“171 ans de colonisation” : la diaspora Kanak montpelliéraine marche pour l’indépendance

Elian Barascud Publié le 24 septembre 2024 à 22:27
la diaspora kanak et ses soutiens manifestent en silence pour marquer les 171 ans de la colonisation de la Kanaky par la France. ("Le Poing")

Ce mardi 24 septembre, la diaspora kanak montpelliéraine et ses soutiens ont manifesté en silence pour marquer les 171 ans de la colonisation de la Kanaky par la France. Ils demandent l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, le rejet définitif du projet de dégel électoral et la libération de leurs prisonniers politiques

“Le 24 septembre 1853, la France prenait le pouvoir par la force en Kanaky”, scande Trésor, calédonien de Montpellier très impliqué dans les manifestations de soutien à la Kanaky depuis mai dernier, sur la Place de la Comédie. “En 2004, le pouvoir a rebaptisé ce jour la fête de la citoyenneté, mais nous sommes toujours un pays colonisé. Aujourd’hui, nous sommes là pour marquer ensemble cette date et demander l’indépendance.” Dans l’assistance, kanak montpelliérains et militants politiques locaux (NPA, Révolution Permanente, soutiens à la Palestine…), écoutent attentivement.

“On nous arraché notre humanité ce jour-là”, poursuit Daniel, un autre militant de la cause kanak. “On nous a enfermé dans des réserves jusqu’au milieu du XXe siècle. La réalité coloniale existe toujours : à Saint-Louis [nom d’une localité proche de Nouméa et également le nom donné à une tribu, ndlr], il faut encore montrer sa carte d’identité pour rentrer et sortir du village”, souffle-t-il.

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Alors que la manifestation démarre en silence, pour “commémorer les morts de la répression” [deux hommes ont été tués par balles par la police dans la nuit du 17 au 18 septembre à Saint-Louis, portant à 13 le nombre de morts depuis le soulèvement de mai dernier contre le dégel du corps électoral, ndlr], Daniel poursuit : “Sept de nos responsables politiques indépendantistes ont été emprisonnés en France. De plus, des prisonniers de droit commun de Nouvelle-Calédonie ont été transféré dans des prisons françaises pour faire de la place chez nous. C’est pour cela qu’on demande aujourd’hui leur libération, en plus de l’indépendance et du retrait définitif du projet du dégel du corps électoral. Nous sommes pour ce que j’appelle un nationalisme inclusif, et non exclusif ; chez nous, l’indépendance ne veut pas dire chasser les autres, c’est apprendre à vivre ensemble avec tous ceux qui ont construits le pays, comme les descendants de bagnards français, par exemple…”

Dans le cortège, on croise aussi Mémé* (prénom modifié à sa demande). Elle est étudiante à Montpellier, et est venue avec des amis à elle, kanak eux aussi. “Même de loin, on soutient le pays. On est aussi là pour dénoncer le fait que des étudiants kanak en France n’ont pas encore touché leur bourse et leur aide à l’installation”, explique-t-elle. Après leur études, ils comptent “rentrer au pays”, mais déplorent le fait que “les postes à responsabilités soient réservés aux colons”.

La manifestation s’est ensuite dispersée dans le calme au niveau de la place de la Comédie.

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