Montpellier : la journée de Jérusalem ne se tiendra plus dans un lieu municipal
Lors du conseil municipal du 10 avril, l’opposition de gauche à Michaël Delafosse, maire socialiste de Montpellier, a déposé un vœu demandant l’arrêt du soutien municipal à la journée de Jérusalem, contraire au droit international, à laquelle les barons socialistes locaux participent depuis bientôt cinquante ans. Le maire de Montpellier a déclaré qu’elle se tiendrait désormais “dans un lieu privé” et non plus au domaine de Grammont
C’est une victoire pour les soutiens montpelliérains à la Palestine. Ils étaient devant la mairie de Montpellier le jeudi 10 avril au matin dans le cadre du conseil municipal, pour soutenir un vœu formulé par l’opposition de gauche au maire PS Michaël Delafosse. Le groupe MUPES, mené par Alenka Doulain, demandait l’arrêt du soutien municipal à la “journée de Jérusalem, capitale une et indivisible du peuple juif”, organisée par le Centre culturel juif Simone Veil. Une revendication alignée sur des intégristes israéliens et contraire au droit international, reprise par un certain Donald Trump en 2017. Une journée qui se tenait au domaine de Grammont depuis 1977, en présence des barons socialistes locaux, et avec les logos des collectivités (Département, Ville), présents sur l’affiche de l’évènement.
Victoire ! La ville @montpellier_ recule et refuse d’accueillir la Fête Coloniale dans un espace municipal. Sous la pression du mouvement de solidarité et du vœu des élus MUPES, le maire a cédé et refuse désormais tout espace aux organisateurs de la Journée de Jérusalem. pic.twitter.com/Sb0Qc3KYk0
— BDSF/Up-Mtp (@BdsfUpMtp) April 10, 2025
L’an dernier, on pouvait y trouver Sar-El, une association qui propose des séjours de volontariats civils dans l’armée Israélienne pour des jeunes et adultes. Au programme : des randonnées, des « animations » en soirée avec des soldats francophones et du lavage des tenues des réservistes, histoire qu’ils soient présentables avant de repartir massacrer les Gazaouis…
Mais face à la pression des manifestants et de son aile gauche, Michaël Delafosse a du concéder, en toute fin de conseil municipal, à ce que ladite journée ne soit plus organisée dans un lieu public. “Une nouvelle victoire pour la justice et la paix”, a annoncé Alenka Doulain dans un communiqué. Cependant le centre Culturel juif Simone Veil reste en lien avec la municipalité socialiste : en 2024, en plein génocide, celui-ci a bénéficié de 31 000 euros de subventions de la part de la Ville.
Et en février dernier, “Monsieur laïcité” Delafosse a ouvert les portes de l’hôtel de ville à l’association pour un colloque nommé “L’antisémitisme après le 7 octobre : comment être Juif en France aujourd’hui ?”, le tout avec le soutien de la mairie PS de Montpellier, le département de l’Hérault, le conseil régional PS, le CRIF, la LICRA ainsi que l’ambassade d’Israël. On pouvait y trouver des conférences telles que “Le wokisme et le néo-féminisme : une dérive identitaire facteur d’antisémitisme”, ou encore “L’islam radical, un danger pour les juifs”. Ce “colloque” avait pris des allures de meeting politique aux saillies à peine dissimulées à l’égard de la France Insoumise ou des soutiens à la Palestine, à la lecture du mot d’introduction de Gérard Feldman, le secrétaire du centre culturel juif Simone Veil : “On le voit très clairement. Les Juifs ne sont que la cible avancée d’un objectif plus large : la déstabilisation de la démocratie au profit d’une alternative totalitaire.La gauche et d’autres politiciens, embarqués dans l’islamo-gauchisme, qu’il soit vitupérant ou policé, devraient se méfier. […] L’hydre islamiste tente d’instaurer dès maintenant un climat de terreur, y compris dans ses liens avec le narcotrafic.Mais est-elle si puissante en France et en Europe qu’on ne puisse l’annihiler ?”
Prochaine étape, la fin du jumelage avec Tibériade ?
Si cette décision marque un recul de Michaël Delafosse dans son soutien inconditionnel à l’État d’Israël (il a récemment signé une tribune demandant la création d’une loi pour interdire la critique du sionisme), le combat continue pour les soutiens montpelliérains à la Palestine.
Une autre demande, venant cette fois-ci du collectif BDS-Urgence Palestine (Boycott Désinvestissements sanctions), a été refusé par l’édile. L’association avait demandé de suspendre la représentation de la Batsheva, compagnie israélienne attendue en ouverture du festival Montpellier Danse. “Tant que je serai maire, jamais les artistes ne seront boycottés”, a affirmé Michaël Delafosse.
Les militants souhaitent également faire supprimer le jumelage de Montpellier avec la ville Israélienne de Tibériade, que l’ancien maire socialiste Georges Frèche (qui parlait de Montpellier comme d’un “poste avancé de Tsahal”) avait inauguré en 1984.
La prochaine manifestation montpelliéraine de soutien à la Palestine aura lieu ce samedi 12 avril à 15 heures sur la place de la Comédie.
Rejoins la manifestation pour la Palestine 🇵🇸
— BDSF/Up-Mtp (@BdsfUpMtp) April 10, 2025
Ce samedi 12 avril à 15h, Place de la Comédie à Montpellier.
Stop au génocide, stop à l’impunité. Fais entendre ta voix pour la justice et la dignité. #Gaza #Palestine #StopGenocide #Montpellier pic.twitter.com/3TpDDwM5NV
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