Tabassage gratuit, lycéen arrête pour un crachat… : chronique ordinaire des violences policières à Montpellier
Cela fait un moment que le Poing documente et médiatise les violences policières dans le cadre des mouvements sociaux. Celles-ci tendent cependant à se banaliser et à sortir du cadre des manifestations ou des quartiers populaires. Juste avant le confinement, nous avions recueilli deux témoignages de gens victimes de l’arbitraire de la police alors qu’ils vaquaient à leurs activités normales. Deux exemples parmi tant d’autres qui témoignent de la brutalité d’une police en roue libre.
Tabassé par la police, il est accusé de violences sur policiers
Les faits se sont déroulés le 4 mars vers 19h30 à Montpellier, quartier Près d’Arènes. La police municipale, qui effectue des rondes en voiture, voit trois individus se diriger vers le Boulodrome et décide de les suivre à pieds.
S’ensuit un contrôle et une des trois personnes tente de s’enfuir, mais les policiers la plaquent au sol. L’individu à l’origine de ce témoignage et son ami s’approchent des policiers « à environ 5 mètres » pour leur demander d’arrêter de frapper l’individu au sol, en répétant : « on n’a rien fait ». Un des deux hommes reçoit un coup de gazeuse.
« On entend qu’ils appellent des renforts, mais vu qu’on n’a rien fait, on attend de voir si la troisième personne va se faire interpeller ou pas. Les renforts arrivent comme des fous, Je dis ‘‘on fera ce que vous voulez on n’a rien fait’’. Je n’ai même pas eu le temps de finir la phrase que j’ai pris des coups et je me suis retrouvé au sol menotté. Ensuite on a le droit à des insultes jusqu’au commissariat. » raconte l’homme dans un appel à témoin.
Résultat : 20h de garde à vue pour état d’ébriété sur la voie publique, violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et trafic de stupéfiants. Il est cependant ressorti sans convocation ultérieure, avec trois jours d’ITT, le visage et le corps couverts d’hématomes.
Un mineur embarqué par la BAC et viré de son lycée pour un crachat
Le jeudi 5 mars, aux alentours de 16h, Antoine* (prénom modifié), alors scolarisé dans un lycée derrière la gare, sort des cours et rentre chez lui : « J’ai été appréhendé par quatre policiers de la BAC à 16h20 pour un crachat dans les escaliers de la gare. Ils m’ont contrôlé et je n’avais pas ma carte d’identité sur moi, ils m’ont fouillé et ont trouvé des autocollants politisés, ça ne leur a pas plu et ils les ont déchirés. L’un des policiers a empêché mes camarades de filmer mon contrôle. Ensuite, ils m’ont embarqué dans la salle de PC sécurité de la gare, ils ont fouillé mon téléphone, et ont supprimé devant moi toutes mes vidéos de manif’, et m’ont posé beaucoup de questions. »
Vingt minutes s’écoulent. Il est transféré au commissariat central, menotté. « Ils m’ont menacé, ils m’ont dit que si ils me retrouvaient je ferais moins le malin. » Après cinq heures en « bulle » (garde à vue pour mineur), il ressort sans rien, pas même un procès-verbal consignant les chefs d’inculpation.
Sa professeure d’anglais, témoin de la scène, a fait remonter à l’administration de son lycée l’interpellation du jeune homme, déjà « agité » en cours selon ses propres dires. Il passera dans la foulée en conseil de discipline, il est depuis sans établissement.
Ces deux brèves de police sont deux exemples éloquents de l’arbitraire grandissant au sein de cette institution en totale roue libre. Deux exemples parmi d’autres. Depuis le confinement, les violences policières n’ont pas disparues, comme on a pu le voir récemment à Aubervilliers, mais les documenter devient plus difficile. Médiatiser ces violences est pourtant important. Si vous aussi, vous avez été victime ou témoin de violences policières et que vous souhaitez témoignez, vous pouvez contacter la rédaction du Poing via lepoing[at]riseup.net.
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