Montpellier : agressions d’extrême droite lors de la manifestation du 18 septembre, que fait la police ?

Le Poing Publié le 16 octobre 2025 à 17:58 (mis à jour le 16 octobre 2025 à 18:11)
Le 18 septembre 2025 à Montpellier, un groupe d'identitaires, exfiltré par la police, a agressé des manifestants

L’Observatoire des libertés de Montpellier a rendu un rapport détaillé sur les violences commises par l’extrême droite lors de la manifestation du 18 septembre. Celui-ci met en lumière, à partir d’analyse de vidéos tournées le jour-même, de nombreux échanges entre des personnes violentes appartenant à l’extrême droite et des agents de la brigade anti-criminalité, passifs devant les exactions perpétrées par ces individus

Face à l’extrême droite, que fait la police ? Un rapport rédigé par l’Observatoire des libertés de Montpellier relatif à la manifestation du 18 septembre dernier, tente de répondre à cette question. Pour rappel, à la fin de la manifestation intersyndicale, environ 25 individus musclés et habillés de noir, est repéré par des manifestants. Ceux-ci arrivent sur la place de la Comédie en brandissant un drapeau français avant de faire exfiltrer par la police en direction du quartier de l’Écusson, alors que 200 manifestants entonnent des chants antifascistes.

Un peu plus tard, sur l’Esplanade Charles de Gaulle, une membre de l’Observatoire des Libertés de Montpellier se fait agresser par un homme, qui bouscule ensuite une autre personne, sous les yeux de la Brigade anti-criminalité, sans réaction de la part des policiers.
Puis, plus tard dans l’après-midi, des manifestants attablés à un bar sur la place des Beaux-Arts voient débarquer le même groupe qui est apparu sur la Comédie quelques heures plus tôt. Ceux-ci y commettent des agressions, envoyant deux personnes à l’hôpital. Ils seront plus tard identifiés comme étant liés à l’extrême droite ainsi qu’à un groupe de supporters du MHSC, le club de football de Montpellier.

« Vous ne l’arrêtez pas lui ? Il agresse des gens devant vous ! »

Le rapport, basé sur l’analyse de plusieurs vidéos prises ce jour-là par les membres de l’Observatoire des Libertés de Montpellier, tend à montrer des contacts entre des policiers de la brigade anti-criminalité et les individus d’extrême droite avant les agressions.

On peut y lire un déroulé très précis des évènements : “A 14h56, alors que les manifestants repassaient par l’Esplanade et étaient à nouveau repoussés vers le Corum, l’OLM relève un aparté entre huit policiers de la BAC qui ont retiré leur identifiant et brassard orange fluo et trois personnes entre le mémorial du génocide arménien et la passerelle piétonne desservant Joffre. Un des membres de la BAC, vêtu de noir, cagoulé, reconnaissable aux bandes blanches sur son t- shirt au niveau des épaules et à sa casquette, se détache du groupe après avoir indiqué une direction du doigt. Il va ensuite parler pendant une minute environ à deux hommes en shorts en jean et T-shirt blancs.

A 14h58, un homme arrive par l’arrière du parc de l’esplanade, du côté du lycée Joffre, un téléphone à l’oreille. Il raccroche et rejoint les deux hommes qui discutaient avec le membre de la BAC. Cet homme est vêtu d’un short en jean, d’une veste sans manche noire, d’un foulard bleu, de lunettes de soleil et porte un drapeau français sur l’épaule gauche. Il porte également un sac à dos.”

Un des membres de la BAC, vêtu de noir, cagoulé, reconnaissable aux bandes blanches sur son t-
shirt au niveau des épaules et à sa casquette, se détache du groupe après avoir indiqué une direction
du doigt. Il va ensuite parler pendant une minute environ à deux hommes en shorts en jean et T-shirt
blancs, identifiés comme appartenant à l’extrême droite.

Cet homme portant une veste noire sans manche est celui qui, quelques minutes plus tard, agressera une observatrice et une autre personne. Dans leur rapport, la membre de l’OLM agressée témoigne : “Il y a au moins quatre membres de la BAC dans un rayon de deux mètres autour de ces deux agressions […]. Aucun membre de la BAC ne l’interpelle, ne contrôle son identité, ni ne fait de remarque sur son masque. Les trois hommes aux t-shirts blancs sont juste derrière l’agresseur. Le membre de l’OLM agressé a récupéré mon téléphone qui filme toujours, et s’adresse au membre de la BAC à côté de lui : « Vous ne l’arrêtez pas lui ? Il agresse des gens devant vous ! »”

La description de la scène continue dans le rapport : “La BAC présente en nombre protège l’agresseur en enjoignant aux observateurs de rester éloigné et de ne pas s’approcher. Malgré ces trois agressions, ainsi qu’un geste violent envers un membre de la BAC, les quatre individus sont tranquillement escortés plus loin par trois agents de la BAC et deux agents de la Police Nationale, tandis que les manifestant.es sont menacées d’être gazées et sommés de se disperser. L’agent de la BAC situé le plus à gauche indique une direction avec sa matraque, ses deux collègues et les trois individus en t-shirts blancs s’y dirigent sur quelques mètres avant de s’arrêter pour discuter.”

Une partie des individus présents sur l’Esplanade sera également visible sur des vidéos des agressions captées sur la place des Beaux-Arts quelques heures plus tard.

“Sentiment d’impunité”

Ces dialogues entre police et individus d’extrême droite seront également observés par des élèves du lycée Joffre, dont le blocus a été attaqué par ces militants. Dans un communiqué, ils décrivent “un groupe de quarante personnes, composé de policiers et de militants d’extrême droite [qui] s’est rassemblé sur le parking du lycée. Ils discutaient ensemble de ce qu’ils comptaient faire vis-à-vis de notre mobilisation.”

“Quand on voit ça, on se dit qu’il est légitime de saisir le procureur de la République pour connaître la teneur de ces échanges”, indique Sophie Mazas, avocate membre de la Ligue des Droits de l’homme, association qui coordonne l’Observatoire des Libertés de Montpellier. “Il y a un sentiment d’impunité qui crée un crescendo de violences au fil de la journée. Pourquoi sur les manifestants qui commettent des dégradations sur des biens se font interpeller, mais pas eux, alors qu’ils agressent des personnes ?”

Outre un signalement effectué auprès du procureur, plusieurs élus ont été interpellés.

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