Montpellier : jamais répression ne tuera Karnaval
Jusqu’au dernier moment, personne ne savait si il allait avoir lieu. Pourtant, entre 150 et 200 personnes ont déambulé ce mardi dans les rues de Montpellier pour le Karnaval des gueux, célèbre tradition populaire du Clapas.
Cette année, ce sont la Préfecture et la presse locale qui ont fait la com’ du Karnaval. Alors qu’aucun évènement public n’avait été annoncé, le préfet avait déjà pondu un arrêté encadrant un périmètre « interdit aux gueux », et la Gazette relayait les inquiétudes des autorités concernant de potentielles dégradations. Les bars et restaurants étaient appelés à rentrer leurs terrasses pour l’évènement, et les commerçants du centre ville étaient inquiets pour leurs vitrines. Bref, le spectre du Karnaval rôde encore sur Montpellier.
Il faut dire que cette fête populaire et subversive par essence provoque en général des remous dans la ville : casse de banques, affrontements avec la police, le tout dans une ambiance joyeuse et festive. (Pour plus d’informations, lisez notre article sur l’historique du Karnaval).
Mais après les dernières éditions, la survie de cette tradition était pour le moins menacée : Pendant l’édition de 2017, la police a gazé le cortège dès 21h30 et deux personnes ont purgé une peine de prison pour des tags. En 2018, la police a gazé gratuitement les clients d’un bar, et a blessé plusieurs personnes, dont quelqu’un qui s’est retrouvé avec un trou dans la jambe à cause d’un projectile des forces de l’ordre.
En 2019, le centre ville était entièrement bouclé et les fêtards se sont fait nasser place Carnot après une course poursuite dans le quartier Antigone.
En 2020, le cortège a carrément été nassé dès le départ et n’avait pas pu déambuler. L’an dernier, l’habituelle désorganisation Karnavalesque doublée d’un dispositif policier impressionnant a tué le départ de la fête dans l’œuf.
Pourtant, hier soir, ce sont entre 150 et 200 personnes qui ont défilé joyeusement dans le centre-ville, dansant joyeusement dans les rues et devant l’église Saint-Roch. Aucune répression ni interpellation n’a été constatée, même si la BAC gardait un œil sur le rassemblement et qu’un important dispositif policier était présent à la Préfecture. Preuve que la tradition est encore tenace, malgré les tentatives d’interdictions successives. Longue vie à Karnaval !
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