Béziers. Gilets jaunes, acte XV : blocage économique à la base Intermarché

Le Poing Publié le 18 février 2019 à 11:24 (mis à jour le 26 février 2019 à 11:26)
Quand j’arrive sur la base Intermarché de Béziers, ce samedi 16 février vers 13h30, il n’y a encore pas grand monde. Trois gilets jaunes s’affairent autour d’une petite cabane en palette : l’un enfonce des clous tandis que les deux autres discutent en le regardant. Des petits groupes se forment à droite à gauche. Une simple palette soutenue par un bâton permet de fermer l’une des deux voies d’accès à la base. Les voitures peuvent passer, seuls les camions sont empêchés d’accéder à la plateforme. Le soleil est radieux, le ciel bien dégagé, le vent souffle à peine : toutes les conditions sont réunies pour que du monde soit présent. Pourtant, on est à peine une vingtaine au début. Pour tuer l’ennui, je tape la discussion avec les gens. Certains se plaignent que les associations et les élus ne souhaitent pas mettre à disposition des salles pour les gilets jaunes. Les discussions sont animées, chacun dit ce qui cloche selon lui, tandis que quelqu’un distribue une version imprimée de la consultation nationale citoyenne.

On finit par être une cinquantaine sur la zone de blocage. Les camions qui veulent rentrer sont renvoyés illico presto et ceux qui veulent sortir sont libérés au compte-gouttes, à peu près tous les quarts d’heure. En allant de groupe en groupe, je tombe sur un papy présent depuis le 17 novembre, qui a passé plusieurs nuits sur des points de blocage malgré quelques mésaventures avec la police.

Je tchatche ensuite avec un retraité en plein désarroi : « Il y a de moins en moins de monde qui participent au mouvement et on le voit aussi au niveau des voitures : peu s’affichent avec un gilet jaune sur le pare-brise maintenant. Les gens se mobilisent moins car ils ont peur de la police ou de perdre leur emploi. Et quand ils se mobilisent, ils ont l’impression de ne pas être entendus et de faire ça pour rien. Par contre, lorsqu’il y a de la violence, les choses bougent. Moi je n’ai rien contre les black-blocs, c’est aussi une façon d’exprimer la colère et c’est le seul moyen d’action qui a fait gagner quelques avancés dernièrement. Des avancés de merde du gouvernement, qui nous fait passer ça pour de grandes avancés. Le problème c’est que la violence est instrumentalisée par le gouvernement et les médias : la police laisse faire pour que les médias aient des images spectaculaires puis arrêtent les gens à la fin de la journée et utilisent les faits pour discréditer le mouvement et donner un aspect négatif. Moi j’ai vécu mai 68, j’ai failli me manger un méchant coup de crosse en pleine face si je n’avais pas esquivé. C’était hyper violent mais les flics n’avaient pas le même matos qu’aujourd’hui. Aujourd’hui c’est beaucoup plus calme du côté des manifestants mais quand on entend les politiques et les médias, on croirait que c’est la fin du monde à chaque manif’. On nous fait peur pour nous diviser. »

Macron, t’es foutu, les vieux sont dans la rue !

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