“On se sent abandonné par l’institution” : à Montpellier, le collège Fontcarrade en grève

A l’instar du collège des Escholiers de la Mosson la semaine dernière, le personnel du collège Fontcarrade était en grève ce mardi 7 octobre afin demander plus de moyens pour l’accompagnement des élèves en situation de handicap
“Fontcarrade en rade, Fontcarrade en rade !” La chansonnette poussée par le personnel du collège Fontcarrade, réuni devant le rectorat ce mardi 7 octobre, résonne avec l’appel lancé la semaine dernière par les enseignants du collège des Escholiers de la Mosson, en grève eux aussi : une demande urgente de moyens, notamment pour des postes d’accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH).
“Le manque de moyens n’est pas une catastrophe naturelle”
Philippe, enseignant dans ce collège situé dans le quartier Figuerolles-Cité Gély, évoque “seulement trois AESH” pour 25 élèves, dont cinq qui nécessitent un accompagnement individuel. “Nous avons trois AESH en absence longue durée qui n’ont pas été remplacées”, explique le professeur syndiqué chez Sud Éducation.
Une délégation syndicale a été reçue par la direction des services départementaux de l’Éducation nationale -DSDEN- vendredi 3 octobre 2025, mais pour Philippe, les résultats sont peu concluants. “On nous dit qu’il n’est pas possible d’obtenir plus de moyens en l’état, or le manque de moyens n’est pas une fatalité. Ce n’est pas une catastrophe naturelle, c’est la conséquence de choix politiques. On se sent abandonné par l’institution, mais nous, on n’abandonnera pas nos élèves”, souffle-t-il.
“Tous les élèves en pâtissent”
Anissa, AESH dans l’établissement, s’occupe de sept élèves, répartis dans trois classes différentes. “Je dois noter les cours pour trois élèves en même temps, j’ai donc trois cahiers devant moi en classe”, décrit-elle. Le tout, avec un contrat de 24 heures par semaine, au SMIC. “C’est dur de travailler correctement avec chaque élève, je ne ferai pas progresser un enfant en restant seulement quatre heures par semaine avec lui. Cela fait plusieurs années que je demande à ce que mon volume horaire soit augmenté, mais j’essuie toujours des refus.” Pour elle, cette pénurie n’impacte pas seulement les élèves quelle suit, mais pèse sur “l’ambiance de toute la classe. Ce sont tous les élèves qui en pâtissent”.
Comme le reste de l’équipe pédagogique, Anissa revendique le remplacement des AESH en absence longue durée, des moyens supplémentaires, “et un vrai statut de fonctionnaire, une reconnaissance pour mon métier.” Les enseignants mobilisés déplorent également “un manque de mixité” dans l’établissement, et demandent son passage en REP+ (réseau d’éducation prioritaire) afin de bénéficier de plus de moyens.
Côté parents d’élèves, Monique Demante, porte-parole de l’association montpelliéraine Une école Un avenir, est venue en soutien aux grévistes devant le rectorat. Elle rappelle que Michaël Delafosse, maire de Montpellier, est toujours professeur d’histoire au sein de ce collège. “Il pourrait apporter son soutien, se montrer solidaire, mais pour le moment, on ne l’a pas entendu…”
Contactée, Catherine Côme directrice académique des services de l’éducation nationale dans l’Hérault se dit “consciente de la difficulté des établissements” concernant les AESH, et précise que les accompagnantes malades ne peuvent pas être remplacées : “Nous avons des dotations annuelles qui ont déjà été distribuées. Une AESH malade occupe déjà un support financier, on ne peut pas la remplacer, car ça créerait un support financier supplémentaire.” Elle indique que “les emplois du temps des AESH vont être réorganisés”, afin de répondre au mieux à la situation.
Pour les enseignants mobilisés, l’idée d’une coordination d’établissements en lutte sur Montpellier serait actuellement sur la table.
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