Montpellier : plaintes après une manif’ pro-Palestine, les organisateurs dénoncent une “instrumentalisation”

Elian Barascud Publié le 6 novembre 2023 à 17:31 (mis à jour le 1 décembre 2023 à 11:28)
Près de 2 500 personnes ont manifesté en soutien à la Palestine et pour un cessez-le-feu le samedi 4 novembre à Montpellier.

Après la diffusion d’une vidéo tournée en marge de la manifestation du 4 novembre à Montpellier où un homme a qualifié l’attaque du Hamas du 7 octobre comme un “acte héroïque de résistance”, la justice a été saisie pour “apologie du terrorisme”. Les organisateurs de la manifestation parlaient en conférence de presse ce lundi 6 novembre “d’instrumentalisation d’un épiphénomène”

Samedi 4 novembre, plusieurs milliers de personnes ont défilé calmement dans les rues de Montpellier, avec des mots d’ordres appelant au cessez-le-feu et à la paix.

A la fin de la manifestation, alors que les organisateurs étaient parti, un homme a pris la parole en son nom, avec une sonorisation qui n’est pas celle des organisateurs pour prononcer des propos présentant l’attaque du Hamas du 7 octobre comme un “acte héroïque de résistance”, devant une maigre assistance. La prise de parole, filmée et devenue virale sur les réseaux sociaux, a suscité la saisie du procureur de la République par la préfecture pour “apologie d’un acte de terrorisme.” La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) envisage également de déposer plainte pour apologie du terrorisme, tout comme le sénateur de l’Hérault Hussein Bourgi (PS), qui annonce avoir saisi l’autorité judiciaire.

Selon le préfet de l’Hérault, les engagements demandés aux organisateurs “n’ont pas été tenus”

“Monté en épingle”

Ce lundi 6 novembre, une conférence de presse était organisée par la Libre Pensée de l’Hérault et BDS-Montpellier, qui étaient parmi les organisateurs de la manifestation, pour clarifier la situation. Dès le lendemain de la manifestation, la Libre Pensée a publié un communiqué précisant que « les propos [tenus par cet individu] n’engagent que lui et ne sont pas ceux des organisateurs de la manifestation » sans pour autant les condamner, et l’organisation militant pour la laïcité a invité le préfet à un rendez-vous pour discuter “et lever les incompréhensions pour la suite”.

Par ailleurs, les organisateurs ont souligné qu’ils n’étaient pas responsables des propos tenus en marge de la manifestation car c’était à la police de faire du maintien de l’ordre et de sanctionner les comportement répréhensibles pénalement.

Réponse de la Libre Pensée à la Préfecture de l’Hérault à la suite de son Tweet sur les propos prononcés en marge de la manifestation du 4 novembre

“Parler d’apologie du terrorisme concernant un individu isolé qui prend la parole en marge de la manifestation alors qu’un génocide se déroule sous nos yeux, c’est déplacé, voire indécent. C’est une instrumentalisation sordide d’un épiphénomène pour discréditer les opposants au génocide en cours, alors que tout s’est bien passé pendant la manifestation. Les mots d’ordre étaient clairs.”, s’est exclamé Alban Desoutter, secrétaire de la Libre Pensée, lors de la conférence de presse.

José-Luis Moraguès, animateur de la campagne BDS-France Montpellier, a alors rebondi : “Et qui menace de porter plainte ? La LICRA, qui est une association de soutien sans faille à l’État d’Israël qui est contre les mouvements de solidarité avec la Palestine, et le sénateur Hussein Bourgui, qui soutient également l’apartheid en allant à la journée de Jérusalem organisée par la Ville de Montpellier. Ils n’ont aucune légitimité à faire des commentaires”.

“Deux poids de mesures”

“Nous, on a condamné l’attaque du Hamas”, a repris Alban Desoutter, évoquant un “deux poids deux mesures”, et des “condamnations à géométrie variable” : “Tous les jours à la télévision et sur les réseaux sociaux on entend des choses horribles. Par exemple, le chanteur Enrico Macias appelle à dégommer physiquement des élus de la France Insoumise, et il n’y a aucune condamnation, et là, pour un propos isolé, on monte ça en épingle.”

Est-ce un argument pour le préfet afin d’interdire les prochaines mobilisations ? Alban Desoutter reste confiant. “Nous, on l’a invité à discuter. Je pense que tout cela va se dénouer tranquillement.”

E. B.

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