Montpellier : Samir 34, le super-Saiyan pailladin
La disparition tragique du mangaka Akira Toriyama cette semaine est l’occasion d’évoquer un détournement aussi improbable que montpelliérain de son œuvre. Depuis maintenant une dizaine d’années, un dessinateur pailladin du nom de Samir 34 reprend les célèbres personnages de Dragon Ball à la sauce locale (blanche/samouraï en l’occurrence)
Spn Goku, Son Gohan ou Cell se retrouvent en survet’ et running au pied de la tour d’Assas. Samir 34 (ou Mike Tyson, selon les moments) a notamment dessiné une assez longue BD inachevée intitulée Dragon Ball Zelta ,où nos héros se retrouvent à mener la vie de bicraveurs et de petits voyous : ennui devant les blocs, vols, deal, embrouilles avec la police, tout un quotidien des jeunes de la Paillade est représenté à partir des personnages archi-connus de l’univers DBZ. Tout est fait au feutre avec un style artisanal inimitable fondé sur une vraie maîtrise des codes du manga. En bref, de la BD locale, par et pour la street, sans prétention autre que faire rire (ou impressionner) les potes et raconter dans une langue peu conventionnelle une vie courante pas toujours glorieuse.
Les publications de Samir 34 connaissent rapidement un vrai succès sur Facebook puis sur d’autres réseaux, en faisant un « meme » : elles sont elles-mêmes reprises, détournées, récupérées, admirées ou moquées… Et inspirent en retour de nouvelles vocations. À tel point que Samir 34 s’occupe maintenant de devantures de snacks et d’images pieuses, faisant des figures de DBZ des musulmans pratiquants.
Un phénomène qui dépasse d’ailleurs les frontières : à leur petite échelle, les dessins de Samir 34 auront participé à l’identification de Vegeta à un personnage algérien. Vegeta, DZ ? La popularité de cette théorie (parfois défendue très sérieusement par les fans) a même conduit Toriyama à répondre en mai 2017, sans trancher définitivement cette épineuse question.
Bref, pour reprendre sa propre définition, Samir 34 propose un « art brut autodidacte ». Qu’on l’aime ou non, cet art brut constitue désormais un fragment d’une identité locale et continue de faire vivre de la plus surprenante des manières l’héritage de Toriyama.
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