Vacciné, je suis opposé au pass sanitaire. Voici pourquoi.

Le Poing Publié le 13 juillet 2021 à 15:13 (mis à jour le 13 juillet 2021 à 15:18)
Vaccin (image d'illustration)

ANNONCES DE MACRON – ET MAINTENANT ? Une tribune qui, avec un peu de chance, parviendra à fâcher tout le monde.

Je suis vacciné, une dose. J’attends la deuxième. Je ne suis pas à risque, mais je fréquente des personnes qui le sont. Je ne l’ai pas fait pour moi ni pour mon confort personnel (mais si ça m’aide à pouvoir voyager et enfin revoir mon frangin, tant mieux). Je l’ai fait parce que je pense, après avoir fait des recherches et écouté des scientifiques de confiance, que c’est la meilleure arme en notre possession immédiate pour briser les chaînes de contamination et envisager de sortir de cette épidémie. Je dis bien « en notre possession immédiate », car il y a bien d’autres armes, la principale étant de sortir de notre modèle de production, de consommation et d’échanges pour se diriger vers un modèle éco-socialiste, démocratique et harmonieux. Sans cela, nous continuerons de vivre en Pandémie généralisée, sous le régime chaotique de l’instabilité et de l’arbitraire.

Je ne suis pas un mouton. Je lis beaucoup, je pense, je réfléchis. Je n’ai plus de télévision depuis que Nicolas Sarkozy était président. Depuis que mon esprit d’adulte s’est formé, je lis une presse que je considère dissidente – mais vraiment dissidente, pas comme ces pseudo-médias d’extrême-droite qui diffusent sciemment des choses fausses ou tronquées pour servir leur putride vision du monde. Une presse critique, méthodique et sérieuse. Ainsi, sur des sujets aussi complexes que la science, des sujets que je ne maîtrise pas, je me tourne vers elle ainsi que vers d’autres figures à qui j’accorde ma confiance et qui m’aident à démêler les fils d’une actualité si embrouillée.

Il y a encore des incertitudes sur les vaccins, il serait absurde de le nier. Cependant, il y a suffisamment de données disponibles, et de gens sérieux pour les traiter et les commenter sans soupçonner qu’ils travaillent pour le Pouvoir, pour prendre une position suffisamment éclairée. Pourquoi, quand le gourou Raoult vendait sa chloroquine sans aucune étude rigoureuse pour appuyer ses dires étiez-vous si nombreux à le suivre si, maintenant qu’il y a plusieurs vaccins et de nombreuses personnes vaccinées qui fournissent des statistiques incontestables, vous refusez de participer à ce que vous appelez « une expérimentation à grande échelle » ?

Le monde dans lequel nous vivons, et la France particulièrement, s’est Thatcherisé. Margaret Thatcher, grande copine de Pinochet et de Hayek et modèle parmi les modèles de Macron, l’avait dit : « il n’y a pas de société, il n’y a que des individus ». J’observe dans la pseudo-dissidence sanitaire ce même travers. « Pourquoi me vacciner, je n’en ai pas besoin ». « Pourquoi devrais-je porter le masque, ça m’est désagréable ».Etc. Je ne veux pas dire qu’il ne faut pas critiquer et interroger chaque consigne gouvernementale – j’ai par exemple ignoré le couvre-feu, je n’ai porté le masque en extérieur que lorsque je croisais la police ou que les rues étaient blindées, et j’ai rusé sur mes absurdes attestations de sortie, comme beaucoup. Je remarque simplement qu’il y en a qui sont contre tout, toujours. Il ne faut pas faire ci, il ne faut pas faire ça. En fait, il faudrait ne rien faire (même si on ne se prive jamais d’accuser le gouvernement de ne pas en faire assez, cherchez la logique). Certains pensent qu’on devrait laisser filer les choses (« l’épidémie n’existe pas »), d’autres assument une position encore pire : laissons crever les vieux et les fragiles. Là encore, la pensée d’extrême-droite dopée par l’extrême-centre ultra-néolibéral de Macron a instillé son venin en notre sein.
Je suis pour la vaccination, rapide, massive. Ceci étant dit, je suis contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire. Je sais que l’équation d’un pays comme le nôtre, qui contient autant de caractères que de fromages comme disait De Gaulle, est particulièrement difficile à résoudre, et qu’on ne pourra pas contenter tout le monde. Je n’ai pas de solution facile à opposer. Seulement quelques principes auxquels je me tiens attaché, comme à la corde qui empêche de basculer dans le précipice.
La France est engagée sur une pente autoritaire et fascisante. Plus besoin de le détailler, vous êtes au courant. L’idée d’instaurer un droit à deux vitesses en fonction de l’état de santé (supposé) des citoyens me glace le sang. La France n’est-elle pas supposée être une et indivisible ? Je me rappelle encore que Jean-Marie Le Pen proposait jadis d’enfermer les malades du sida dans des établissements spéciaux (les « sidatoriums ») pour, prétendument, protéger les autres de la contagion.

C’est aujourd’hui que nous devons construire les garde-fous de demain. Ce que nous mettons en œuvre maintenant, dans la frénésie et les passions d’un moment de grande souffrance collective, nous poursuivra après. François Hollande n’a jamais abrogé l’état d’urgence antiterroriste : Macron l’a traduit dans la loi ordinaire. Que pensez-vous qu’il adviendra de l’état d’urgence sanitaire ? Surtout lorsque l’on voit la course à l’échalote des candidats déclarés à l’élection présidentielle sur tous les sujets dits de « sécurité ». 50 nuances de brun.

Oui, mais pourtant, il faut bien vacciner, il faut bien sortir de cette épidémie.

C’est vrai. Mon esprit démocrate, qui croit en la souveraineté populaire, aurait aimé que les grands choix qui se présentent à nous soient décidés de manière démocratique – avec, par exemple, une convention citoyenne sanitaire tirée au sort, dont les travaux finaux auraient été soumis à un référendum. A défaut, il aurait pu y avoir une volonté, au sommet du pouvoir, d’organiser un vrai débat démocratique transpartisan au parlement plutôt que de se réfugier sans cesse derrière le secret de ses « conseils de défense ». On aurait pu aussi mettre en œuvre d’autres façons de contrer l’épidémie, comme la stratégie « zéro covid ». De même, je constate que le débat sur les autres traitements (peut-être moins rentables ?) que le vaccin semble avoir disparu des radars. Merci à Raoult et sa clique d’avoir autant fait diversion et semé la confusion à tous les étages. Vous aussi, vous êtes responsables de cette situation. Nous sommes responsables de ce qu’on laisse faire.

La situation que nous vivons découle de choix politiques. La troisième vague était annoncée par tous les modèles dès janvier. Mais l’épidémiologiste du dimanche qui squatte à l’Elysée n’a rien voulu entendre, et vous connaissez la suite. La quatrième s’annonce désormais. Nous parle-t-on d’engager plus de personnels soignants, de mieux les former et les payer, de mieux les doter en matériel et d’ouvrir des lits d’hôpitaux ? Bah non, ça coûte de l’argent, vous comprenez ma petite dame, la 6e puissance économique du monde ne peut pas se le permettre, elle a des LBD à acheter !… Et les ‘premiers de cordée’ (comprendre : les premiers qui finiront pendus), qui ont volé leur fortune aux travailleurs exploités, sont trop occupés à construire leurs bunkers au nord, coloniser Mars ou faire du tourisme spatial pour mettre la main à la poche. Le moment venu, nous ne les taxerons pas. Nous les plumerons. Nous les exproprierons.

Il faudrait vacciner d’urgence les personnels soignants et les métiers exposés au public, dont les profs. Très bien. Pourquoi ne pas le faire sur la base du volontariat, en leur offrant une prime exceptionnelle ? Dans ce pays, il suffit que des syndicalistes factieux de police aillent faire ouin-ouin en direct sur BFM-TV pour que toute la profession reçoive primes et augmentations de salaire, sans parler de leurs nouvelles voitures super moches. Pour eux la carotte, pour les autres le bâton. Mais avec des applaudissements à 20h, alors tout va bien.

Je suis pour manier la carotte avant le bâton. Les gens ont des doutes quant à l’utilité de la vaccination ? Ce n’est pas en les traitant de crétins qu’on les convaincra, mais en organisant un véritable débat ouvert, transparent et pluraliste. Il conviendrait donc de confisquer les grands médias à leurs actionnaires et de les restituer à leurs journalistes, sous un véritable contrôle citoyen (exit le CSA). De même, de nombreuses personnes sont critiques des bénéfices indécents que l’industrie pharmaceutique génère grâce à l’épidémie. Le combat pour la levée des brevets des vaccins et la nationalisation de la recherche scientifique (sous contrôle des concernés et des citoyens, pas de l’Etat) est donc fondamental, d’autant qu’il permettrait de résoudre un autre problème majeur : il n’y a pas que les français qui ont besoin d’être vaccinés massivement et rapidement ; c’est le monde entier qui est concerné, et notamment les pays pauvres. Sinon le virus continuera de se répandre et de muter, et il faudra continuer les campagnes de vaccination ad nauseam.

Débat véritablement démocratique (sur tous les sujets : gestion gouvernementale, vaccins, traitements, stratégies de confinements, etc.) et incitations financières – voilà les outils auxquels je crois.

Mais je sais bien qu’il est tard et que nous sommes saisis par l’urgence. Ce n’est pas comme si tout ceci avait commencé à la fin de l’année 2019 et que nous avions eu tout le temps du monde pour y réfléchir. J’ai l’impression d’être dans le bus fou du film « Speed », propulsé à toute vitesse sur l’autoroute, qui exploserait s’il freinait ne serait-ce qu’un tout petit peu.
Les annonces d’hier sont une douche froide pour moi. Je suis vacciné, mais je ne pourrai plus faire grand-chose. C’est un choix. Un choix de principe que j’essaierai de tenir au maximum, même si les contraintes de la vie feront peut-être que je devrai m’y plier à certains moments.

Surtout, l’essentiel du discours était ailleurs. Pendant que les zozos iront demain dans la rue crier à la dictature sanitaire en bavant la propagande des fascistes de RéinfoCovid, ils feront écran au véritable discours de Macron : la guerre sociale est de retour. Mort aux pauvres, et que les autres rentrent dans le rang. Moi, si je vais dans la rue demain, ce sera pour exiger l’expropriation du grand capital, la mise en œuvre de politiques collectivistes ambitieuses pour contrer l’épidémie et, surtout, SURTOUT, le dérèglement climatique. Parce que pendant que la planète flambe et que les badauds se divisent entre bons citoyens qui obéissent aux règles et les autres, qui se prennent pour Jean Moulin parce qu’ils ne portent pas un bout de tissu sur la figure, le business continue et la catastrophe s’aggrave.

Je dois l’avouer, je suis extrêmement pessimiste et découragé. La saturation du débat par les pro-ceci et les anti-cela, avec au centre le cynisme répugnant des agents de la bourgeoisie, me flingue. Car je sais d’avance que l’élection présidentielle – une parodie de démocratie, certes, mais qui pourrait permettre d’avoir ces grandes discussions collectives – se jouera sur le burkini et les youyous dans les mariages, et que nombre des « dissidents » iront voter pour des psychopathes dégénérés ou des Macrons repeints en vert ou en rose, qui poursuivront ces sempiternelles politiques.

Pour finir sur une note d’espoir, il est 10h48 au moment où je finis de rédiger ce statut. Ça veut dire qu’il est environ 17h en Chine, où tout ce bazar a commencé (ce bazar a en réalité commencé avec l’accumulation primitive du capital, il y a de nombreux siècles). Une heure décente pour se taper une cuite au whisky, non ? J’irai donc à la manif demain -probablement en gueule de bois-, mais sans me tromper de combat ni de revendications.

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