Quand un rond-point brasse gilets jaunes, zapatistes mexicains, écolos et soignants contre l’obligation vaccinale

Le Poing Publié le 23 octobre 2021 à 22:18

Ce vendredi 22 Octobre à partir de 17H au rond point de chez Paulette autour d’une petite centaine de Gilets Jaunes des rond-points de la région et des militants d’autres luttes en cours ont accueilli la délégation des cinq femmes Zapatistes de l’EZLN – armée de libération nationale du Chiapas –  qui faisait une halte militante pour tout le week-end à Montpellier.

Cela faisait un bout de temps qu’on l’attendait cette délégation annoncée pour un voyage en Europe au cours de l’été 2021 voire même au mois d’Avril 2021. Mais les difficultés ont été nombreuses, d’abord le gouvernement mexicain leur a refusé les passeports, puis le Covid a été un autre frein dans la mesure où le vaccin mexicain n’était pas reconnu en Europe donc pour certain.e.s la vaccination a été double, mexicaine et européenne. Ce qui explique que ce vendredi au rond point le masque était de rigueur car en aucun cas elles ne voulaient ramener le Covid au Chiapas, le seul virus acceptable et même valorisé étant celui de leur lutte de libération zapatiste ! Comme elles ont expliqué tout le long de leur présentation des 37 années de lutte une chose très importante c’est la planification : ce voyage a été extrêmement préparé, l’ Europe a été divisée en trois – Le nord et l’est / Le centre dont la France et la péninsule ibérique comprenant les îles. 28 équipes de 4 à 5 personnes sont venues en France, dans le Sud 6 équipes d’hommes et 2 de femmes, ce sont elles qui ont souhaité faire des équipes exclusivement féminines.

Un seul bateau a pu partir du Mexique, «  La Montanâ », les autres sont venus en avion.

Le programme à Montpellier très dense comportait :

Le vendredi : une rencontre dans le quartier du petit bard avec le collectif du petit bard et l’association des mamans, le collectif Oxygène et le rond point des chez Paulette le soir

Le samedi : Une journée à la Tendresse – coopérative culturelle- avec une rencontre autour du féminisme, une autre avec  le B.I.B hackerspace  et un débat le soir plus général sur la situation politique et sur le sens et l’organisation des luttes et des solidarités.

Le dimanche après un petit tour à Sète la délégation reprendra le train pour Toulouse.

Les gilets jaunes de Gignac ont ouvert le bal des prises de paroles qui passaient de l’espagnol au français traduites immédiatement dans les deux sens. Une lutte pour une autre société résume cette prise de parole et l’on pouvait observer les femmes zapatistes qui ne cessaient de prendre des notes. Puis le rond point de chez Paulette qui s’est tourné vers la constitution d’une association, «  le jardin des permapotes », visant également à construire d’autres liens d’autres rapports de vie. La Zad du lien a fait plusieurs interventions sur la nécessité de défendre une terre et « l’assemblée contre les violences d’état » a pris deux fois la parole avec un historique de leur lutte depuis 2015 et la défense des inculpés actuellement. Les Gilets Jaunes du bassin de Thau sont intervenus avec insistance sur l’intérêt des blocages – autoroute/ raffinerie / dépôts pétroliers, c’est vrai que ce serait à l’ordre du jour!

Certains gilets jaunes insistant sur la reprise des rond-points depuis la semaine dernière.

Puis c’est le mouvement anti-pass qui a pris la parole avec le « collectif des blouses blanches libres » invisibles médiatiquement alors que le système de santé va si mal et que beaucoup sont en train de perdre leur travail….

Le soleil déclinait, la circulation toujours aussi dense avait allumé tous ses feux et les véhicules exceptionnels bouchaient le rond point, cela n’a pas empêché dans cette ambiance surréaliste d’écouter le déroulé des 37 années de lutte de l’EZLN dans cette contrée reculée du Mexique. Un peuple indigène de différentes cultures et traditions mais qui n’ont pas été détruites. Dix ans de clandestinité pendant lesquelles la nuit, la pluie et l’obscurité étaient des alliées, avant de déclarer la guerre poussé par le peuple à sortir de la clandestinité. Le 31 Décembre 1993, quitter la nuit pour un combat de 12 jours de soulèvement armé autour de la question de la terre.Les points forts développés dans cette lutte, la terre, un toit, une éducation, la santé, la démocratie, la justice, la liberté d’être et de rester indigène et la paix…..un beau programme ! Créer ses propres autorités, fédérer les initiatives et les municipalités pour répartir équitablement les ressources et surtout développer son autonomie dans le coeur ! La soirée commençait à être bien froide et vous trouverez ici un documentaire sur l’histoire passionnante et complexe de cette lutte. Par ailleurs nous communiquerons également sur les autres thèmes qui étaient toutes des rencontres de travail essentiellement militantes.

« Faire nôtre les douleurs de la terre : la violence contre les femmes, la persécution et le mépris contre les différent.e.s dans leur identité affective, émotionnelle et sexuelle ; l’anéantissement de l’enfance ; le génocide contre les peuples originaires ; le racisme ; le militarisme ; l’exploitation ; la spoliation et la destruction de la nature. Comprendre que le responsable de ces douleurs est un système. Le bourreau est un système exploiteur, patriarcal, pyramidal, raciste, voleur et criminel : le capitalisme. Savoir qu’il n’est pas possible de réformer ce système, ni de l’éduquer, de l’atténuer, d’en limiter les aspérités, de le domestiquer, de l’humaniser….. » Extrait du communiqué en six partie du «  Voyage pour la vie » des zapatistes en préparation de leur voyage en Europe.

Le Poing vous prépare d’autres papiers sur ces rencontres, en ligne très prochainement.

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Tranquillement, les gilets jaunes draînent de plus en plus sur les ronds-points occitans