Montpellier : cinq militants d’Extinction Rebellion au tribunal pour des tags sur des SUV
Ce mercredi 9 avril, cinq militant·es d’Extinction Rebellion Montpellier ont été condamné·es pour “dégradation ou détérioration de bien d’autrui commise en réunion” après une action le 10 janvier dernier où ils et elles avaient mis de la peinture sur des SUV et sur la porte d’un garage pour alerter sur l’impact environnemental de ces voitures et des ces concessionnaires
A la barre, ils et elles sont cinq. Trois hommes et deux femmes. Tous·tes ont un casier vierge. Ces militant·es d’Extinction Rebellion sont convoqué·es pour des faits de “dégradation ou détérioration en réunion” commis à Montpellier le 10 janvier dernier. En l’occurrence, ils et elles sont accusés d’avoir mis de la peinture sur la porte d’un concessionnaire Renault et d’avoir inscrit les tags comme “Plus gros plus dangereux plus polluants”, ou “pollution de riches” sur des SUV.
Devant le tribunal, l’une des prévenues explique : “C’était une action symbolique pour visibiliser l’impact environnemental, climatique et social des SUV dans la crise environnementale et le rôle des concessionnaires là-dedans.” A la sortie de l’audience, un autre complète : “Les SUV sont la deuxième plus grosse source de pollution derrière l’aviation civile, ils ont un gros impact environnemental. Et en terme social, ils sont dangereux car plus haut que les autres voitures, donc potentiellement accidentogènes car il y a des risques de ne pas voir les personnes de petite taille, notamment les enfants. Enfin, en cas d’accident, ce sont les plus petites voitures qui auront le plus de dégâts, le SUV en aura moins. C’est un système de domination où les plus riches payent pour ces grosses voitures, au détriment de l’environnement et potentiellement des plus pauvres et des plus fragiles.”
“La loi pénale est là pour défendre la propriété privée”
En garde à vue, ils ont tous gardé le silence, ce que trois d’entre eux continueront de faire pendant l’audience. L’un d’entre eux a également refusé que la police prélève son ADN, ce qui lui vaut un chef d’inculpation supplémentaire. Le concessionnaire s’est constitué partie civile, et demande 16 000 euros de dommages et intérêts, dont 11 000 euros de matériel, 2 000 euros de préjudice, et 3 000 euros de procédure. L’entreprise n’étant pas représentée dans la salle, une audience ultérieure pour fixer les intérêts civils aura lieu le 17 novembre prochain à 9 heures.
Pour le procureur, “la loi pénale est là pour défendre un certain nombre de valeurs et d’intérêts, en l’occurrence le droit à la propriété privée. Ce type d’action, présentée comme non violente, est une action contre les biens d’autrui, et ne peut pas être justifiée. Si c’était le cas, on serait dans une forme d’anarchie.” La phrase fait glousser quelques militant·es venu·es en soutien dans la salle. Il reprend : “En garde à vue, ils ont choisi de garder le silence, c’est un droit, mais la justice a aussi le droit d’en tirer les conséquences et de poursuivre plutôt que d’entamer des alternatives aux poursuites.”
Admettant tout de même que “les dégâts restent limités”, il requiert la condamnation de quatre prévenus à 1 500 euros d’amende dont 1 000 avec sursis et à 2 000 euros d’amende dont 1 000 avec sursis pour celui qui a refusé le prélèvement ADN.
Me Codognès, leur avocat, demande quant à lui la relaxe pour le refus de signalétique ADN. “Ils font des professions qui nécessitent un casier vierge, si vous condamnez, je demande à ce qu’il n’y ait pas d’inscription au casier judiciaire”, précise-t-il à l’attention du tribunal.
Tribunal qui l’écoutera sur ce point, et qui suivra les réquisitions du procureur pour l’amende. Ils et elles ont donc été condamné·es à 1 500 euros d’amende dont 1 000 avec sursis et de 2 000 euros d’amende dont 1 000 avec sursis pour celui qui a refusé le prélèvement ADN.
L’antenne locale de Extinction Rebellion a lancé une cagnotte pour soutenir ses militant·es. https://opencollective.com/xr-montpellier/projects/antisuv
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