Un village de l’Aveyron se mobilise contre l’installation d’un transformateur électrique géant
Saint-Victor-et-Melvieu, petite bourgade occitane de 350 habitants dans l’Aveyron, résiste depuis plusieurs années contre un projet inutile et imposé : l’installation d’un gigantesque transformateur électrique éolien. Contre l’avis du maire en place et de la population locale, le projet a été jugé d’utilité publique par Nicolas Hulot avant son départ. Les opposants occupent depuis deux semaines le site jour et nuit pour empêcher le lancement des travaux.
Le mythe du capitalisme vert
Ce projet, porté depuis 2009 par l’entreprise Réseau de transport d’électricité (RTE), une filiale d’EDF, est vendu à la population comme un moyen « d’accompagner la transition énergétique » et « d’adapter le réseau de la région Occitanie au développement des énergies renouvelables ».(1) Les opposants, réunis au sein du collectif l’Amassada – l’assemblée en occitan – contestent le caractère écologique du projet : « Les aérogénérateurs sont la solution parfaite pour les multinationales : les crédits carbone qu’elles obtiennent en les construisant leur permettent de se mettre en conformité avec la réglementation internationale sans réduire, et même en augmentant leurs pollutions. Elles engrangent des profits en vendant l’électricité à des tarifs subventionnés, et, cerise sur le gâteau, elles peuvent même revendre à d’autres pollueurs leur surplus de crédits carbone ».(2) Une personne interviewée dans le film Pas Res Nos Arresta, qui revient sur l’histoire de cette lutte, insiste sur le fait que « lorsque l’électricité se diffuse dans les câbles, il y a des déperditions, et le fait que RTE veuille faire monter en tension l’électricité produite par les éoliennes revient d’emblée à nous dire que cette électricité ne sera pas consommée localement ».
Mobilisation, répression, occupation
À la fin de l’année 2014, la cabane de l’Amassada est dressée sur les terres convoitées par RTE. Les opposants s’y donnent rendez-vous chaque samedi pour tisser des liens avec la population et organiser la lutte. D’emblée, ils refusent de participer à l’enquête publique, qu’ils considèrent comme « une mascarade démocratique »(3) et parient plutôt sur la ruse en achetant 2000 m² de terres autour de l’Amassada, divisées en plus de 130 parcelles qui appartiennent à autant de propriétaires – RTE étant obligé de s’adresser à chacun d’entre eux. En janvier 2018, la répression s’abat : une dizaine de militants sont arrêtés par les gendarmes au petit matin et placés en garde à vue, avec des convocations à la clé. Malgré cette démonstration de force, la mobilisation continue et l’Amassada organise en septembre 2018 sa quatrième édition de la Fête du vent avec de la musique, du théâtre et des débats au programme. Une partie des festivaliers ne sont jamais partis : « Des cabanes de guet se construisent dans les cimes, des idées folles émergent, des stratégies se font plus claires ainsi que des bons repas mijotent dans le four chilien. Face à ceux qui veulent détruire nos terres, nous prenons racines. L’Amassada (La Plaine, 12400 Saint-Victor) pourrait être expulsée par les gardes mobiles le 15 novembre. C’est pourquoi nous appelons un maximum de gens à nous rejoindre. »
15 octobre à midi : repas partagé
18 octobre à 18h : partage des nouvelles des réseaux de solidarité contre les frontières dans la vallée de la Roya
24 octobre à 20h : projection du film « Stan et Ulysse »
27 octobre à 14h30 : assemblée d’occupation ouverte à toutes et tous
Sources :
(1) « Sud Aveyron : un nouveau poste électrique pour sécuriser l’alimentation du Nord de l’Occitanie », RTE.
(2) « Plaidoyer contre les éoliennes industrielles », l’Amassada.
(3) « La mascarade de l’enquête publique ou l’urgence de réagir », l’Amassada.
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