10 ans après un 1er attentat, et peu après celui de la rue d’Enghien, manif des kurdes à Paris le 7 janvier

Le Poing Publié le 26 décembre 2022 à 11:49 (mis à jour le 26 décembre 2022 à 11:53)
Manif de la gauche kurde à Montpellier. Image d'illustration.

Comme chaque année, les organisations de gauche de la diaspora kurde en France appellent avec de nombreuses formations politiques françaises et des syndicats à un rassemblement à Paris le 7 janvier, 11h gare du Nord, pour commémorer l’assassinat de trois militantes kurdes dans les rues du 10ème arrondissement en janvier 2013, et demander à ce que l’État donne les moyens à l’enquête d’avancer. Cette année l’événement prend une coloration toute particulière, deux semaines après un nouvel attentat qui a tué trois militants kurdes.

Sakine Cansiz, Fidan Dogan, Leyla Saylemez : le nom des trois militantes de la gauche kurde retrouvées mortes dans les locaux du Centre d’information du Kurdistan, à Paris, le mercredi 9 janvier 2013.

L’auteur présumé de ces assassinats, Omer Güney, d’origine turque, a été renvoyé devant la cour d’assises spéciale de Paris. Mais l’homme est mort d’une tumeur cérébrale en décembre 2016, pendant sa détention provisoire, alors que son procès n’avait pas encore eu lieu. L’enquête judiciaire en France, toujours en cours, avait relevé « l’implication » de membres des services secrets turcs, sans désigner de commanditaires. Alors que les relations entre les services secrets turcs et la DGSI française (Direction Générale de la Sécurité Intérieure) sont au beau fixe, la juge d’instruction en charge du dossier a demandé, sans succès, une levée du secret-défense pour éclaircir le rôle des services turcs.

De quoi mieux comprendre la colère de la communauté kurde, après un second attentat contre un centre culturel kurde rue d’Enghien le 23 décembre 2022, qui a coûté la vie à trois autres militants. « On a combattu Daesh pour que vous puissiez dormir tranquilles ici, et on échoue à nous protéger, deux fois en dix ans. Nous surveiller ça ils savent faire vos flics par contre », s’insurgeait un kurde interviewé pendant la manifestation parisienne du samedi 24 décembre. Emine Kara, l’une des trois victimes de l’attentat du 23 décembre, était selon Berivan Firat, porte-parole des relations extérieures du Centre Démocratique Kurde de France, venue en France après avoir été blessée au combat contre Daesh. Et le fait est que les militants kurdes peuvent être l’objet de surveillance de la part de la DGSI française, puisque le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan, une des principales organisations de la gauche kurde), est encore sur la liste des organisations terroristes en Union Européenne et aux États-Unis.

Si la piste d’une simple tuerie raciste, sans commanditaire, est privilégiée par les autorités françaises en ce qui concerne les événements du 23 décembre, le Centre Démocratique Kurde en France interroge la piste d’un attentat piloté par les services secrets turcs. Et demande quoiqu’il en soit, une meilleure protection de la communauté kurde sur le sol français, la saisie du Parquet National Anti-Terroriste en ce qui concerne l’attentat du 23 décembre, la levée du secret-défense pour permettre de faire toute la lumière sur l’attentat de 2013, l’arrêt des coopérations entre renseignements français et turcs, et le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes.

La manifestation parisienne du 24 décembre a donné lieu à de violents affrontements, après des provocations de membres des Loups Gris, une organisation ultra-nationaliste turque proche d’Erdogan, et l’intervention de la police. Un kurde a été gravement blessé à l’arcade sourcilière par un projectile policier. Pendant qu’à Marseille la police chargeait gratuitement un défilé pacifique organisé le 23, provoquant là aussi des affrontements le jour même et le 24 décembre, aux cris de « Erdogan assassin, Macron complice. » Et des manifs plus calmes ont eu lieu dans de nombreuses villes de France. Le Conseil démocratique kurde en France a appelé au calme, tout en déclarant comprendre l’immense colère qui s ‘exprime. Le fait est que les affrontements ont suscité beaucoup d’incompréhensions sur les réseaux sociaux, auprès d’une opinion publique française peu avertie du contexte.

Le Conseil démocratique kurde en France a lancé un appel au rassemblement rue d’Enghien à Paris ce lundi 26 décembre en hommage aux trois victimes du 23 décembre, alors que le tireur présumé du 23 décembre doit être présenté devant un juge d’instruction. Et la traditionnelle manif-comméroration de l’assassinat de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez en 2013, organisée le samedi 7 janiver à 11h gare du Nord pour permettre plus facilement aux volontaires de faire le déplacement, et qui connaîtra certainement des répliques en région, aura cette année une signification toute particulière. 

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