72h de garde à vue pour un parapluie, l’état policier en plein délire

Le Poing Publié le 18 décembre 2020 à 03:57
Manifestation du personnel soignant, Paris, le 16 juin 2020 (crédits : Samuel Clauzier).

La gilet jaune Moun a subi trois jours de garde à vue pour… une parapluie multicolore. Arrêtée le 12 décembre à Paris lors de la manifestation contre la loi “sécurité globale“, elle est accusée de donner le top-départ aux casseurs avec son parapluie. Du délire.Un photographe collaborant au Poing a croisé sa route. Nous reproduisons sa lettre :

« Salut Moun. On ne se connaît pas, je n’ai même pas eu l’occasion de te parler. Pourtant je t’ai vu, tellement de fois. Comme ce 16 juin 2020, à la manifestation du personnel soignant où tu es passée devant mon objectif. Tu as été arrêtée ce samedi 12 décembre en participant à la manifestation contre la loi de sécurité globale. Depuis plusieurs jours, tu fais l’objet d’un délire étatico-médiatique absolument abjecte : de BFM aux enquêteurs en passant par Le Figaro, tu serais “la meneuse du black block“, déclenchant les émeutes à l’aide de ton parapluie couleur arc-en-ciel. Quelles conneries. Quel écœurement. Quelle indécence. Pas uns de ces vautours télévisuels ne sait de quoi il parle. Je me souviens de toi et de ton parapluie, durant cette journée du 16 juin. J’en ai vu des violents, mais toi tu n’étais pas de ceux-là. Il ne s’agit pas de juger telle ou telle modalité d’action politique, c’est un choix subjectif qui appartient à chacun. Je me souviens juste de toi et de ton parapluie, au milieu du chaos. Tu le tenais fermement, malgré les gaz, les explosions et les hurlements. Un rayon de couleur dans un océan de noirceur. C’est ton combat, ton choix et tes valeurs : ramener des couleurs là où la lumière disparaît. Aux dernières nouvelles tu viens d’être libérée, j’espère que tu vas pouvoir te remettre. Reprendre des forces, voir du monde, et ne pas écouter les sirènes médiatiques. Les gens savent qui tu es, et pourquoi tu te bas.À défaut de répondre politiquement aux demandes légitimes de la population, le gouvernement terrorise. Pour que la terreur advienne, il faut faire des exemples. Aujourd’hui une bataille qui semble perdue. Mais de telles réactions en disent long sur le niveau d’apeurement des puissants. Ils sont frileux, ils ont peur. Chacune de leurs décisions transpire la crainte et la panique. Le bateau prend l’eau de toute part, mais n’oubliez jamais : le peuple est prêt à l’abordage. »

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