Montpellier : la “marche des résistances” fait le lien entre écologie et luttes anti-coloniales

Entre 600 et 800 personnes ont manifesté à Montpellier ce dimanche 28 septembre dans le cadre de la “Marche des résistances Climat, justice, libertés”, portée par plus de 200 organisations, collectifs, mouvements et associations locales dans 70 villes de France, avec des revendications écolos, mais également sociales et anti-impérialistes
“Draw the line” (fixer les limites). Tel est l’appel lancé par une centaine d’associations et d’ONG du monde entier auquel ont répondu entre 600 et 800 personnes, ce dimanche 28 septembre, à Montpellier, lors de la “marche des résistances”, organisée localement par Alternatiba, Action Justice Climat et GreenPeace.
“L’appel Draw the Line vient avant tout de peuples autochtones d’Amérique du Sud et du pacifique”, détaille Cathy Valat, membre d’Alternatiba. “Le but est de rappeler que nos luttes ici résonnent avec celles menées ailleurs.” Une mobilisation internationale, donc, à quelques semaines de la COP 30, qui doit se tenir au mois de novembre au Brésil. “C’est un peu la COP de la dernière chance”, analyse Cathy : “On va fêter les dix ans des accords de Paris, et pourtant, on a dépassé la limite de réchauffement planétaire de 1,5 degré par rapport à l’ère pré-industrielle, alors que l’accord visait à réduire les émissions de CO2 pour respecter ce pallier.” Une “ligne rouge” qui sera matérialisée lors de la manifestation par un bandeau de plastique coloré allant d’un bout à l’autre du cortège.
De la loi Duplomb au chlordécone
Les revendications, elles, sont nombreuses : sortie des énergies fossiles et interdiction des projets climaticides, transition vers l’agroécologie, taxation des ultra-riches, retrait de la loi Duplomb, interdiction des pesticides… A ce titre, l’usage du chlordécone (pesticide utilisé jusqu’en 1993 dans les plantations de bananes en Martinique et en Guadeloupe à l’origine de nombreux cancers) , est vu par les manifestants comme un crime colonial de l’État Français, qui nécessite réparation. “Le capitalisme détruit la planète et le vivant, il y a un lien entre la dénonciation de l’impérialisme, la volonté de libérer les peuples opprimés et la lutte pour l’environnement“, résume Lisa, membre d’Action Justice Climat.
Un constat partagé par Nassira, membre du comité BDS-Urgence Palestine de Montpellier : “Le génocide en Palestine n’est pas déconnecté de la question écologique, car c’est un écocide, via le pillage, l’empoisonnement des nappes phréatiques, la destruction des arbres et des oliviers qui font partie de la culture palestinienne. Il y a une logique similaire entre le fait de détruire un peuple et de détruire la terre.”
Dans le cortège, un drapeau de la Kanaky flotte aux côtés du drapeau Palestinien. Wahmadri, membre de l’association de soutien au peuple kanak Ceini Hnyei, implantée aussi bien en Kanaky/Nouvelle-Calédonie qu’en Métropole, dit observer les conséquences de la montée des eaux provoquée par le réchauffement planétaire. “Le peuple autochtone kanak est auto-suffisant, il y a un lien avec la nature qui pousse à sa préservation. Mais aujourd’hui, des îles ont déjà été submergées, et la Nouvelle-Calédonie a déjà ses réfugiés climatiques, qui vont augmenter ces prochaines années. On est là pour interpeller les grands États, qui sont les plus gros pollueurs : on est les premières victimes du dérèglement climatique, et on est solidaires de tous les peuples.”
Les responsables au “tribunal”
Après un retour sur la place de la Comédie après un tour de ville dans une ambiance festive, le parvis de l’Opéra devient le lieu d’un tribunal populaire façon monsieur carnaval. A la barre, les “responsables” du chaos social et climatique, représentés par des marionnettes, ont droit à leur procès, avec des clowns comme jurés : Macron, Marine Le Pen, Bruno Retailleau, mais aussi Patrick Pouyané, PDG de Total, accusé “d’écocide via un projet d’Oléoduc en Tanzanie et en Ouganda” ou encore Vincent Bolloré, coupable de s’être enrichi via “des rentes captées en Afrique”.

Côté perspectives, les organisateurs affirment leur volonté d’“ancrer dans le mouvement social en cours contre l’austérité”, mais aussi de “faire monter la pression en vue de la COP” avec d’autres rassemblements à venir.
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