Ces montpelliérain-e-s au soutien de Julie, violée entre 13 et 15 ans, victime d’un déni de justice
Un rassemblement de soutien à Julie, violée entre 13 et 15 ans à de multiples reprises par vingt pompiers, a eu lieu ce dimanche 7 février devant la Cour d’Appel de Montpellier. Après une procédure longue de 10 ans, 3 des pompiers seulement sont poursuivis, sans même être accusés de viol, et malgré de nombreux aveux.
Julie, victime de viols entre ses 13 et ses 15 ans par vingt pompiers, qui ont profité d’un état de santé délétère et de traitements médicamenteux lourds pour obtenir des rapports sexuels avec elle, voit sa peine doublée d’un véritable déni de justice. Alors même que beaucoup d’aveux de la part des pompiers incriminés ont suivi sa dénonciation, seuls trois d’entre eux sont actuellement poursuivis en justice, dix-sept autres n’étant pas inquiétés. Et la Cour d’appel de Versailles a décidé le 19 juillet 2019 de requalifier les accusations à leur encontre de la manière suivante : atteinte sexuelle sans violence, sans contrainte, sans menace ni surprise mais en réunion. Ce qui de fait décriminalise les faits, qui seront jugés non plus en Cour d’Assises, mais en correctionnelle, comme simple délit… Suite à un ultime recours de Julie et de sa famille, la Cour de cassation de Paris doit statuer sur ces chefs d’inculpation le 10 février.
Le rassemblement a mobilisé de nombreux collectifs féministes locaux – Nous Toutes, le groupe de colleuses CQAFD+, Osez le féminisme, Citoyennes maintenant, les sud-américaines des Sudakas – mais aussi des organisations politiques et syndicales, comme Europe Ecologie Les Verts, le NPA, Ensemble, l’Union Communiste Libertaire ou encore Solidaires.
Plusieurs prises de paroles auront été l’occasion de pointer du doigt diverses failles dans le traitement juridique des affaires de viol, notamment pour ce qui est d’une absence de véritable présomption de non-consentement avant 16 ans comme aux Pays-Bas.
De nombreuses voix sont venues rappeler le caractère systémique, profondément ancré du déni de justice autour des violences de genre. A travers un parallèle établi avec l’affaire Valérie Bacot, qui voit une femme risquer la perpétuité pour avoir tué un mari qui la battait, menaçait sa vie, la prostituait, et qui n’était autre que son ancien beau-père. Mais aussi par des témoignages, sur la manière dont la police peut traiter les agressions sexuelles en France. Ainsi, une des membres du collectif de colleuses féministes CQFAD+ : « J’avais 16 ans quand un homme a menacé dans la rue de me plaquer contre un mur et de me violer. Quand j’ai contacté la police, on m’a répondu qu’il est tout à fait courant qu’à l’arrivée des beaux jours des hommes draguent des jeunes filles en tenue légère. »
Si le traitement juridiquement biaisé des affaires de violences de genre connaît bien quelques exceptions, comme on a pu le constater autour du procès de l’agresseur des colleuses féministes à Montpellier, force est de constater que le compte n’y est pas du tout. Qu’on en juge : 3 victimes de viol par heure en moyenne sur l’année 2020 –+33% sur deux ans– avec une infime minorité qui aboutissent sur une condamnation en Cour d’Assises.
A l’heure de la vague #MeTooInceste, beaucoup de monde semblait sur place espérer qu’enfin, l’affaire soit réellement médiatisée et que véritable justice soit rendue. Pour Julie et toutes les autres.
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