Montpellier : 4,5 ans de prison pour agression de féministes, le tribunal caractérise les violences de genre

Le Poing Publié le 14 janvier 2021 à 23:49
Rassemblement de soutien aux colleuses féministes agressées fin août à Montpellier Crédit photo : Eléa Voltairine Retrouvez plus de photos d'Eléa sur sa page facebook E. Voltairine Photographie

Un homme a été condamné à quatre ans et demi de prison ferme pour une agression d’une extrême violence envers des militantes féministes à Montpellier, le 30 août dernier. Il avait essayé de les écraser avec une voiture pendant un collage.

Plus d’une centaines de personnes se sont déplacées devant le Tribunal Judiciaire de Montpellier ce jeudi 14 janvier, pour soutenir les militantes à l’occasion du procès de leur agresseur. Après une allocution pleine d’émotions, de nombreuses personnes se sont lancées dans l’exécution de la chorégraphie « Un violador en tu camino », célèbre hymne contre les violences faites aux femmes, dont les paroles sont réinterprétées selon l’état d’esprit des voix qui s’y prêtent. Cette fois-ci, la police, la justice et l’Etat auront été mis en cause par les chanteuses pour leur inefficacité à lutter contre ces violences, voire pour leur complaisance.

Le condamné avait foncé dans les quatre colleuses, le soir du 30 août 2020, un quart d’heure à peu près après les avoir menacés de viol. Une d’entre elles a réussi à éviter le véhicule, tandis que les trois autres ont été blessées au niveau des jambes. De manière assez bénigne heureusement au regard de l’insupportable violence de l’attaque. A la fin de l’été, ces militantes avaient témoigné du fait que si elles avaient été en position de collage, sur le pont de Lapeyronie, elles n’auraient peut-être pas survécu à l’attaque.

Ce qui peut paraître étonnant au vu des faits, c’est que le chef d’inculpation retenu ne soit pas « tentative d’homicide ». Maître Bouillon, l’avocate des victimes, a pu nous donner son avis sur la question : « C’est une bonne chose, il aurait eu plus de chances de s’en sortir dans la mesure où il aurait fallu prouver sa réelle intention de tuer. Alors qu’on aboutit là à une condamnation lourde au regard des circonstances aggravantes retenues » Celles-ci sont au nombre de trois : avec préméditation, avec arme -la voiture -, et exercée pour un motif sexiste lié au genre.

Les jeunes femmes agressées et leurs soutiens s’avouent particulièrement satisfaites de la prise en compte de cette dernière circonstance aggravante. « Ces violences nous en sommes coutumières, sous des formes heureusement moins graves bien souvent, en particulier en tant que militantes féministes. Elles ne nous feront pas taire, mais c’est un soulagement qu’elles soient reconnues en tant que telles par le tribunal. », assène l’une d’elle.

Les plaignantes auront eu tout ce qu’elles demandaient devant le tribunal, y compris quelques milliers d’euros de dommages et intérêts. A l’exception peut-être des aveux de l’accusé, qui nie en bloc malgré tout un faisceau de preuves : vidéo-surveillance, géolocalisation téléphonique…

Celui-ci, avec un casier judicaire chargé, comparaissait déjà emprisonné pour une autre affaire, et devrait faire appel de cette nouvelle décision de justice. Ce qui donnerait le cas échéant lieu à un nouveau rassemblement de solidarité.

En 2020, 98 femmes ont été tuées dans le cadre de relations conjugales, auxquelles il faut ajouter 11 travailleuses du sexe et au moins deux personnes transgenres. Si ces chiffres sont en baisse par rapport à ceux de l’année 2019, avec 146 féminicides comptabilisés, les violences elles explosent ! Les confinements successifs ont eu un impact terrible sur celles-ci, avec 40% d’augmentation des signalements pendant le premier, et 60% pour le second !

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