Retraites : à Montpellier, le mouvement se ramasse, et se prépare à bondir sur la journée du 7 mars
12 000 à Montpellier, 7 000 à Béziers, 2 300 à Sète et 700 à Lodève : les manifestations héraultaises de ce jeudi 16 février, toujours très importantes, ont nettement moins mobilisées que les précédentes. Faut-il en conclure à un essoufflement ? Dans le cortège montpelliérain, la date du 7 mars est sur toutes les lèvres, et on se dit plutôt que les collègues absents suivront.
Place Zeus à Montpellier, onze heure. Alors qu’un groupe de paparazzis s’active autour de Jean-Luc Mélenchon, venu tenir un meeting entouré de plusieurs députés le soir même au Corum, on finit de se rassembler pour cette cinquième journée de mobilisation interprofessionnelle et intersyndicale. Ça saute aux yeux : on est bien moins nombreux que lors des éditions précédentes. La CGT revendiquera 12 000 participant.e.s, là où la préfecture en aura compté 7 200. Ce qui reste massif.
Faut-il en conclure à un essoufflement du mouvement contre la réforme des retraites ? Pas si sûr… Dans le cortège, la date du 7 mars, pour laquelle l’intersyndicale nationale promet une mise à l’arrêt du pays (pour une journée, faut pas déconner non plus), semble sur toutes les lèvres. Beaucoup l’assurent : collègues, ami.e.s, membres de l’entourage se réservent pour la journée du 7 mars, après plusieurs journées de grève isolées, ayant valeur de mise en garde pour un gouvernement qui sait pertinemment que sa réforme est rejetée par une immense majorité de français.e.s, et qui n’en a pas grand chose à péter.
C’est donc bien conscients de faire une promenade de santé que les milliers de manifestant.e.s débarquent sur la place de la Comédie, après avoir emprunté l’itinéraire maintenant habituel de ces manifs contre la réforme des retraites (boulevard de Strasbourg, gare Saint-Roch, boulevard du Jeu de Paume, Peyrou, et préfecture).
Mais de la santé, il va en falloir pour le deuxième round de cette lutte contre la réforme des retraites, qui débutera début mars. Lequel devrait voir le conflit social en cours se durcir, à en croire l’intersyndicale nationale, mais aussi l’état d’esprit des manifestant.e.s montpelliérain.e.s du jour, les discussions sur le mouvement avec leur entourage professionnel, amical, familial. Et les actions multiples qu’annonce déjà une CGT locale jusqu’ici peu portée sur les actions en dehors des manifs.
Déjà ce jeudi 16 février, ailleurs que dans l’Hérault, d’assez nombreuses actions de blocage de l’économie ont vu le jour. Nationalement, les objectifs et discours des différents syndicats ne sont pas exactement de la même nature. L’Union Syndicale Solidaires tiens sa ligne de marteler la nécessité d’une grève reconductible de grande ampleur. A la CGT on ménage la chèvre et le chou, en se déchargeant intégralement de la question sur les décisions des assemblées générales de secteur de travailleureuses en lutte. Mais même à la CFDT on parle de mettre le pays à l’arrêt le 7 mars, ne serait-ce que pour une journée.
Il reste donc environ trois semaines, que chacun à sa manière paraît disposé à utiliser au mieux pour frapper fort le 7 mars. Puis le 8, avec une journée internationale des droits des femmes traditionnellement investie par Solidaires, la CGT et la FSU, belle occasion de mettre en valeur les conséquences particulièrement désastreuses des reculs sociaux pour cette masse de femmes condamnées aux emplois précaires, temps partiels imposés et autres jobs à bas salaires.
Pour un printemps de la lutte sociale ?
Retrouvez dès demain plus de détails dans notre reportage réalisé dans la manif montpelliéraine de ce jeudi 16 février.
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