Montpellier : Blocage du lycée Jules Guesde, des épreuves du bac reportées
Ce jeudi 23 janvier, à partir de 7h30, plus d’une centaine de personnes, majoritairement des professeurs et élèves, rejoints par des parents et des syndicalistes ,se sont rassemblés afin de protester contre la réforme du bac devant le lycée Jules Guesde. Cette mobilisation s’est tenue suite aux épreuves de contrôle continues « E3C » qui avaient lieu le jour même- en vue d’empêcher leur réalisation ,rejoignant ainsi des mouvements de grève similaires dans la France entière.
Une réforme absurde et inégalitaire
En effet, la réforme « Blanquer » a mis en place d’important changements dans l’enseignement pour les lycéens et subit de nombreuses critiques de la part des professeurs,élèves et parents d’élèves. Sous le couvert d’un « bac unique » et sans séries, les élèves ont du à l’entrée de première choisir un trio de disciplines dominantes. Le nouveau bac (prévu pour 2021) compte désormais une grande part de contrôle continu (40 % de la note finale) sous la forme d’épreuves appelées E3C qui pourraient s’assimiler à des partiels.
Les conséquences négatives de cette réformes sont nombreuses comme ont pu le témoigner des élèves présents sur place. La disparition d’un « groupe de classe » engendré par la multiplication des spécialités,des emplois du temps et programmes surchargés, insoutenables, des difficultés à s’orienter… Le tout créant pour les élèves un stress et une pression constante des parents et des professeurs difficile à surmonter, s’ajoutant à un contrôle continu engendré par Parcoursup : il n’y a plus le droit à l’erreur !
Pour les professeurs, leur avis est similaire et une forte opposition continue à se mettre en place ! En effet, de nombreuses critiques s’ajoutent encore du côté des enseignants : les épreuves de E3C sont trop précoces et très mal préparées (date communiquée 2 semaines après l’épreuve selon les élèves…) et ne se coordonnent pas avec l’avancement des programmes des professeurs.
Les élèves sont mal préparés pour assurer un travail correct avec des programmes jugés beaucoup trop exigeants pour eux. A cela s’ajoute les profondes inégalités entre les établissements qui vont être engendrées par la disparition d’un bac unique : des classements entre les établissements risquent d’être mis en place à l’entrée du supérieur au bénéfice d’une multiplication des établissements privés et élitistes. Les enseignants témoignent ainsi de cette pression destructrices chez les élèves due au suivi du dossier par Parcoursup, comme le dit une professeure du lycée, « beaucoup d’élèves viennent nous voir très angoissés, beaucoup consultent des psychologues car ils n’en peuvent plus de la pression qu’on leur impose ».Le bac semble même absurde car la diversité des spécialités empêche tout cohérence entre les différents programmes des différentes matières.
Une action de blocage réussie
Les grévistes ont donc pris l’initiative de bloquer l’établissement, soutenus par les lycéens en entravant avec succès les différentes entrées. Des tracts ont été distribués par les professeurs et les élèves et un stand de nourriture a été installé.
Vers 10H30, la direction de l’établissement a ensuite pris la décision de reporter les épreuves communes de contrôle continu qui devaient avoir lieu dans la matinée, mais malheureusement pas celles qui devaient avoir lieu l’après midi. Suite à cela les professeurs du lycée ont entamé une négociation avec la direction hostile, visant à annuler les épreuves EC3 qui devaient avoir lieu. Après un refus net du proviseur du lycée Jules Guesde , les professeurs ont donc décidé de poursuivre la mobilisation en se donnant rendez vous à 13h pour poursuivre l’action en cours. Après une reprise des protestations, le lycée à finalement annoncé vers 14H30 le report des épreuves suite à une journée de mobilisation sans incidents.
En revanche de nombreux professeurs élèves s’inquiètent de la répression, discrimination individuelle et administrative qui risque d’être menée par la direction, pratique déjà appliquée à certains élèves lors des actions précédentes, comme des exclusions avec sursis de 5 jours.
Cependant, les élèves et professeurs restent déterminés à continuer la lutte et certaines opérations de blocages dans d’autres lycées sont d’ors et déjà envisagées.
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