Salle comble à Montpellier pour la conférence sur le consentement
Plus d’une centaine de personnes se sont déplacées hier à l’université de Paul Valéry pour assister à la conférence gesticulée présentée par les Culottées du Bocal. Organisé par la Coordination des Groupes Anarchistes et par le syndicat Solidaires étudiant-e-s, l’événement avait pour but d’aborder sans tabou les thèmes de la culture du viol et du consentement.
La première partie consistait à déconstruire quatre mythes très répandus dans notre société à propos du viol :
1) « Elle l’a bien mérité » : Le 2 mars 2016, l’association Mémoire Traumatique et Victimologie révélait les résultats d’une enquête réalisée avec l’institut Ipsos sur les représentations du viol et des violences sexuelles chez les Français. Les conclusions sont alarmantes : selon cette étude, 27% des sondés pensent que l’auteur d’un viol est moins responsable si la victime portait une tenue sexy. Et si elle était en plus droguée ou alcoolisée, alors elle l’aurait vraiment cherché… Jusqu’à quand allons nous arrêter l’hypocrisie patriarcale qui consiste à dire aux femmes de faire attention à ne pas se faire violer plutôt que de dire aux hommes de ne pas violer ?
2) « Elle a bien aimé » : Toujours selon cette étude, 19% des personnes interrogées considèrent que beaucoup de femmes qui disent « non » à une proposition de relation sexuelle veulent en fait dire « oui » et 21% estiment que les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées lors d’un rapport sexuel. « De toute façon, si elle n’avait pas aimé, elle n’aurait pas mouillé » est un argument ignoble, mais encore très répandu, et notamment utilisé par les policiers pour remettre en cause la parole de la violée. Pourtant, mouiller est un réflexe physiologique qui peut être tout à fait distinct de la notion de plaisir. Et si certaines victimes « se laissent faire », c’est parfois tout simplement par peur, notamment de mourir, et car les crises de tétanie peuvent provoquer des paralysies.
3) « Elle ment/dramatise » : Beaucoup pensent, à commencer par les juges, que seule la pénétration fait le viol. Toujours selon cette étude, 24% des personnes interrogées pensent qu’une fellation ou qu’un acte de pénétration avec le doigt n’est pas un viol. La violence patriarcale, ça consiste aussi à remettre en cause la parole de la victime en lui disant que, certes, elle a subie une agression, mais de là à parler d’un viol, il ne faut tout de même pas exagérer…
4) « C’est pas de notre faute » : La figure dominante du violeur dans notre société, c’est celle d’un psychopathe qui court après sa victime dans une ruelle sombre. Mais ce mythe ne correspond pas à la réalité car dans 80% des cas, les violeurs sont des proches de la victime. De plus, ceux qui violent ne présentent pas forcément des signes pathologiques, mais ça peut être Mr. Tout le Monde, qui décide de passer à l’acte tel jour. Ce passage à l’acte est possible car la société promeut la culture du viol, et c’est donc chacun de nous qui doit faire son auto-critique et se remémorer les actes qu’il a pu commettre et qui ont participé à la culture du viol : baisé volé, proposition très lourde ou chantage affectif pour avoir des rapports sexuels, réaction négative suite à un refus de relation sexuelle, etc.
La seconde partie de la conférence parle de la nécessité d’obtenir le consentement de son amant-e avant d’avoir des relations sexuelles. Le discours sur le consentement est de plus en plus répandu mais dans la réalité, son application reste très limitée : nous ne sommes pas à l’aise pour dire « Est-ce que tu es ok pour qu’on couche ensemble ? », « Si je fais ça, c’est ok pour toi ? », etc. Poser ces questions est encore largement perçu comme « anti-sexy », et se faire refuser ses avances sexuelles est souvent vécu comme une humiliation suprême. Mais c’est précisément parce que nous sommes des novices en la matière que nous n’avons pas encore trouvé les mots et les techniques pour faire en sorte que la demande de consentement soit sexy. Pourtant, dans le cadre d’une relation de consentement épanouie, rien n’est plus beau qu’un « oui »…
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