Montpellier : La libre Pensée dénonce “un financement public du patrimoine immobilier du diocèse”

La Halte Solidarité, située sur le quai du Verdanson, est depuis vingt ans un lieu de charité pour les personnes précaires, sous l’égide du diocèse de Montpellier. Le lieu souhaite aujourd’hui s’agrandir, et la mairie entend financer en partie les travaux. L’Association La Libre Pensée accuse le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, de banaliser “l’idée que la laïcité ne vaut que lorsqu’il s’agit de pointer du doigt les musulmans”
D’un côté, un maire “socialiste”, qui a fait de la “laïcité” son cheval de bataille, allant jusqu’à imposer une “charte de la laïcité” aux associations de la Ville si elles veulent recevoir des subventions. (Charte que ses détracteurs fustigent, l’accusant de stigmatiser les associations de confession musulmane.) De l’autre, un lieu, la Halte Solidarité, détenu par le diocèse de Montpellier, qui organise depuis vingt ans la charité auprès des plus démunis autour de trois associations (Santé et Solidarité, Secours catholique et Société Saint-Vincent-de-Paul), qui accueillent, nourrissent et prodiguent des soins à près de 200 personnes par jour.
Et quand, face à l’augmentation de l’activité de la Halte Solidarité (plus 87% de fréquentation entre 2014 et 2024), la structure souhaite mener des travaux d’agrandissement (pour un coût total estimé de 800 millions d’euros), la mairie annonce mettre la main à la poche. C’est là que La Libre Pensée, une association qui veille au respect de la loi de 1905 sur la Séparation des Églises et de l’État, intervient.
Dans un communiqué, celle-ci dénonce le fait que le financement par la mairie de l’agrandissement de ce lieu, appartenant au diocèse soit “un moyen d’accroitre de manière indirecte le patrimoine de l’église”. De plus, l’association dénonce un mélange des genres entre lieu de charité et lieu de culte : “Nous remarquons que ces services ne sont pas désintéressés pour l’Église, le lieu comprend en effet un presbytère, et une association assure des groupes de paroles autour d’un texte biblique et/ou spirituel.”
Outre le rappel de la loi de 1905, la critique adressée au maire de Montpellier se veut aussi politique, renvoyant à une certaine conception de l’aide aux plus démunis : “L’intention de prise en charge des personnes vulnérables est louable, mais ces prestations devraient relever des services publics, pas de la charité, très éloignés des droits.”
Mais surtout, dans un contexte de montée de l’islamophobie, quelques semaines seulement après le meurtre d’Aboubakar Cissé à la mosquée de La Grand-Combe, dans le Gard, l’association entend dénoncer une vision de la laïcité à deux vitesses de la part du maire de Montpellier : “Nous relevons que les associations musulmanes des quartiers populaires non seulement n’ont pas vu leurs locaux restaurés aux frais de la mairie avec le soutient de l’État, mais que plusieurs d’entre elles ont été fermées par les services du préfet, avec le soutien de ladite mairie. Aussi, cette manière de financer les locaux abritant une activité mélangeant charité et activité religieuse, tout en ciblant en permanence les association du même type des quartiers populaires car musulmanes, concoure à la banalisation de l’idée que la laïcité de vaut que lorsqu’il s’agit de pointer du doigt les musulmans, et peut être ignorée quand il s’agit de l’Église Catholique.” Pour rappel, la Libre pensée est en conflit depuis plusieurs années avec la municipalité à propos du soutien de celle-ci à la manifestation de la Saint-Roch, qui mélange festivités et culte catholique.
Bref, à Montpellier, la laïcité est finalement une religion comme une autre : elle a ses dogmes, ses hérésies… et surtout ses indulgences.
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