Pluie, char et gilets jaunes : retour sur la manifestation du 15 décembre à Montpellier

Le Poing Publié le 16 décembre 2018 à 20:33 (mis à jour le 25 février 2019 à 18:15)

Malgré la pluie, plus de 1500 personnes ont manifesté dans le centre ville de Montpellier hier après-midi pour « l’acte V » des gilets jaunes. Notre médic’ habituel, plus inutile que jamais, vous fait le poing…

14h, rassemblement sur la Comédie

Arrivé sur la Comédie, ce que je vois me paraît assez similaire à la semaine dernière. Des drapeaux français côtoient des drapeaux rouges, la faune est hétéroclite et l’ambiance est calme. Mais cette fois-ci, il y a de nombreuses pancartes en faveur du RIC (comprenez référendum d’initiative populaire) et surtout, un superbe char fabriqué par les étudiant·e·s des beaux-arts, qui occupent leur école depuis mercredi. Sur celui-ci trône un jeune homme qui agite un immense drapeau jaune pendant que ses collègues distribuent des pancartes jaunes fluo qui ne demandent qu’à se faire écrire dessus. Les mots « enculé » et « enculeur » fleurissent, tandis qu’un petit groupe parvient à faire barrer le mot « pute » d’une pancarte, qui sera finalement abandonné au sol et piétiné par les manifestant·e·s, partis en direction de la préfecture. La banderole « Macron, pute à finance, pute à caca, enculeur du peuple » restera dans les annales… Mon slogan préféré : « Macron t’es vilain ». Simple et efficace, sans être grossier ni masculiniste, c’était pas gagné.

15H, petit tour de la ville

À la préfecture, les manifestant·e·s s’égosillent en slogans anticapitalistes : « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société-là, on n’en veut pas », ou « Macron, t’es foutu, les fainéants sont dans la rue ». L’étudiant des beaux-arts perché sur son char jette des confettis pour parfaire la scène. Le cortège s’élance ensuite jusqu’au Peyrou, où une petite partie des manifestant·e·s bifurque dans la rue Clapiès, en direction du tribunal de grande instance. Un pétard explose devant une vitre du tribunal, et une centaine de personnes se massent devant l’entrée en scandant « justice de classe, justice bourgeoise », sous le regard d’un vieux qui s’empresse de hurler « Les gilets jaunes, faut y aller, ici c’est les casseurs ! ». Je ne peux pas m’empêcher de rire. La populace fait vite demi-tour et part rejoindre le reste du cortège sur le faubourg du Courreau. Cette fois-ci, l’Internationale résonne, reprise par beaucoup plus de monde que la dernière fois. Après un bref arrêt à la gare, sous le regard de la BAC et des CRS qui nous filment allègrement, le cortège repart vers la Comédie.

16h, stagnation

De retour à la Comédie, le mouvement s’étiole. Les étudiants des beaux-arts ramènent leur char à leur école (la police leur aurait même gentiment proposé de les raccompagner), une partie des gilets jaunes stagnent sur la place tandis qu’un groupe plus déter’ remonte sur la préfecture. Je décide de les suivre au cas où, comme la semaine dernière, des lacrymos seraient balancées. Les CRS sont posés au même endroit que la semaine dernière, à croire qu’ils n’ont pas bougé ! Plusieurs voix appellent à aller devant le centre commercial du Polygone, d’autres répondent que c’est plus pertinent de rester devant la préfecture car c’est là que le pouvoir de l’État s’exerce au niveau local, d’autres encore appellent les gens à aller soutenir les gilets jaunes de St Jean de Védas qui se font gazer. Bref, c’est le bordel.

Mes camarades et moi redescendons donc vers la Comédie. Plusieurs gilets jaunes ont déjà réussi à faire fermer les grilles du Polygone, cet affreux temple du grand capital. « Un samedi après-midi proche de Noël, voilà qui va en faire chier pas mal ! » commente une camarade. Plusieurs voitures de flics descendent de la rue de la Loge, on craint vite une nasse, mais les condés se garent finalement au niveau du commissariat de la Comédie… « Ils vont faire une pause clope ! » ironise quelqu’un à coté de moi. Une autre équipe de flics gardent les grilles closes du Polygone, dès fois qu’elles s’échapperaient. La foule se dissipe, le fluo se fait rare, je décide de rentrer.

Bilan

L’ambiance était plus festive que la semaine dernière (big-up au char des beaux-arts), et les slogans sociaux sont restés prédominants. Il y avait moins de monde que la semaine dernière, mais la détermination est toujours là. Les fêtes de Noël vont-elles affaiblir le mouvement ? Réponse samedi prochain…

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