Montpellier. Grève suivie dans l’éducation, manifestation sage et rencontre convergente
Le Poing
Publié le 20 mars 2019 à 15:39
Ce mardi 19 mars, à l’appel national de l’intersyndicale CGT, FO, FSU et Solidaires à se mettre en grève, près de 3500 personnes ont manifesté à Montpellier de la place de Thessalie au parc du Peyrou. Le cortège a essentiellement rassemblé des salariés, mais aussi des retraités et les incontournables gilets jaunes. Le mouvement de grève a été particulièrement suivi chez les professeurs : on estime qu’une soixantaine d’écoles ont fermé dans l’Hérault et que le taux de gréviste moyen dans l’éducation nationale a atteint près de 70%.
Mobilisation contre la réforme Blanquer
Les enseignants du lycée Jean Moulin de Pézenas étaient présents à la manifestation pour protester contre la réforme Blanquer. L’une d’elles nous explique les raisons de la mobilisation : « Sur près de 50 professeurs principaux, on est 21 à avoir démissionné de nos fonctions de professeur principal. Nous sommes très en colère contre la réforme Blanquer, qui est une véritable casse de l’éducation nationale et du service public, notamment parce qu’il va mettre en concurrence les écoles et les enseignants au sein de l’établissement. La dotation globale du rectorat est en effet réduite alors que le nombre de matières est plus élevé que les années précédentes, donc nous, les professeurs, on va devoir se partager les heures pour faire notre service, et dans ces conditions, le choix de la répartition va entraîner des divisons. Mais nous, depuis qu’on s’est mis en lutte, il y a une solidarité, on discute, on échange, et ça c’est déjà une grande victoire ».
Manifestation mignonnette et grande rencontre convergente
Vers 14h, le cortège s’est mis en branle dans une ambiance bon enfant radicalement différente des manifestations hebdomadaires des gilets jaunes. Marche lente, policiers sans casque au cul du cortège, parcours déclaré et suivi à la lettre, absence de slogans contre la répression, moments de silence gênants : les manifestants n’ont pas franchement fait preuve d’une détermination révolutionnaire, malgré les efforts du camion de Solidaires pour reprendre les chants des gilets jaunes – On est là, Macron tête de con. Arrivés au Peyrou, la plupart des manifestants se sont dispersés, sauf une poignée d’irréductibles gilets jaunes partis vers la préfecture pour apostropher les policiers, notamment à propos du déploiement de leur nouveau joujou : le Penn arms, capable de tirer six cartouches de 40mm en quatre secondes.
Peu après, environ trois cents personnes – des gilets jaunes, des syndicalistes de base et des militants – ont participé à la « grande rencontre convergente » appelée par la commission convergence de l’assemblée des gilets jaunes du Peyrou. La plupart des intervenants ont agité le vieux serpent de mer de la convergence des luttes en posant les questions de la grève générale, des blocages économiques, de la nécessité de s’émanciper des bureaucraties syndicales, d’organiser la solidarité face à la répression, de monter des caisses de grève, etc. À l’image de la CGT qui, à chaque fin de manifestation, fait cuire ses merguez, l’assemblée s’est terminée autour d’un apéro vin rouge – carottes, où l’on s’est remémoré les souvenirs impérissables de la manifestation parisienne de samedi dernier, avant de se promettre de lutter jusqu’au bout.
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