Les hospitaliers montpelliérains pourraient rejoindre les mobilisations
Ce mardi 26 mai, les personnels du CHU sont appelés à une première action symbolique.
Le syndicat CGT du CHU de Montpellier a fait connaître au Poing un appel à un « Rassemblement d’hommage aux hospitaliers décédé.e.s ou contaminé.e.s du COVID-19 », qui se déroulera mardi 26 mai à 14 heures devant le monument aux morts sur le site de l’hôpital Saint-Eloi. L’action paraît toute symbolique. Mais elle ne se veut que le premier temps d’une série de quatre “mardis de la colère” devant culminer le 16 juin dans une journée nationale de mobilisation pour la défense de l’hôpital public et de ses personnels.
De la visite flash d’Emmanuel Macron à la Pitié Salpêtrière à Paris vendredi dernier, à l’annonce précipitée, par le ministre Olivier Véran, d’un « Ségur de la santé » débutant dès le 25 mai, on voit bien comment le gouvernement prend très au sérieux le péril d’une mobilisation qui commence à gronder dans les hôpitaux du pays. Dès le lundi 11 mai, jour du déconfinement, cinq cents hospitaliers toulousains se rassemblaient devant leur établissement. A Robert Debré à Paris, le mouvement a gagné la rue à plusieurs reprises. Et on a noté des agitations sur plusieurs autres sites de l’Hexagone, par exemple avec l’occupation du grand hall de l’hôpital de Saint-Etienne.
Avec des raisons objectives et morales qui crèvent les yeux, ce mouvement de mécontentement se développe sur un terrain brûlant, mais assuré d’une grande popularité dans l’opinion. C’en est momentanément fini des gazages et matraquages coutumiers pendant les deux années de mobilisation déjà active dans le secteur. Le gouvernement marche sur des œufs. Allez imaginer que cette protestation fasse modèle dans d’autres secteurs.
Pour autant, le pouvoir accumule les bourdes. La distribution de médailles n’est pas du tout passée. Va pour le symbolique. Mais l’octroi d’une prime d’un montant insuffisant, versées trop tardivement et de manière inégalitaire cristallise encore le mécontentement (une distinction serait opérée parmi les personnels selon un zonage de l’intensité de l’épidémie, et sont oubliés des agents non directement soignants mais tout aussi sollicités dans la surchauffe des établissements).
A ces saupoudrages, la CGT oppose la nécessité d’une politique générale en faveur du secteur hospitalier, avec « arrêt des plans d’économie et de la rigueur budgétaire », « lancement d’un plan d’emploi et de formation », et « fin des formes de management délétère ». Quant aux intérêts directs des soignants, ils passeraient par une revalorisation uniforme de trois cents euros mensuels, la requalification des conditions de travail, avec notamment le respect de la réglementation horaire et l’équipement dans tout le matériel nécessaire ; également la reconnaissance de la pénibilité.
L’action des mardis de la colère jusqu’à la journée du 16 juin est portée par onze syndicats et organisations spécifiques du secteur, sur le plan national. Elle a bien des aspects d’un encadrement syndical qui pourrait corseter et diluer à la fois la combattivité à la base. On jugera sur pièces. A Montpellier jusqu’à ce jour, très peu ou pas de signes palpables de mobilisation ont été observés. Il faut dire que le déroulement de l’épidémie a laissé le CHU en position moins tendue que dans d’autres régions. Il faut aussi compter avec la domination écrasante de Force ouvrière dans la représentation syndicale en interne, qui brille par la souplesse – pour ne pas dire pire – avec laquelle elle conçoit ses rapports avec l’administration de l’établissement.
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