Récap’ des procès de gilets jaunes à Montpellier : facebook la poukave, Minority Report et préfet mytho

Le Poing Publié le 12 novembre 2019 à 20:06 (mis à jour le 12 novembre 2019 à 20:22)
Photo de Carlos de Brito, qui documente avec brio les mobilisations des gilets jaunes de Montpellier et des alentours. Le Poing le remercie d'ailleurs chaudement pour nous avoir transmis des clichés.
Les procès de gilets jaunes s’enchaînent, et les journalistes du Poing étant eux précaires et touchés par la répression, il devient difficile pour nous de documenter au jour le jour les audiences du tribunal de grande instance de Montpellier. Nous remercions d’ailleurs la Ligue des Droits de l’Homme de Montpellier pour la transmission d’informations. Le Poing fait le point sur quelques « affaires » de ces dernières semaines :

Facebook la poukave

Carlos de Brito, photographe indépendant et compagnon de route des gilets jaunes, comparaissait le 29 octobre dernier pour « outrage sur policiers ». Il nous a tout raconté. En avril 2019, deux gendarmes en civil lui remettent à son domicile une convocation à la caserne de Balaruc. Il s’y rend, et est placé en garde à vue. Transféré à Castelnau-le-Lez, on lui présente des copies d’écran et des commentaires émanant d’un groupe facebook de gilets jaunes. Il sort finalement libre du commissariat, mais avec une convocation au tribunal. Lors du procès, le juge rappelle les faits : lorsqu’une partie de l’autoroute A9 est bloquée par les gilets jaunes, le 22 décembre, une voiture de gendarme s’approche dangereusement des manifestants en leur criant dessus. Carlos de Brito photographie la scène, et un policier le menace : « Si je vois ma photo sur les réseaux sociaux, je porte plainte. » « À la place de sa tête de con », comme il l’écrit sur les réseaux sociaux, Carlos de Brito remplace les visages des policiers par des têtes de personnages de dessin animé. Le commentaire sur la « tête de con » déplaît aux gendarmes de Poussan, et huit d’entre eux portent plainte. Le procureur requiert 60h de travail d’intérêt général, au nom des « policiers insultés qui se suicident », mais Carlos de Brito est finalement relaxé. Il remercie chaudement « la legal team de Montpellier et les photographes de The Dream Team Photo 34 ».

Minority report

Le 4 novembre, un gilet jaune a été relaxé pour violences mais condamné à trois mois de prison avec sursis pour « participation à un attroupement en vue de commettre des violences et des dégradations ». En France, en 2019, on peut être condamné pour avoir eu l’intention de commettre des violences, et, dans le même temps, être relaxé pour ces violences non commises. Tout va bien.

Witkowski le mytho

Toujours le 4 novembre, un jeune homme de 21 ans s’est présenté à la barre, parce qu’il avait été interpellé le 21 septembre, lors de l’acte 45 des gilets jaunes, avec des fumigènes et… une bouteille d’eau. La préfecture de l’Hérault, donc le préfet Jacques Witkowski, avait publié les photos de l’incroyable butin sur les réseaux sociaux, en parlant « d’engins pyrotechniques et de produits corrosifs », en laissant sous-entendre que lesdits produits seraient contenus dans la bouteille d’eau.


Le Poing avait fact-checké ces photos et s’était rendu compte qu’il s’agissait en fait de fumigènes de groupe K1, qui, selon la législation, « ne présentent qu’un risque mineur » et sont accessibles aux enfants « de plus de 12 ans ». Quant à la bouteille d’eau, elle n’a même pas été mentionnée lors du procès… Le jeune homme a tout de même été condamné à un mois de prison avec sursis, sans inscription au casier judiciaire. Bref, si vous voulez des bonnes infos, lisez le Poing, fuyez les communiqués des autorités !

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