Les Gabonais de Montpellier se mobilisent contre Ali Bongo

Le Poing Publié le 7 octobre 2017 à 19:34 (mis à jour le 10 mars 2019 à 22:37)

Cette après-midi, au jardin du Peyrou de Montpellier, des dizaines de militant-e-s soutenant la libération du Gabon se sont réuni-e-s pour manifester. L’ambiance était festive : percussions, danses, chants. Mais la tonalité était aussi digne et grave, car il se trouve que la situation au Gabon, depuis trop longtemps, est désastreuse. Des militant-e-s soutenant la libération du Gabon se réunissent partout en Europe, régulièrement, et même partout dans le monde. Hélas, on peut dire aussi que cette lutte nécessaire est trop peu visible dans les médias de masse, alors que l’affaire est très grave. Il est vrai néanmoins que ces événements mettent en cause la responsabilité de l’Etat français, comme on va le voir, ce qui peut expliquer que la presse de masse, qui a tendance à défendre les intérêts de cet Etat français, reste discrète sur le sujet.

Ali Bongo, dégage !

Rappelons les événements. Comme l’indique M.W. N’Nah Ndong, le Secrétaire général du Conseil Gabonais de la Résistance (CGR), les militant-e-s qui défendent la libération du Gabon « revendiquent la vérité des urnes ». Au Gabon, une seule famille, la famille Bongo Ondimba, gouverne de façon dictatoriale depuis plus de cinquante ans.

Mais un vote a pu être organisé le 27 août 2016 (présidentielles). M. Ping a remporté la victoire, mais le dictateur Ali Bongo n’a pas accepté cette situation, et a voulu riposter de façon très violente, et atrocement meurtrière : le 31 août 2016, des milices et l’armée « officielle » ont bombardé le QG de Ping. Il se trouve que ces événements ont eu lieu à 400 mètres de la base militaire française, et qu’aucun militaire français n’est intervenu pour empêcher ce massacre. L’Etat français est donc explicitement complice d’un massacre. Il est vrai que cet Etat néocolonial a un intérêt stratégique et économique évident dans le maintien, au Gabon, de la dictature imposée par la famille Bongo, ce pourquoi, hélas, cette absence d’intervention française est « compréhensible » (on notera qu’elle n’est pas moins révoltante ; l’Etat français, néocolonial et favorisant la guerre, reste un Etat structurellement destructeur – un exemple parmi tant d’autres : en 2015, l’Etat français vendait pour 140 millions d’euros d’armes à l’Etat saoudien, collaborant ainsi à la manière dont cet Etat décime le Yémen, encore aujourd’hui).

Le 31 août 2016, un hélicoptère piloté par un français, Chinon (appartenant à la garde républicaine de Bongo), a bombardé le QG de Ping pour neutraliser les personnes situées à l’extérieur du QG (bombes assourdissantes).

On doit dire que l’attaque s’est faite en trois temps.

1) D’abord, des mercenaires (financés par Bongo) ont attaqué, le 31 août 2016, les personnes à l’extérieur du QG (situés dans la grande cour ; il y avait alors plus de 2000 personnes dans ce lieu). L’opposition et l’ONU estiment qu’il y a eu alors près de 200 morts. Selon la version « officielle » (Bongo) il n’y aurait eu « que » 1 à 3 morts.

La version « officielle », mensongère de façon obscène, est démentie de façon atroce : on a découvert après les événements des fosses communes.

Après l’intervention des mercenaires, le 31 août 2016, les partisans de Bongo ont ramassé tous les morts et dissimulé toutes les douilles, pour qu’il ne reste aucune preuve.

2) La même nuit du 31 août, la garde républicaine (Bongo) est rentrée dans le bâtiment du QG, et est entrée dans chaque étage : elle a procédé à des arrestations systématiques, et des viols ont été commis. Au cinquième étage se situaient les hommes politiques, qui sont restés séquestrés pendant deux jours.

3) Pendant les quatre jours qui ont suivi le 31 août 2016, les mercenaires de Bongo ont attaqué sauvagement dans les rues de nombreux individus, en particulier des jeunes (car la jeunesse gabonaise représente une bonne partie de l’opposition à Bongo).

Ces actes barbares et cette dictature immonde doivent cesser. La responsabilité accablante de l’Etat français doit être dénoncée.

Cette manifestation à Montpellier n’est pas la première, et ne sera pas la dernière. La lutte continuera tant que justice ne sera pas rendue. Mais la manifestation fut une réussite : festive et digne. Le même jour, à 15 heures, des militants anti-autoritaires manifestaient contre la banalisation de l’état d’urgence. La dictature gabonaise est meurtrière et révoltante, mais on constate aussi une fascisation des sociétés européennes. Des solidarités doivent s’organiser.

Fédération des luttes, et les dictatures et privations de liberté seront enfin abolies !

Manifestation pour le Gabon libéré à Montpellier le 7 octobre 2017

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