Une Europe des agriculteurs-trices en révolte contre le libre-échange, non sans ambiguïtés

Julien Servent Publié le 18 décembre 2025 à 09:46
Le mouvement des agriculteurs-trices grec-ques dure depuis trois semaines, avec une intensité historique. Crédit photo : KKE-Parti Communiste de Grèce

Des agriculteurs-trices de l’Europe entière se donnent rendez-vous jeudi 18 à Bruxelles pour une manifestation géante, alors que l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur pourrait être signé dans la foulée. La révolte européenne de l’hiver 2023-2024 n’est pas retombée. La plupart des pays de l’UE ont connu des manifestations paysannes, ces dernières semaines, mois, ou au cours de l’année 2025. Petit tour d’horizon avec Le Poing

Allemagne : selon le site bhnet.be, des agriculteurs-trices allemand-es ont manifesté lundi 15 décembre dans plusieurs régions du pays pour protester contre les prix jugés trop bas du lait et du beurre. Les manifestant-es ont particulièrement ciblés les centres de distribution du discounter Lidl. La baisse des prix du lait sur les marchés internationaux affecte la rémunération des éleveurs-euses allemand-es. Le Deutscher Bauernverband (DBV, Association des agriculteurs allemands), principal syndicat agricole Outre-Rhin, est très opposé au Mercosur. Pour La France Agricole, ce syndicat cherche à rattraper le mécontentement de sa base tout en continuant de fonctionner au plus près du gouvernement. Le DBV estime qu’il « est urgent de renégocier » cet accord, qui « conduirait à remplacer la production nationale par des importations aux normes du siècle dernier, au détriment des consommateurs, des agriculteurs, des animaux, de l’environnement et du climat ». Le gouvernement allemand est un des fers de lance de l’adoption du traité.

Le pays avait connu une puissante vague de contestation agricole pendant l’hiver 2023-24, en même temps qu’en France. La vague allemande de 2024 avait culminé le 15 janvier, quand des milliers de tracteurs étaient venus paralyser Berlin, pour demander la démission du gouvernement suite à une réduction des subventions au secteur liée aux règles budgétaires de l’Allemagne.

Autriche : des agriculteurs-triches autrichien-nes manifestaient le 28 février 2025 contre le Mercosur, à Prague, en République Tchèque.

Belgique : d’après le média lalibre.be, des agriculteurs-trices manifestaient mercredi 17 décembre à l’aéroport de Liège, à l’appel de la FUGEA et avec la participation de la Confédération Paysanne française. Opposé-es à l’accord UE-Mercosur, les protestataires demandaient aussi une meilleure protection et des prix justes et stables. Ce jeudi 18 décembre, plus de 10 000 personnes et des centaines de tracteurs sont attendus dans les rues de Bruxelles, en provenance de toute l’Europe. Le quartier européen et la petite ceinture de la capitale belge devrait être totalement paralysé.

Mots d’ordre de la manifestation : s’opposer au Mercosur, à une réduction prévue de 34% du montant de la PAC sur le budget 2028-2034. (La France pourrait perdre 16 milliards d’euros, avec une enveloppe ramenée à 50,9 milliards selon les propositions de la Commission européenne.)

Bulgarie : pas de manifestations d’agriculteurs-trices récentes. Mais le pays traverse des événements forts qui font écho à une défiance envers les orientations de l’Union Européenne. À trois semaines de l’entrée de la Bulgarie dans la zone euro, le Premier ministre bulgare Rossen Jeliazkov a annoncé, jeudi 11 décembre, la démission de son gouvernement. Des manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes secouaient le pays depuis fin novembre, lorsque le gouvernement avait tenté de faire voter via une procédure accélérée le budget 2026, le premier libellé en euros. Sur fond d’accusations de corruption, et alors qu’une partie de la population craint une envolée des prix avec l’entrée dans la zone euro.

En février 2024, les principales autoroutes et les postes frontaliers étaient bloquées par des agriculteurs-trices. Iels jugeaient que le soutien du gouvernement ne suffisait pas à compenser les pertes dues à la guerre en Ukraine, aux coûts de production plus élevés, aux conditions climatiques et aux exigences du Green Deal européen.

Chypre : d’après le site Philenews, le pays se prépare à une journée de manifestations des agriculteurs-trices ce jeudi 18 décembre contre la nouvelle politique agricole de l’Union Européenne. Mercredi de nombreux tracteurs étaient déjà positionnés sur le bord de nombreuses routes. Kyriakos Kailas, président de Panagrotic, a déclaré dans un communiqué que la mobilisation de jeudi prendra la forme d’une manifestation pacifique devant la Maison de l’Europe.

Les agriculteurs-trices protestent également contre le non-versement des subventions, principalement destinées aux producteurs de céréales. Également dans le viseur : la flambée des prix de l’électricité et la diminution des ressources en eau. Malgré une aide d’urgence d’un million d’euros pour subventionner les factures d’électricité pour la période allant de juillet 2024 à août 2025 débloquée ces derniers jours, ils préviennent le gouvernement que la situation pourrait s’aggraver si le problème n’est pas résolu.

Espagne : le 16 décembre, l’Unio de Pagesos de Catalunya, principal syndicat agricole catalan, manifestait à Barcelone contre l’extension de Zones de Protection Spéciales des Oiseaux (ZEPA). Mobilisation relayée par le Confédération Paysanne des Pyrénées-Orientales.

Des manifestations d’agriculteurs-trices ont eu lieu au mois de septembre partout en Espagne, après que des rapports économiques aient mis en lumière une forte hausse des importations espagnoles de fruits et légumes en provenance du Maroc. Le 10 février 2025 déjà, des manifestations avaient lieu dans le pays contre le Mercosur.

Les manifestations y avaient été particulièrement importantes de janvier à mars 2024. Un paquet de 43 mesures parmi lesquelles des réformes pour simplifier l’accès aux subventions de la PAC, des mesures fiscales, des crédits à hauteur de 700 millions d’euros ou encore un plan pour faciliter la relève d’une génération à l’autre, signé par deux des quatre principaux syndicats agricoles, avait mis fin au mouvement.

L’Asaja (Asociación Agraria de Jóvenes Agricultores, association des jeunes agriculteurs) qualifie le Mercosur d’accord « dépassé et incohérent ». Le gouvernement de coalition(PSOE-PSC-Sumar ; centre-gauche à gauche) présidé par Pedro Sanchez pousse à l’adoption du traité.

France : la gestion de la crise de la dermatose nodulaire par le gouvernement a mis le feu aux poudres. Pour plus d’explications sur les enjeux de fond de cette mobilisation, lire l’article du Poing à la fin du passage concernant la France.

La Tribune recensait en fin d’après-midi de ce mercredi 17 décembre environ 55 blocages et manifestations. Si le Sud-Ouest est principalement concerné, la mobilisation est aussi suivie plus à l’est, dans l’Aude, l’Hérault et le Gard, et commence à s’étendre vers le nord.

Mardi 16, après deux réunions de crise à Matignon, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard a annoncé une amplification de la vaccination dans dix départements du sud-ouest. 750 000 bovins sont concernés et devraient être vaccinés « dans les semaines qui viennent », a-t-elle promis.

La Coordination Rurale*, la Confédération Paysanne** et le Modef***, les trois syndicats à l’initiative du mouvement en cours, demandent l’arrêt des abattages systématiques des troupeaux dès qu’une bête est malade. La FNSEA**** défend quant à elle le protocole sanitaire du gouvernement. Une vaccination trop large mettrait en péril (temporairement) les exportations de bovins, à cause d’une latence de quatorze mois avant de récupérer le statut « indemne ». La ministre a également annoncé la création d’un fonds de soutien de plus de 10 millions d’euros pour les petit-es éleveurs-euses.

Après un cas détecté dans l’Aude, des négociations appuyées par des blocages qui se poursuivent, l’intégralité du cheptel du département de l’Hérault devrait être vacciné.

Localement et de plus en plus, les syndicats FNSEA**** et Jeunes Agriculteurs**** se joignent aux mobilisations en cours. Parfois sur des mots d’ordre autre que ceux ayant trait à la crise de la dermatose. Mardi 16 décembre, l’ensemble des entrées d’autoroute du Gard étaient bloquées par la FNSEA et les JA. Les deux syndicats s’opposaient au Mercosur (revendication commune à tous les syndicats), demandaient un meilleur accès à l’eau, une réforme des assurances récolte en cas de calamité climatique, l’arrêt des interdictions de pesticides sans solution, un plan de soutien à la filière viticole.

La FNSEA, sous pression depuis que la montée de syndicats plus combatifs la remet en cause, menace de « mouvements beaucoup plus importants » en cas de signature du Mercosur en fin de semaine. L’organisation estime à 5000 le nombre d’agriculteurs-trices français-es qui pourraient se rendre à Bruxelles pour la manifestation de ce jeudi 16 décembre.

Grèce : depuis trois semaines les agriculteurs-trices grec-ques bloquent les axes routiers du pays. Les versements de la PAC ont été suspendues dans le pays après la révélation en mai d’une vaste affaire de détournement de ces fonds. Les éleveurs-euses ovins et caprins sont en première ligne. Le gouvernement n’a pas mené de campagne de vaccination contre la variole ovine, et 450 000 moutons et chèvres ont été abattues depuis le mois d’août 2024. Autre sujet : la dénonciation des accords de libre-échange avec le Mercosur.

La contestation a une ampleur historique. D’après Libération, le 9 décembre, entre 20 et 25 000 tracteurs se répartissaient sur 55 points de blocage. De violents affrontements ont eu lieu entre manifestant-es et forces de l’ordre avec pour enjeu l’occupation de l’aéroport international d’Héraklion en Crète, toujours le 9 décembre. Les importants ports de Volos et de Thessalonique ont aussi été bloqués. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé ces dernières semaines en soutien aux agriculteurs-trices, à Thessalonique ou Athènes, à l’appel de syndicats de salarié-es, d’organisations étudiantes et de partis de gauche.

Les syndicats d’agriculteurs-trices ont rejeté l’invitation du Premier ministre au dialogue lancée pour le lundi 15 décembre, jugeant le versement des aides nécessaire au préalable.

Hongrie : des agriculteurs-triches hongrois-es manifestaient le 28 février 2025 contre le Mercosur, à Prague, en République Tchèque. Nouvelle manifestation transnationale le 8 juillet, à Visegrad, sur le territoire hongrois. Cette nouvelle manifestation visait à réclamer un soutien accru de l’UE à la sécurité alimentaire et hydrique dans le prochain budget à long terme. Elle aura réuni tchèques, polonais-es, slovaques et hongrois-es.

Irlande : un convoi d’agriculteurs-trices en tracteur, parmi lesquel-les le président de l’Irish Farmer’s Association est parti de Dublin le lundi 15 décembre. Objectif : traverser la moitié du pays, prendre un ferry pour Dunkerque et rejoindre la manifestation bruxelloise de ce jeudi 18 décembre. Les principales organisations syndicales agricoles irlandaises s’opposent au Mercosur.

Italie : la Coldiretti (Confederazione nazionale coltivatori diretti, confédération nationale des agriculteurs) a exprimé récemment sa « profonde inquiétude » quant à l’adoption du Mercosur dans une lettre adressée à la Première ministre Giorgia Meloni. Cette dernière viens de rejoindre Macron dans ses réserves (partielles) à l’adoption en l’état du traité avec le Mercosur.

Le 28 janvier 2025, des convois et campements d’agriculteurs-trices étaient installés dans tout le pays. Pour un moratoire pour les entreprises en difficulté, la reconnaissance d’une tarification équitable pour les producteurs-trices, et la réforme de l’Institut des services pour le marché agricole et alimentaire. L’Italie avait elle aussi connu plusieurs semaines de manifestations et blocages agricoles pendant l’hiver 2023-2024.

Le 14 octobre 2025, un drame marquait le pays. Des agriculteurs endettés faisaient exploser leur propriété lors d’une tentative d’expulsion, tuant trois carabiniers.

Lituanie : en juin 2025, le site Delfi évoquait une manifestation de plus d’un millier d’agriculteurs-trices devant le Parlement lituanien (la Lituanie compte moins de 3 millions d’habitant-es) Les manifestant-es demandaient l’équité dans le cadre d’une réforme fiscale prévue, estimant être trop taxé-es. L’Union des jeunes agriculteurs et de la jeunesse de Lituanie avait annoncé qu’elle ne participerait pas au rassemblement, organisé selon elle par les « grands propriétaires terriens cherchant à se soustraire à une imposition équitable. »

Pologne : à la veille de la cérémonie d’investiture de la présidence polonaise de l’UE, le 3 janvier 2025, des agriculteurs-trices polonais ont convergé vers la capitale, Varsovie, pour protester contre les politiques européennes affectant le secteur agricole. Ont été dénoncés : l’accord commercial du Mercosur, le Pacte vert pour l’Europe, l’importation de produits agricoles ukrainiens, la destruction des secteurs forestier et de la pêche polonais et les problèmes de l’économie polonaise.

Les agriculteurs-trices protestataires ont notamment bloqué des routes et des autoroutes et organisé des piquets de grève devant les bâtiments gouvernementaux. Un poste frontière avec l’Ukraine a été ciblé.

Nouvelle manifestation, transnationale celle-ci, le 8 juillet, à Visegrad, sur le territoire hongrois. Cette nouvelle mobilisation visait à réclamer un soutien accru de l’UE à la sécurité alimentaire et hydrique dans le prochain budget à long terme. Elle aura réuni tchèques, polonais-es, slovaques et hongrois-es.

Le 6 septembre de nouveaux postes frontière avec l’Ukraine était bloqués. Depuis la mi-novembre la colère est montée d’un cran. Un mois de manifestation a été lancé, qui culminera avec la mobilisation bruxelloise du 18 décembre. Les agriculteurs-trices sont furieux contre les bas prix d’achat de leurs produits, conjugués à la flambée des coûts et à la concurrence étrangère accrue venant de pays hors UE, notamment d’Ukraine et d’Amérique du Sud. De quoi menacer des exploitations polonaises encore plutôt petites et nombreuses. Les paysan-nes remettent en question le discours gouvernemental sur l’aide à l’Ukraine par l’achat de leur récoltes (l’Ukraine est peut être le pays européens de l’agriculture intensive par excellence, en particulier pour les céréales ; les gigantesques kolkhozes de l’aire soviétique ont été privatisés, et représentent aujourd’hui les plus grandes exploitations céréalières du continent). « Ce combat n’est pas pour les pauvres Ukrainien-nes, il est pour les grandes entreprises et le capital occidental. », déclarait à la presse Jan Wardęga, un agriculteur de Żurawica, en février 2025.

Les principales organisations syndicales agricoles s’opposent au traité de libre-échange. Le gouvernement polonais fait partie de ceux que la France tente de rallier à une opposition (partielle) au traité.

République Tchèque : des agriculteurs-trices slovaques, tchèques, hongrois et auteichiens protestaient le 28 février 2025 dans les rues de Prague, capitale du pays. Dans le viseur : le Mercosur, mais aussi le Green Deal européen ou les importations en franchise de droits en provenance d’Ukraine. Leurs organisations appuyaient sur la nécessité d’un nouvel accord UE-Ukraine garantissant une concurrence loyale.

Nouvelle manifestation transnationale le 8 juillet, à Visegrad, sur le territoire hongrois. Cette nouvelle mobilisation visait à réclamer un soutien accru de l’UE à la sécurité alimentaire et hydrique dans le prochain budget à long terme. Elle aura réuni tchèques, polonais-es, slovaques et hongrois-es.

Roumanie : des transporteurs-teuses et des agriculteurs-trices de tout le pays ont organisé le 12 septembre 2025 des barrages routiers sur les rocades de Bucarest et d’autres villes, notamment pour protester contre l’obligation d’assurance responsabilité civile et exiger le plafonnement de leurs prix. Autres revendications : un « traitement fiscal non discriminatoire des employés du secteur privé en ce qui concerne l’allocation de logement », et l’adoption rapide d’une loi antidumping afin de lutter contre la concurrence déloyale dans tous les secteurs économiques. La Roumanie compte encore 2,8 millions de petites fermes, soit le nombre le plus élevé du continent

Slovaquie : des agriculteurs-trices slovaques manifestaient le 28 février 2025 contre le Mercosur, à Prague, en République Tchèque. Nouvelle manifestation transnationale le 8 juillet, à Visegrad, sur le territoire hongrois. Cette nouvelle mobilisation visait à réclamer un soutien accru de l’UE à la sécurité alimentaire et hydrique dans le prochain budget à long terme. Elle aura réuni tchèques, polonais-es, slovaques et hongrois-es.

Slovénie : environ 5 000 agriculteurs-trices slovènes ont défilé le 13 septembre dans les rues à bord de leurs tracteurs dans près d’une vingtaine de villes et de villages pour protester contre des restrictions environnementales qui selon eux rendent leur travail quasi-impossible.

*La Coordination Rurale est le second syndicat d’agriculteurs-trices, regroupant des petits et moyens exploitant-es en situation de fragilité sur le marché des filières de l’agro alimentaire. Elle est très critique du syndicat majoritaire, la FNSEA. De plus en plus de ses cadres affichent leur proximité avec l’extrême-droite, même si certains de ses membres peuvent être critiques envers ce camp politique. Le syndicat tend à radicaliser sa ligne anti-écolo, dans un contexte où le monde paysan se trouve de plus en plus pris en tenaille entre les aspirations écologiques de la société civile et la crise agricole. Non sans nuances. Serge Zaka, docteur et chercheur en agroclimatologie auquel le média écologiste Reporterre consacrait un portrait en mars 2023, est régulièrement l’invité de discussions organisées par des sections locales de la CR. La CR34 et les membres du parti Les Écologistes se retrouvaient fin juillet pour une discussion sur les enjeux agricoles. Avec des points d’accord, en matière de rejet des mégas-bassines, de lutte contre la bétonisation, de distribution des aides de la PAC, dans la foulée d’actions virulentes menées par le syndicat après des propos de Sandrine Rousseau jugés provocateurs « J’en ai rien à péter de la rentabilité des agriculteurs. », avait déclaré cette dernière interrogée à propos de la loi Duplomb visant à réduire les contraintes réglementaires des agriculteurs-trices, entre autres pour l’usage de pesticides, adoptée le 8 juillet 2025

**Troisième syndicat agricole, classé à gauche, qui organise des petit-es et moyen-nes exploitant-es, avec une bonne proportion d’exploitant-es en reconversion, souvent attiré-es par la très forte identité agro-écologique mise en avant par l’organisation.

***Le Mouvement de défense des exploitant-es familiaux, ou Modef, classé à gauche, syndique principalement des petit-es agriculteurs-trices, quel que soit leur mode de production. Tout en défendant une transition écologique. Le syndicat est aujourd’hui affaibli, en dehors de quelques bastions comme les Landes, la Martinique ou la Guadeloupe.

****La FNSEA est le principal syndicat agricole, et revendique 212 000 adhérents-es sur 400 000 exploitant-es. Plus 50 000 chez les Jeunes Agriculteurs, son « antichambre » qui regroupe les moins de 35 ans. Les Jeunes Agriculteurs peuvent suivre une ligne autonome. En 2019 ils remportaient la Chambre d’Agriculture de Guadeloupe avec le Modef, contre la FNSEA. En 2025 sa section corse avait envisagé une alliance avec la Coordination Rurale. La FNSEA syndique des exploitant-es de toutes tailles, inséré-es dans les filières agro-alimentaire, mais défend en priorité les intérêts des plus gros-ses. Ce qui est très visible dans sa défense d’une attribution des aides de la PAC à l’hectare plutôt qu’à l’exploitant-e. La FNSEA peux parfois défendre les intérêts des petits et moyens exploitant-es, tant que cette défense ne rentre pas en contradiction avec les intérêts de l’agro-industrie. Elle est dirigée par Arnaud Rousseau, à la tête d’une immense exploitation agricole de plus de 700 hectares. L’homme est aussi président du groupe agro-industriel Avril, qui regroupe Lesieur, Puget. Il est actif dans l’alimentation des animaux d’élevage, les agrocarburants ou encore la chimie des huiles et protéines végétales, et président du Conseil d’Administration de Sofiprotéol, qui finance des crédits aux agriculteurs.trices. La FNSEA est une organisation tentaculaire sans équivalent en dehors de l’agriculture. Elle a un contrôle sur une bonne partie de la presse spécialisée. Elle fournit des services à ses adhérent-es, et est présente dans de nombreux organismes encadrant le monde agricole, comme le Crédit Agricole ou la Sécurité Sociale agricole, la MSA. Si bien qu’on peut y adhérer sur une logique d’un « il vaut mieux en être ».

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