Montpellier : la manif des kurdes déplacée au lundi 10 juin
Le Centre Démocratique Kurde de Montpellier qui appellait initialement à se rassembler ce samedi 8 juin contre le remplacement du maire démocratiquement élu à Hakkari au Kurdistan par un administrateur gouvernemental du régime turc, déplace sa manifestation au lundi 10 juin, 19h place de la Comédie.
On apprenait le 3 juin dans un communiqué du parti politique de l’élu, le Dem Parti (Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples, à gauche), que celui-ci a été arrêté en plus d’être démis de ses fonctions. Les autorités turques lui reprochent d’appartenir au PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, une organisation importante dans la gauche kurde, toujours classée comme organisation terroriste par l’Union Européenne malgré qu’elle ait abandonnée la lutte armée depuis des années. Memet Sıddık Akış, l’ancien maire de Hakkari démis de ses fonctions, a été condamné le 5 juin à 19 ans et six mois d’emprisonnement par un tribunal turc, pour des liens présumés avec le PKK que le Dem Parti nie.
« Le dossier d’enquête utilisé pour justifier cette opération est entièrement basé sur des allégations sans fondement de la police et du procureur. La destitution de M. Akış, qui a été élu démocratiquement, est un coup d’Etat flagrant contre la volonté des habitants de Hakkari, dont la majorité de la population est kurde. La tentative de la coalition AKP-MHP [NDLR : coalition droite-extrême droite au pouvoir en Turquie et dirigée par le président Erdogan] de se venger de sa sévère défaite aux élections locales en attaquant les municipalités du DEM Parti signifie l’abolition du droit constitutionnel de voter et d’être élu. Les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme ont montré que la définition large et vague du terrorisme formulée par le système juridique turc s’est transformée en un instrument utilisé par le gouvernement pour éliminer ses rivaux politiques. », peut-on lire dans le communiqué du Dem Parti.
Début avril 2024, des manifestations de masse avaient forcées le gouvernement turc à reculer dans sa tentative d’invalider l’élection du maire de Van, l’une des plus grandes villes kurdes de l’est de la Turquie, lui aussi membre du Dem Parti.
La gauche kurde propose dans son opposition au régime d’Erdogan une alternative foncièrement progressiste, qui allie auto-détermination du peuple kurde, cohabitation avec les autres communautés ethniques et religieuses de la région, exploration d’une voie vers la démocratie directe, émancipation poussée des femmes envers les carcans patriarcaux, refondation d’institutions traditionnellement à la botte des pouvoirs comme la police et la justice, et élaboration d’une économie coopérative tentant de dépasser le capitalisme et de répondre à l’urgence écologique, et qui est expérimentée à grande échelle depuis plusieurs années dans certaines régions du Rojava syrien sous l’impulsion du PYD ( Parti de l’Union Démocratique, proche du PKK).
Pourtant, alors que son leader Abdullah Ocalan est emprisonné par la Turquie depuis 1999, le PKK est encore listé comme une organisation terroriste par l’Union Européenne et les États-Unis.
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