Montpellier : marche blanche pour Lorenzo, entre dénonciation d’un “laxisme” et d’une justice de classe
Ce samedi sur la place Zeus, dans le quartier montpelliérain d’Antigone, plus de 300 personnes se sont réunies pour une marche blanche aux tonalités dynamiques en l’honneur de Lorenzo, 20 ans, tétraplégique depuis son agression en août 2020.
La procession tout en musique, sous l’initiative d’ Élise, la mère de Lorenzo fait suite à l’agression du jeune homme le 23 août 2020. Selon un des amis de Lorenzo, dont beaucoup étaient présents sur place, l’attaque aurait eu lieu un soir en rentrant de soirée, lors d’une escale sur un parking « où ils avaient l’habitude d’aller ». Alors que Lorenzo et ses amis profiteraient de leur soirée, une voiture s’arrêterait au même endroit qu’eux. Entre les deux passagers de la voiture et Lorenzo, le ton monterait et les esprits s’échauffraient. L’origine du conflit serait une vielle rivalité entre les villes de Lattes et Pérols. L’un des passagers appellerait des renforts, avec une intention de nuire, toujours selon l’un des amis de Lorenzo, présent lui aussi lors des faits.
Depuis ce soir-là, Lorenzo est tétraplégique, il vient seulement de retrouver l’usage de la parole, confie sa mère. Élise nous explique les raisons qui l’ont poussées à organiser cette marche blanche, d’abord, « sensibiliser contre la violence, montrer les conséquences de ces violences sur les familles. » Ensuite, la volonté pour une mère, et des proches ou simplement des personnes concernées de « soutenir Lorenzo » dans sa guérison. Enfin, c’est avant tout pour « attirer l’attention sur la décision de la justice de ne pas garder les accusés en détention provisoire» dans l’attente de leurs procès.
D’une manière générale, si l’ambiance était festive, le ton était assez sombre puisqu’il était allègrement dénoncé une justice qui serait laxiste face à une insécurité qui exploserait. Et pourtant, dans les faits, c’est plutôt le tout sécuritaire qui prime. Le nombre de détenus en France a augmenté de près de 25% en une décennie, sans commune mesure avec l’augmentation de la police ou de la délinquance. Mais dans cette affaire, il y a aussi un soupçon de dénonciation de justice de classe qui plane : les agresseurs sont accusés de ne pas avoir été emprisonnés parce qu’ils seraient bourgeois ou assimilés.
Lorenzo va être entendu sous peu, pour lui aussi donner sa version des faits sur son agression, ce qui permettra sûrement le dénouement de l’enquête, qui suit actuellement son cour. La date du procès n’a pas encore été arrêtée. La marche blanche s’est terminée à 15h30 devant la préfecture, et sous les accents de guitares aux rythmes ibériques.
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