Montpellier. Un gilet jaune n’a blessé aucun policier, il a été condamné à 6 mois de sursis pour « violence »
Le Poing
Publié le 16 juillet 2019 à 18:24 (mis à jour le 16 juillet 2019 à 18:26)
Deux manifestants, interpellés le 8 juin lors de l’acte 30 des gilets jaunes et placés en garde à vue dans la foulée, ont été présentés hier devant un juge au tribunal de grande instance de Montpellier. Accusés de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique et de participation à un attroupement en vue de commettre des violences et des dégradations, ils avaient été libérés par un juge des libertés et de la détention le 11 juin sous contrôle judiciaire (interdiction de paraître sur Montpellier) en attendant le procès.
Un report au 23 septembre
L’affaire du premier prévenu a été vite traitée. L’avocat affirme avoir envoyé au procureur un « épais dossier contenant des conclusions contradictoires avec l’enquête » pour plaider la nullité de la procédure. Le procureur l’ayant reçu le 10 juillet et ouvert le 12, il a considéré qu’il ne disposait pas d’assez d’éléments pour juger le manifestant. Le procès a été reporté au 23 septembre à 14h.
6 mois de sursis et 300€ d’amende
L’affaire du second prévenu a en revanche retenu l’attention du tribunal. Déjà interpellé le premier mai de manière préventive à Paris puis relâché sans poursuite, il comparaissait aujourd’hui pour un jet de pierre. « Vous n’avez jamais été condamné mais il n’est pas trop tard pour le faire », a menacé d’entrée de jeu le juge. Interpellé en début de soirée le 8 juin, la police affirme avoir retrouvé dans son sac un gant et des vêtements de rechange, des éléments qui prouveraient l’intention de se livrer à des violences selon les magistrats. En garde à vue, le prévenu a contesté l’accusation, mais une vidéo l’a identifié en train de jeter un projectile. Il a donc finalement reconnu avoir « jeté un caillou pour manifester [s]a colère » : « J’ai été blessé par un tir de flashball à l’épaule le matin même, j’étais énervé et fatigué ». Il a néanmoins souligné avoir jeté la pierre en direction de la préfecture, et non des CRS. Dans cette affaire, il n’y a aucune victime, aucune partie civile, aucun blessé.
« Je manifeste depuis plus de vingt ans et je suis pacifiste » a déclaré le prévenu. Des propos exploités par les assesseurs pour l’asséner de questions : « Ici, on juge les délinquants, pas les manifestants. Vous dites que vous êtes pacifiste, mais vous avez jeté une pierre ! Ce gant, c’est pour renvoyer des grenades ? », « Vous manifestez depuis vingt ans ? Donc ça fait vingt ans que vous êtes pas content malgré les gouvernements successifs ? », « Vous avez lancé une pierre parce que vous étiez énervé, ça vous a soulagé ? » Le juge a ensuite montré au prévenu des photos extraites de la vidéo : « Regardez, on vous voit dans un groupe avec une grosse pierre à la main, et personne ne porte de gilet jaune. Vous n’êtes pas un gilet jaune, vous êtes un professionnel de la manifestation ! » Le procureur a aussi tenté une digression incongrue : « Sur les affaires d’avant, il y avait des problèmes d’addiction à l’alcool, mais vous, vous ne seriez pas addict aux manifestations ? »
L’avocat de la défense a plaidé la relaxe, en arguant que son client « n’a pas le profil du casseur. On pense que le gilet jaune est par nature violent, mais mon client est calme, il a une femme, un travail et un bébé. Il n’est pas violent, c’est la force du groupe qui l’a fait rester en manifestation ». Des arguments qui n’ont visiblement pas convaincu : il a été condamné à six mois de prison avec sursis, trois cent euros d’amende et une interdiction de paraître à Montpellier pendant six mois.
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