Montpellier : une grande fresque en soutien aux Palestiniens
Près de la place Carnot, l’artiste Nô s’est exprimé, à travers un portrait d’adolescent au keffieh. Le street art retrouve ses significations fondamentalement rebelles – mais sans doute pas celles qu’aime mettre en vitrine la Ville de Montpellier pour se prétendre branchée
C’est un immense portail, de plus de trois mètres de hauteur, à l’angle des rues du Pont de Lattes et de Barcelone, tout près de la gare SNCF, un peu au-dessus de la station “Place Carnot” de la ligne de tramway n° 3. Depuis plusieurs semaines – « environ deux mois » estiment des riverains que nous interrogeons – une fresque recouvre entièrement le support de métal. C’est un portrait pleine face, d’un adolescent.
L’œuvre est de facture hyper-réaliste, et d’une qualité d’exécution qui signifie qu’elle n’a pas été jetée là à la va-vite. Elle reprend de manière franche les couleurs du drapeau palestinien, en jouant du fond noir en bas, vert plus haut, et du blanc du tissu du keffieh que le personnage porte sur ses épaules. Enfin le rouge très dense du slogan qui, tout au sommet, proclame “Free Palestine”.
La signature est très lisible : Nô. En se reportant vers Internet, on relève que Nô a 43 ans, qu’il est coutumier de la réalisation de fresques dans la ville de Sète. Quant à son parcours, il laisse apparaître d’incessants voyages sur la planète entière. Au cours de ceux-ci, il s’attache à portraiturer des habitants rencontrés, avec une attention très particulière pour « tous ceux qui résistent à l’oppression et à la violence ».
Cette fresque “Free Palestine”, est plaquée sur le portail de l’ancienne usine à gaz qui se trouvait là, aujourd’hui désaffectée. Son mur d’enceinte, impressionnant, descend jusqu’à l’angle du boulevard de Strasbourg, qu’il longe ensuite en direction du square Jean Monnet. C’est donc un spot important du street-art à Montpellier. De très grandes fresques s’y déploient, notamment au niveau des quais de la station de tram.
Mais celle de Nô est bien la seule qui se rappelle au versant volontiers rebelle du street-art. De ce fait, on ne sait si les guides de l’office de tourisme, conduisant des visites en ville autour de ce thème, demanderont aux touristes de fermer les yeux, ou de regarder ailleurs, au moment de passer devant cette œuvre militante. Car depuis plusieurs mois à Montpellier, un régime d’exception, orchestré par la municipalité de Mickaël Delafosse, aussi bien que par le Préfet François-Xavier Lauch, tend à empêcher, et parfois criminaliser, toute action publique qui ne soit pas strictement alignée sur un soutien aveugle à la destruction de la bande de Gaza par le régime d’extrême-droite israélien.
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