Rassemblement des vignerons devant le tribunal de grande instance de Montpellier
Une centaine de vignerons se sont rassemblés devant le tribunal de grande instance de Montpellier ce mardi, notamment à l’appel du syndicat des vignerons gardois, pour soutenir cinq des leurs convoqués devant un juge pour une accusation « d’association de malfaiteurs ». Le procureur a requis des peines allant de d’un à deux ans de prison avec sursis et mise à l’épreuve.
Actions coups-de-poing contre l’importation frauduleuse de vin espagnol
Le 3 mai 2017, un convoi de viticulteur avait été intercepté à un péage en Gironde. La police avait retrouvé dans les véhicules des haches, des masses, du gazole, un chalumeau et des cocktails molotov. Cinq viticulteurs ont alors été arrêtés et placés sous contrôle judiciaire en attendant le procès d’aujourd’hui. Le service régional de police judiciaire les soupçonne d’avoir participé à des actions revendiquées par le CRAV (Comité régional d’action viticole) entre le 4 avril 2016 et le 7 août 2017, notamment le saccage des locaux Vinadeis à Maureilhan le 19 juillet 2016, et l’ouverture de cinq vannes de l’entreprise Biron à Sète le 2 août 2016.
Ces actions avaient pour but de dénoncer l’importation de vin espagnol par des sociétés de négoce, à bas coût, avec des traitements chimiques qui sont interdits en France, et qui dérégulerait le marché au détriment des vignerons français.
Le 16 janvier 2018, 250 viticulteurs s’étaient rassemblés devant le commissariat de Montpellier pour soutenir neuf de leurs collègues qui avaient été placés en garde à vue la veille car la police les soupçonnait d’avoir participé à des actions du CRAV. Le rassemblement avait été dispersé par les CRS à coups de grenades lacrymogènes.
Le CRAV, un groupe au positionnement politique flou
L’histoire du CRAV est complexe. S’il est connu pour avoir mené plusieurs dizaines d’actions coups de poing depuis sa création dans le milieu des années 1970 (fusillade contre des policiers, attentat à la bombe contre un poste de perception du Trésor public, incendie d’un radar…), son positionnement politique reste flou : son défunt chef Jean Vialade était proche des occitanistes et a été influencé par les militants d’extrême-gauche des années 1970, mais certains discours actuels du CRAV sur la nécessité de faire prévaloir les intérêts français évoque plutôt un discours de droite. Quoiqu’il en soit, les autorités semblent toujours craindre le CRAV.
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