Sur le haschich, Walter Benjamin
On a aimé …
Sur le haschich de Walter Benjamin (Paris, éd. Christian Bourgeois, 1993).
Textes protocolaires sur la prise de haschich mais aussi de mescaline et de « crock » (comprendre opium), quelquefois co-écrits avec d’autres compères moyennement nets, ils sont publiés dans divers journaux allemands et français entre 1927 et 1935.
Moins moralisateur que Thomas de Quincey et aussi poétique que Henri Michaux, l’auteur s’inscrit dans la tradition poétique des fumistes maudits type Baudelaire et cie, alliant textes mais aussi calligrammes oniriques. Il y décrit notamment ses déambulations nocturnes dans les rues de Marseille, Extrait : « Versailles n’est pas trop grand pour qui a mangé du haschich et l’éternité ne lui est pas trop longue. Et sur fond d’une expérience intérieure aux dimensions immenses, de durée absolue et d’un monde à l’espace illimité, un humour serein, merveilleux qui s’attarde à plaisir aux contingences du monde de l’espace et du temps. »
Allemand anti-nazi, marxiste, grand sensible, copain de Théodore Adorno et de Ernst Bloch, injustement méconnu, Walter Benjamin s’est suicidé à la morphine en 1940, alors qu’il cherchait à fuir la guerre et son lot de persécutions. Déjà la conclusion du recueil laissait entendre que seul un sommeil définitif lui permettrait de retrouver une liberté absolue : « L’état de mort est identique à celui de souveraineté. »
Eva
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