUP, venu avec le drapeau de son syndicat. “On n’est plus dans les revendications syndicales, car la question est plus politique que syndicale. Et le NFP reprend des revendications syndicales qu’on a depuis longtemps, comme par exemple la retraite à 60 ans.” Lui même impliqué dans le comité NFP du Pic-Saint-Loup, il remarque que si il y a une volonté d’impliquer les syndicats dans ces comités, les syndicalistes les rejoignent à titre individuel pour ne pas engager toute leur fédération.
Début septembre, Le Poing écrivait : “La capacité de mobilisation et de politisation du NFP, ou plutôt, de LFI pour l’essentiel, ne s’épanouit que lors des périodes électorales. Et la gauche a beau dénoncer, avec justesse, des élections volées, c’est aussi un formidable aveu de faiblesse. En somme, Emmanuel Macron leur dit « et maintenant, vous allez faire quoi ? » Et la gauche de répondre : « Eh bien, rendez-vous aux prochaines élections. »”
Peut-on vraiment attendre quelques choses des urnes ? C’est la question à laquelle nous tenterons de répondre dans un débat organisé par Le Poing le 12 octobre au Quartier Généreux, venez nombreux !
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