Montpellier : un militant d’extrême-droite relaxé dans une affaire de violences

Le Poing Publié le 30 octobre 2024 à 17:45 (mis à jour le 30 octobre 2024 à 17:48)
Photo d'illustration du Tribunal de Montpellier - le Poing

Ce mercredi 30 octobre se tenait le procès d’un militant du Bloc Montpelliérain pour des faits datant de la manifestation des agriculteurs du 26 janvier dernier. Il était jugé pour violences n’ayant entraîné aucune incapacité totale de travail en se dissimulant le visage. Pour son avocat, les faits de violences n’étaient pas matérialisés. Il a été relaxé

L’espace d’un instant, on a cru que l’audience n’aurait pas lieu, tant il fut difficile pour le tribunal d’installer le matériel nécessaire à la projection de vidéos. A la barre, Dorian M., connu des milieux antifascistes locaux pour son appartenance au Bloc Montpelliérain, groupuscule nationaliste-révolutionnaire crée en janvier dernier.

Il comparaissait pour des violences sans incapacité totale de travail et en se dissimulant le visage pour des faits datant du 26 janvier dernier, lors d’une manifestation des agriculteurs sur la place de la préfecture à Montpellier. Après une longue attente, quelques vidéos, glanées sur les réseaux sociaux (voir ci-dessous) ont été présentées à la salle. On pouvait y voir Dorian M. intimider le journaliste Samuel Clauzier en lui montrant des gants coqués ou enfiler une cagoule dans un moment de bousculade où des militants communistes se faisaient chasser du rassemblement.

“J’ai plus l’impression d’avoir affaire au préfet de l’Hérault qu’au ministère public”

L’enquête a démarré début février, depuis le bureau du préfet de l’Hérault lui-même, qui s’est saisi de l’article 40 du Code de procédure pénale pour signaler au procureur l’éventualité d’une infraction commise le 26 janvier. Une “violation du principe de séparation des pouvoirs” selon Me Sassi, l’avocat du prévenu, qui a d’abord plaidé la conclusion de nullité. “J’ai plus l’impression d’avoir affaire au préfet de l’Hérault qu’au ministère public”, a-t-il précisé.“Les violences ne sont pas caractérisées, deux victimes présumées se sont désistées et disent qu’il n’y a pas eu de violences, si la juridiction voulait punir mon client elle lui aurait collée une amende en ordonnance pénale pour la dissimulation du visage.” A noter qu’un homme, présenté comme un militant communiste, avait porté plainte contre X pour violences à l’issue de la manifestation, mais il s’est désisté en disant finalement qu’il n’y avait pas eu de violences, et n’était pas présent dans la salle du tribunal. Même chose pour une autre personne.

L’avocat de celui qui a été cité comme étant “un militant du bloc montpelliérain, l’ultra-droite locale” dans le dossier, a également plaidé une nullité de conclusion concernant la garde à vue du prévenu, survenue six mois après la manifestation des agriculteurs, en jugeant la privation de liberté et le prolongement de la mesure (36 heures au total) disproportionnées. “Mon client a un casier judiciaire vierge, une audition libre aurait suffit.” Des conclusions que le procureur a rejeté.

“Démarche belliqueuse”

“J’étais venu à la manifestation pour soutenir les agriculteurs”, a expliqué le prévenu, qui dit “ne pas militer” quand le procureur lui a demandé où il en était aujourd’hui vis-à-vis de la politique. S’il a nié les violences, il a reconnu avoir dissimulé son visage, pour “protéger mon anonymat et mon image du harcèlement en ligne venant de journalistes d’extrême-gauche qui m’ont filmé toute la journée.” A savoir Samuel Clauzier (voir Tweet ci-dessus), Ricardo Parreira, qu’un autre membre du Bloc Montpelliérain a intimidé ce jour-là, ainsi que Le Poing, qui a publié “une vidéo ultra coupée qui ne reflète pas la réalité” selon lui.

“Ce n’est pas une tribune politique ici”, s’est agacé le procureur, avant de reprendre : “Normalement, on ne vient pas en manifestation avec une cagoule et des gants coqués. Vous n’étiez pas dans une posture de soutiens aux agriculteurs, vous aviez un body langage, une posture belliqueuse. Sur les images ou vous mettez votre cagoule, on voit que vous actionnez votre bras comme pour porter un coup. Il y a des éléments de contexte, on voit que le prévenu vient avec l’intention d’en découdre, la seule chose qu’il manquerait, c’est une batte de base-ball. Et puis, les violences sont-elles forcément matérielles ? Je pense qu’il y a eu contact, même si la victime dit qu’il n’y a pas eu de violence.” Il a requis six mois de sursis et une interdiction de porter une arme pendant cinq ans.

“Il n’y a pas de préjudice dans ce dossier”, a embrayé Me Sassi. “Cela sous-entendrait que les victimes seraient tellement traumatisées qu’elles ne le reconnaîtraient pas.” “On ne juge pas sur la morale et le body langage, il faut que les violences soient caractérisées, et là ce n’est pas le cas.” Le militant a finalement été relaxé.

A noter qu’un autre procès d’un militant d’extrême-droite montpelliérain aura lieu ce jeudi 31 octobre, cette fois pour l’agression d’un syndicaliste pendant la fête des fanfares en juin dernier.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Montpellier : Deux fresques pro-Palestine effacées coup sur coup au parc Montcalm