Paul Va : le passage des examens à distance se fera contre l’avis de toutes les organisations étudiantes

Le Poing Publié le 16 avril 2020 à 15:28 (mis à jour le 16 avril 2020 à 17:26)
Ce mercredi 15 avril, la séance du Conseil des Études et de la Vie Étudiante a montré, de manière limpide, que les instances "démocratiques" à la fac ne permettent pas aux étudiants de peser sur les décisions.

Ce mercredi 15 avril se tenait, en visio-conférence, le Conseil des Études et de la Vie Étudiante ( CEVU ) [ ndlr : conseil réunissant délégués étudiants, du personnel et direction, en théorie pour assurer la vie démocratique d’un établissement universitaire ] de la fac de lettres Paul Valéry de Montpellier. Dans une ambiance électrique, les représentant du personnel de l’université et des étudiants ont délibérés six heures durant avec la présidence sur les modalités de passage des examens, dans ce contexte si particulier de crise sanitaire du Covid-19.

Des examens à distance qui favorisent des situations ubuesques et inégalitaires

Absence de matériel informatique chez certains étudiants, fermeture des infrastructures permettant de travailler, inadaptation totale des modalités d’examens prévues aux étudiants salariés, précaires ou en situation de handicap, injonctions contradictoires lourdement sanctionnées si non-suivies : Le Poing détaillait déjà dans cet article les misères de la continuité pédagogique sur la fac de lettres de Montpellier.

Les propositions que le syndicat Solidaires Étudiants a porté dans ce conseil pour éviter que les étudiants ne fassent les frais de la situation exceptionnelle sont les suivantes :

– Une année blanche au niveau des bourses, c’est à dire qu’elles ne pourraient pas être supprimées, et ne compterait pas dans le décompte du nombre d’années maximum pour lesquels les étudiants peuvent toucher des bourses.

– Cessation des pressions des cours et TD en ligne, d’autant plus de manière synchrone (où étudiants et enseignants doivent se connecter en même temps à heure fixée), et la priorité faite à l’envoi de documents consultables au moment où chacun en a la possibilité.

– Report des soutenances de thèses et de mémoires au mois de septembre sur demande des étudiants concernés

– Report des rendus de thèse et de mémoires à septembre, sur demande des étudiant-e-s concerné-e-s

– Neutralisation du second semestre de l’année 2019-2020 avec l’organisation de rattrapages exceptionnels en juin. En procédant de la même manière qu’entre deux évaluations : garder la meilleure note obtenue entre celle du 1er semestre et celle du 2nd s’il en existe déjà une.

Toutes on été rejetées, avec une démarche qui n’est pas sans poser question dans des instances prétendument démocratiques.

« Ces conseils ne sont que la chambre d’enregistrement des décisions de la Présidence. »

Il faut dire que, dès le départ, le ton est donné ! Noémie de Solidaires témoigne du mépris déployé par la présidence envers les étudiants et leurs problèmes : « Au moment où un de nos élus a pris la parole pour donner son exemple personnel et illustrer les difficultés liées à la poursuite des examens malgré le confinement, alors qu’il parlait donc de ses problèmes d’isolement géographique et de précarité numérique, on a pu entendre fuser côté présidence un “c’est pathétique ” ! »

Les modalités de vote, vues par l’ensemble des participants en avance par mail, étaient censées permettre à chacune de ces propositions d’être soumise au vote séparément des autres. Pour permettre au processus démocratique d’être le plus affiné que possible. Au tout dernier moment, en début de conseil, la présidence décide qu’il n’en sera rien, et qu’elles seront votées en deux blocs… L’anonymat des votes, rendus possible en passant par des mails après la fin de la séance et garantissant à chacun d’être à l’abri des pressions de toutes sortes, est également refusé !

Et quand le vice-président étudiant propose une solution mixte avec une neutralisation des examens couplée à quelques épreuves obligatoires, la présidence, sentant certainement le consensus approcher dans l’assistance, argue d’un article du Code de l’Éducation, pour écarter la proposition, jugée « contradictoire au principe d’égalité » ! Un principe d’égalité qui, au vu des modalités de continuité pédagogique proposées par la direction, a tout l’air de torturer le président Patrick Gilli jusqu’au plus profond de ses nuits…

Au final, les modalités proposées par la présidence seront adoptées avec un total de 19 voix contre 16… et avec l’opposition de toutes les voix de représentants étudiants. Visiblement les conseils universitaires sont conçus de telle manière qu’un désaccord unanimes des étudiants ne puisse pas venir perturber les projets de la direction !

Solidaires Étudiants commente : « Ces conseils ne sont que la chambre d’enregistrement pseudo-démocratique des décisions de la Présidence de l’université. »

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