« Vivre dans la dignité et le respect » : les retraités en manif à Montpellier

Le Poing Publié le 24 mars 2022 à 21:45

Entre 1000 et 1500 retraités étaient venus de toute la région ce jeudi 24 mars pour manifester sur Montpellier. Les revendications portaient sur le pouvoir d’achat, la santé et la qualité des services publics.

Ce jeudi 24 mars des rassemblements et manifestations de retraités étaient prévus dans 28 villes, portés par une intersyndicale large regroupant neuf organisations (CGT-FO-CFTC-CFE CGC-FSU-Solidaires-Ensemble et Solaidaires-LSR-Rtraité Fonction Publique).

Sur Montpellier, ils auront été entre 1000 et 1500 à se retrouver autour du kiosque de l’esplanade Charles de Gaulle, venus de tout l’Hérault, mais aussi de Lozère, du Gard, de l’Aude ou des Pyrénées-Orientales.

Les pensions de retraites sont indexées sur l’indice des prix, en théorie. Mais le calcul ne se fait qu’une fois dans l’année, il est donc inefficace en cas d’inflation rapide et brutale comme nous la connaissons en ce moment. Ajoutons que les gouvernements successifs contournent la loi de 1993, de plusieurs manières : décalage de la date de revalorisation sans rattrapage entre les mois qui se sont écoulés entre l’ancienne et la nouvelle date, gel des pensions en 2014 et 2016, amendement au projet de loi de finances de la Sécurité sociale qui est voté chaque année… Le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites estime que ces mécanismes « expliqueraient un peu moins de la moitié (44 %) de la perte de pouvoir d’achat du cadre né en 1932 et environ un tiers (entre 32 % et 35 %) de celles des autres générations, le reste étant expliqué par la hausse des prélèvements ».

La désindexation des pensions sur le salaire en 1987 a entraîné aux dire de nombreux participants une baisse de pouvoir d’achat constante, équivalente selon les syndicats à « 10% du montant des pensions perdues en 10 ans ».

Ils demandent donc la réindexation sur les salaires, avec compensation des pertes de pouvoir d’achat entraînées au fil des années, et la revalorisation des pensions de reversion qui sont versées aux conjoint veufs ou veuves. Pour les veufs et veuves toujours, comme pour les parents isolés, le rétablissement de la demi part fiscale supprimée. Tout en exigeant un minimum retraite équivalent au SMIC.

La hausse de la CSG de 1,7 point décidée par le gouvernement Macron dès 2017 est également dans le viseur.

Avant le départ de la manifestation colère et émotion se font sentir au moment d’évoquer la crise sanitaire, dont la gestion a laissé à bon nombre de retraités l’impression d’être sacrifiés. Le souvenir de ces périodes de saturation des hopitaux, pendant lesquelles les résidents infectés dans les EHPAD y sont restés, heurte encore les mémoires. On évoque les dizaines de milliers de morts. « Des milliers de décès auraient pû être évités si on n’avait pas supprimé autant de postes et de lits ces dernières années », tonne un orateur. Une fois la tempête passée, les conditions de vie parfois désastreuses dans les EHPAD, comme l’a montré le scandale autour d’ORPEA, n’ont pas donné l’impression aux anciens d’être plus pris en compte.

D’où tout un panel de revendications portant sur les services de santé. Prise en charge de l’autonomie par la Sécu et création d’un grand service public s’y consacrant, création de 300 000 postes dans le médico-social (200 000 en EHPAD et 100 000 dans l’aide à domicile), ouverture de lits supplémentaires en EHPADs publics, une meilleure formation et de meilleurs salaires pour les salariés du médico-social, l’arrêt des fermetures de lits dans les hopitaux publics, et le réouverture de tous les services et établissements fermés pour raisons budgétaires.

Le maintien et le renforcement de services publics de qualités dans tous les domaines a été également posé comme un préalable au droit à une vie digne pour nombre de personnes âgées : les manifestants se sentent sérieusement impactés par le tout numérique austéritaire qui s’impose dans de nombreux services publics.

La manifestation durera près de deux heures, passant par la Comédie, la rue de la Loge, la rue Foch, le Peyrou, le Jeu de Paume, et la rue de Maguelone.

En fin de cortège la sono de l’intersyndicale avance le chiffre de 30 000 manifestants dans tout le pays, sans avoir pû prendre en compte les tout derniers départs de cortèges. Quoiqu’il en soit les particiapants se voient bien repartis pour un tour. « Macron n’en a pas fini avec nous », promet-on à la sono avant que le rassemblement ne se disperse.

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