Tensions sur le logement social à Montpellier : une mobilisation pour briser l’attente

Elian Barascud Publié le 17 juin 2025 à 09:48
Le comité pour le droit au logement, soutenu par le Parti des Travailleurs, alerte les autorités concernant les problèmes d'accès aux logements sociaux. (DR)

Malgré des alertes adressées au maire et au préfet, des habitants de Montpellier et de sa Métropole restent sans solution de logement social, des années après avoir réalisé une demande. Une situation que dénonce le comité pour le droit au logement, soutenu par le Parti des Travailleurs

“On n’en peut plus, on veut vivre décemment”, soufflent-elles. Elles s’appellent Louhou, Rajae, Saloua. Le 12 juin dernier, elles étaient devant la mairie de Montpellier puis devant préfecture de l’Hérault avec le comité pour le droit au logement, soutenu par le Parti des Travailleurs, pour que leurs demandes de logement sociaux soient entendues.

“Je suis handicapée, j’ai une fille étudiante à charge, je touche le RSA, 646 euros, et j’ai un loyer de 700 euros avec 300 euros d’APL, c’est impossible, je suis fatiguée moralement”, explique Saloua, 62 ans. Voilà six ans qu’elle demande un logement social auprès des services de la Métropole de Montpellier. En 2022, un logement lui a été proposé, puis la proposition a été retirée quelques jours avant la visite. “C’était à Mauguio, mais j’ai besoin que le logement soit situé à Montpellier car j’ai besoin régulièrement de soins et je n’ai pas de véhicule”, poursuit-elle. Si en 2022, sa situation était considérée comme “urgente” par les services de la Métropole, ce n’est plus le cas en 2025, au regard de son “reste à vivre” par mois, à savoir… moins de 200 euros.

Rajae et Louhou sont voisines. Elles vivent respectivement dans 27m2 avec cinq personnes pour la première, et dans 25m2 avec 3 personnes pour la secondes, au rez-de-chaussée, dans une résidence insalubre aux murs couverts de moisissures. Rajae a déposé une première demande de logement social en 2015. En 2020, les services de la Métropole lui font une proposition de logement, inadaptée selon elle aux besoins de sa famille. Un rapport signé d’un médecin affirme que son fils, souffrant d’asthme, doit à tout prix changer de logement pour sa santé. “On est obligé de vivre un peu dehors, mon fils tousse beaucoup”, confie-t-elle. “Mon mari travaille en tant que saisonnier agricole, les bailleurs privés refusent notre dossier.” Situation similaire pour Louhou, dont les enfants, “qui dorment par terre”, ont des problèmes respiratoires.

Une situation tendue pour le logement social

Michaël Delafosse, maire de Montpellier, et François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, ont déjà reçu des courriers pour les alerter sur ces situations, symptomatiques d’une tension dans le domaine de l’accès au logement social.

A ce titre, le rapport annuel d’activité du service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO 34), publié récemment, fait état de 36 500 demandes de logements sociaux en attente sur la Métropole en 2024, Dont 26 000 demandes pour la seule ville de Montpellier, où le taux d’attribution de logement social est de 1 pour 12,4 demandes. Le SIAO souligne que “Les taux de rotation diminuent, les logements sociaux se libèrent moins vite” et que “L’Hérault est historiquement sous-doté en logement social et en hébergement.” De plus, le rapport évoque le fait que même les personnes prioritaires ont des difficultés à obtenir un logement social.

Des victoires déjà obtenues

“Il y a de l’argent pour les crédits de guerre, mais pas pour loger les gens”, dénonce de son côté le Parti des Travailleurs, à l’origine de ce comité pour le droit au logement. Leur mobilisation collective a déjà payé l’an dernier : Le Poing avait relaté l’histoire d’Annie, montpelliéraine de 78 ans expulsée de son logement qui avait retrouvé un toit grâce à la lutte collective du comité. Comité qui n’en a donc pas fini d’alerter les autorités et solliciter des rendez-vous afin d’obtenir gain de cause.

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