Procès des squats du Raid et de la Providence : délibéré le 20 décembre

Le Poing Publié le 7 décembre 2017 à 00:25 (mis à jour le 28 février 2019 à 20:45)

À Montpellier comme ailleurs, la situation du mal-logement est préoccupante : des milliers de personnes errent dans les rues et pourtant, la majorité des appels émis vers le 115, le numéro d’hébergement d’urgence, restent sans réponse(1). Conscients qu’il n’y a rien à attendre des pouvoirs publics, de nombreuses personnes décident d’occuper illégalement l’un des quelques 13 000 logements vides de Montpellier(2). Hier matin, des habitant·e·s des squats du Raid et de la Providence étaient convoqué·e·s au tribunal d’instance. Une trentaine de personnes ont fait le déplacement pour les soutenir.

Après 7 ans d’abandon, la Providence accueille maintenant 60 personnes

Le squat de la Providence, situé près de la faculté de droit, a ouvert ses portes le 10 octobre dernier malgré une tentative d’expulsion illégale de la police. Depuis, une soixantaine de personnes, dont une vingtaine d’enfants, vivent sur place dans des conditions dignes. Chaque chambre est composée d’une salle de bain individuelle et le bâtiment dispose de plusieurs salles communes et d’un patio. Des associations telles que la Cimade, Réseau éducation sans frontières et la Ligue des droits de l’Homme offrent un soutien logistique aux occupant·e·s du lieu, notamment en organisant des activités périscolaires. Lors de l’audience, l’avocat des squatteurs a rappelé que le droit à la propriété ne l’emportait pas sur le droit au logement et qu’il n’y avait pas d’urgence à expulser les squatteurs puisque le bâtiment était inoccupé depuis 2010. De son côté, l’avocat du propriétaire du bâtiment, le groupe immobilier France Patrimoine, a affirmé qu’il fallait expulser les squatteurs le plus tôt possible sans prendre en compte la trêve hivernale puisque les travaux étaient programmés pour bientôt et que l’architecte comptait justement passer… dès le lendemain de l’audience ! Ce hasard du calendrier est suspect et l’argument est fragile étant donné que le permis de construire n’a toujours pas été signé par la mairie. L’avocat des squatteurs a réclamé un délai de six à huit mois avant de prononcer l’expulsion, ou un délai de deux mois renouvelable. Le juge rendra son délibéré le 20 décembre et d’ici là, il a imposé aux squatteurs de laisser entrer dans le bâtiment toute entreprise ou institution concernée par les travaux dont a parlé l’avocat du propriétaire.

Pour l’avocate de la mairie, les squatteurs du Raid ne sont pas des vrais pauvres

Le squat du Raid, situé près de l’hôtel de ville, accueille quant à lui une quinzaine de personnes depuis le 11 octobre dernier. La maison occupée appartient à la commune de Montpellier, qui l’a louée gratuitement aux policiers « d’élite » du Raid depuis août 2017 pour qu’ils puissent s’entraîner. L’avocate de la mairie reproche donc aux squatteurs d’empêcher les forces de l’ordre de jouir de leur location. Sauf qu’entre la signature de ce contrat de location et l’entrée des squatteurs dans le bâtiment, c’est-à-dire entre août et octobre 2017, les policiers du Raid ne sont jamais venus dans la maison. Ils ne se sont d’ailleurs pas constitués partie civile et de toute façon, le contrat de location ne sera jamais honoré puisqu’il prend fin le 31 décembre prochain. L’avocate de la mairie a ensuite relativisé la situation du mal-logement et de la précarité à Montpellier en prétendant que les services sociaux luttaient efficacement contre la pauvreté et que les squatteurs du Raid n’étaient pas si pauvres puisque certains d’entre eux touchaient… le RSA. L’avocat des squatteurs a réclamé au minimum le respect de la trêve hivernale. Verdict le 20 décembre.

Sources :

(1) « À Montpellier, “la galère des centres d’hébergement” pousse les SDF au squatting », Haut-Courant, 5 décembre 2017, lien.
(2) « Montpellier : 2e grande ville pour les logements vacants », Montpellier journal, 2 octobre 2013, lien.

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