Montpellier : une enquête administrative en cours à la Métropole pour des faits de harcèlement

Elian Barascud Publié le 19 décembre 2025 à 15:45 (mis à jour le 19 décembre 2025 à 16:06)
Le 6 décembre dernier, des agents du service nettoyage du pôle Cadoule et Bérange de la Métropole de Montpellier se sont rassemblés devant la mairie pour dénoncer des faits de harcèlement qu'ils subiraient de la part de leur hiérarchie. ("Le Poing")

Le 6 décembre dernier, des agents du service nettoyage du pôle Cadoule et Bérange de la Métropole de Montpellier se sont rassemblés devant la mairie pour dénoncer des faits de harcèlement qu’ils subiraient de la part de leur hiérarchie. Une enquête administrative est en cours depuis juin 2025, presque un an après le suicide d’un agent qui se disait harcelé au travail

Quand H.* arrive au pôle géographique Cadoule et Bérange (l’est de Montpellier) au service de nettoyage de la Métropole en novembre 2022, une situation de tensions règne dans l’équipe. L’agent affirme avoir été témoin d’insultes et d’humiliations de la part de la hiérarchie, notamment à l’encontre de l’un de ses supérieurs, T.*, lequel s’est suicidé en août 2024. « J’ai vu des agents à qui on disait “ferme ta gueule” ou “fils de pute”. Le chef menaçait les agents en leur disant qu’ils ne resteraient pas ici, où en leur disant “j’aimerai que tu aies une sanction pendant un an.” Je venais travailler la boule au ventre », raconte H*.

Le 10 octobre 2023, après un passage chez son médecin, il écrit au responsable du site pour lui parler des « pressions et intimidations » que subissent les agents, et l’informe de sa volonté de réaliser un signalement, affirmant que l’ambiance « joue sur ma santé physique et mentale ». Le responsable du site lui répond qu’un « rapport hiérarchique à [son] encontre a été transmis au président de la Métropole » car l’agent aurait refusé d’exécuter des missions qui lui étaient confiées, ce qu’il réfute. Après de longs mois d’arrêt maladie, il a finalement repris le travail en novembre, et a changé d’affectation.

Un suicide


Août 2024, T.*, chef d’équipe du Pôle Cadoule et Bérange est retrouvé mort chez lui, après son suicide par arme à feu. Présente lors d’un rassemblement du 6 décembre devant la mairie pour dénoncer le harcèlement dont seraient victime les agents, Dominique, sa compagne, raconte : « Il avait à cœur de défendre les agents, de les soutenir, les protéger. » Elle dénonce « une souffrance liée à de pressions, à des tensions, à un climat professionnel qui l’a profondément atteint. » Selon elle, « on le forçait à ne plus parler aux agents, il était victime de harcèlement. » Elle souhaite aujourd’hui « obtenir des réponses » sur la mort de son compagnon et « être au côté des agents qui ont subi du harcèlement ». Lesquels sont allé porté plainte au commissariat à la suite du rassemblement.

Alerte syndicale

B.*, un chef d’équipe, assure lui aussi avoir reçu des pressions de sa hiérarchie. « On alerte depuis 2021. Le responsable du pôle voulait que je mette la pression aux agents, il ne supportait pas de nous voir en rond, boire le café et discuter ensemble le matin. » Selon lui, sa hiérarchie lui aurait demandé de produire de faux témoignages à charge contre des agents sous sa responsabilité, ce qu’il aurait refusé.

Lui et H.* évoquent tout deux le « cachot », un local insalubre dans lequel l’un de leurs collègues aurait été « placardisé » pendant six mois : « On n’avait plus le droit de communiquer avec lui, il devait aller faire toutes ses missions depuis là-bas » , affirme B*. Une sorte de « punition humiliante », imposée selon eux par la hiérarchie.

Le “cachot” dans lequel C*, un agent du Pôle Cadoule et Bérange, aurait passé six mois. (DR)

Les salariés ont fait remonter des alertes à l’un de leurs syndicats, l’UNSA, qui, contacté par la rédaction du Poing, confirme avoir informé l’administration de la Métropole de la situation : « Nous avons rencontré à plusieurs reprises leur hiérarchie. La situation des agents ne s’améliorant pas, nous avons incité et aidé les agents à effectuer des signalements officiels pour harcèlement auprès de l’administration. Ces différents signalements ont conduit l’administration à ouvrir une enquête administrative. » Cette enquête, ouverte en juin 2025, est toujours en cours.

Une association en soutien

Pour médiatiser leur situation, les agents ont fait appel à la Ligue Féminine 34, une association qui entend lutter contre le harcèlement et les discriminations. C’est cette structure qui a organisé le rassemblement devant la mairie le 6 décembre dernier. « Les agents nous ont sollicité car ils savent que notre association est sensible à ces questions, cela permet d’avoir un intermédiaire qui ne les met pas trop en avant, car ils ont peur de représailles », explique Farida Ghaouti, présidente de la Ligue Féminine 34.

Si celle-ci a conscience des répercussions que l’agitation réalisée autour de cette affaire peut avoir sur la campagne municipale en cours, elle affirme « n’être affiliée à aucun parti ni candidat à la mairie ». Parmi eux, Isabelle Perrein était néanmoins présente au rassemblement organisé devant l’hôtel de Ville pour « apporter son soutien aux agents. »

Contactée, la Métropole de Montpellier n’a pas donné suite à nos sollicitations.

* Prénom modifié pour protéger l’anonymat des agents ou de leurs proches, à leur demande.

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