Scientifiques en rébellion : du constat à l’action

Le Poing Publié le 11 mai 2023 à 09:15 (mis à jour le 11 mai 2023 à 12:26)

«  La science est claire ! »  pouvait-on lire sur les tracts distribués ce mercredi 10 mai devant la BNP Paribas Montpellier Université où le Poing est venu à la rencontre des « scientifiques en rébellion » soutenu par Alternatiba et Extinction Rébellion. Ils étaient une bonne vingtaine de chercheurs, scientifiques (CNRS et de l’INRAE) militants et étudiant en cette fin d’après midi de printemps à dénoncer les agissements « écocidaire » de la firme.

            « Nous venons aujourd’hui apporter une lettre à la direction de la BNP afin qu’elle signe des engagements visant à respecter les accords de Paris » nous explique un membre du collectif, des actions similaires ont eu lieu également dans d’autres villes. Premier financeur d’énergies fossiles en Europe, mais aussi premier financeur de Shell et de BP, la BNP Paribas participe grandement à l’écocide mondial en cour en participant notamment à des projets tels que EACOP*, un projet d’oléoduc de Total en Ouganda et en Tanzanie, qui selon certaines estimations émettra quelques 33 millions de tonnes de CO2 pas an.

            « Il s’agit de mettre la pression sur les décideurs de la BNP Paribas avant leur prochain conseil d’administration  qui aura lieu le 16 Mai prochain », un rendez-vous important pour le collectif car  la banque y présentera son plan climat à ses actionnaires, « des décisions importantes seront prises durant cette journée, nous voulons alerter et dire qu’il est encore temps de changer de direction ».

L’entrée en action de la communauté scientifique

            Une action « goutte d’eau », non spectaculaire, mais marquant ici le passage du constat scientifique à celui de l’action : une nouveauté qui en dit long sur l’état d’esprit de la communauté scientifique face à l’inaction politique. Des scientifiques conscients des enjeux et de la tache immense que représente la lutte contre le réchauffement climatique, mais déterminés à faire face aux multinationales et aux banques dont les intérêts financiers les rendent aveugles.

            Des scientifiques en rébellion qui désormais se mobilisent sur le terrain de la rue et de l’action directe « Nous avons une certaine légitimité à prendre la parole en tant que scientifiques » nous dit Florence chercheuse au CNRS, mais les études d’impacts environnementaux de nos modes de production et autres rapports du GIEC  ne semblent pas avoir de prise sur les décideurs politiques et financiers.

« Apporter du crédit scientifique »

            Désormais les alertes répétés des scientifiques sur la surexploitation des ressources naturelles et leurs conséquences désastreuses pour l’environnement deviennent concrètes : assèchement des rivières et des nappes phréatiques, augmentation des épisodes caniculaires, des feux de forêts, de la pollution des sols sont autant des éléments que tout un chacun peut observer.

La diversité des actions menés par différents collectif et association (Extinction Rébellion, Alternatiba, Les Soulèvements de la terre) encourage l’action non violente et citoyenne de désobéissance civile. L’entrée en lutte sur le terrain des scientifiques apparaît comme une très bonne nouvelle pour renforcer ce mouvement en « crédibilité » de part les profils rencontrés. Une « caution scientifique », de chercheur(e)s travaillant pour des organismes publiques reconnu, qui on l’espère fera reculer les idées nauséabondes d’un Gérald Darmanin qualifiant désormais les militants écologistes « d’éco-terroristes ». Une radicalité du monde scientifique qui se cherche mais qui s’affirme et laisse présager d’autres actions à venir.

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