Montpellier : encore du béton sur le Lez
Une pétition recueille 2 300 signatures contre un nouveau projet immobilier en face de Port-Marianne.
Au sud de la nouvelle mairie de Montpellier, au bord des quartiers Le Mas – La Rauze, de discrètes zones préservées continuent de border la rive droite du Lez. Ici les rues se terminent en impasse, les enfants jouent sur l’herbe rase, les arbres dispensent leur ombre, et le stationnement n’est pas un casse-tête. On y trouve un côté village gaulois, narguant les bastides de béton de Port-Marianne sur la rive d’en face.
Cela pourra-t-il durer ? Sans doute pas, craignent des riverains du secteur Acconiers Sud. Sur un hectare, deux de quatre terrains construits de bâtisses privées ont déjà été préemptés par la ville. Peut-être déjà un troisième. Ne resterait plus qu’un quatrième, et deux autres bandes non bâties, pour accueillir un projet à hauteur de sept, huit ou neuf étages, pour cent trente à cent cinquante logements nouveaux.
Pour moitié, cette bande de terre est en zone inondable, mais de celles que des aménagements particuliers (constructions sur pilotis, drainages, bassins déversoirs) sont susceptibles de rendre néanmoins constructibles, surtout si la très prochaine révision des Plans de prévention des risques inondations, et Plan local d’urbanisme, se montrent opportunément compréhenfis.
Les riverains concernés ont été alertés par la réalisation d’une étude de faisabilité du projet. Ils ont collecté 1 700 signatures d’opposants via change.org, et 500 sur le terrain, lorsqu’une édition de la Zone artistique temporaire eut la délicieuse idée de diriger un grand nombre de badauds vers ce secteur encore bucolique. Ils ont adressé un courrier en mairie dans l’espoir de remettre ces signatures à qui de droit. Il leur fut opposé qu’une étude préalable ne suffit pas à dire qu’un projet va se réaliser.
D’où leur crainte de se laisser mener en bateau. En conférence de presse vendredi 7 décembre, ces habitants se sont montrés fort bien informés des risques qu’il y aurait à attendre qu’une enquête publique survienne quand le projet serait déjà complètement ficelé, pour n’émettre qu’un avis, généralement favorable, et de toute façon purement consultatif. Saine prudence.
Plusieurs organisations environnementalistes s’étaient jointes à ce rendez-vous, telles la Fédération France Nature Environnement ou Eau – Secours 34. Toutes ont insisté sur les risques qu’il y a à accentuer la pression sur les rives du Lez, perturber ses modalités naturelles d’écoulement, dans un contexte de réchauffement climatique et de montée des eaux de mer, laissant craindre des scénarios de plus en plus catastrophiques pour les populations en aval de Montpellier.
Gérard Mayen
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