Convoi de l’eau : un final à Paris
Composé de plus de 800 cyclistes et d’une vingtaine de tracteurs, le convoi de l’eau est arrivé à Paris ce 26 août pour montrer sa détermination contre les nombreux projets de mégabassines en cours dans l’Hexagone. Le Poing était présent sur les deux dernières journées de mobilisation.
Jeudi : surprise !
Partis de Sainte Soline dans les Deux Sèvres le 18 Août dernier, le convoi, organisé par les collectifs « Bassines non merci », « la Confédération paysanne » et « Les Soulèvement de la terre » faisait une arrivée surprise avec un jour d’avance à l’agence de l’eau de Bretagne Loire en périphérie de la ville d’Orléans ce jeudi 24 Août. Déterminé à mettre la pression sur les instances décisionnaires, le convoi établissait un campement de plusieurs centaines de tentes devant l’agence même en bloquant complètement l’avenue Buffon devenant ainsi une « ZAD » éphémère. Cantine, toilettes sèches, librairies, stand de glaces, camping avec de la paille dispersée au sol pour plus de confort : la zone d’activité s’est vue transformée en un lieu de lutte en un rien de temps. Une mécanique bien huilée, un modèle d’occupation militante.
Vendredi : des réunions décisives
Des rendez avaient été pris dans un premier temps avec le comité de présidence de l’agence de l’eau du bassin Loire-Bretagne, et plus tard avec la nouvelle préfète du Loiret Sophie Brocas fraîchement arrivée (en poste officiellement depuis ce lundi 21 août) en vue de parvenir à un moratoire sur les différents projets de mégabassines dans la région.
Des deux réunions aucuns accord n’a pu être trouvé. Si l’agence de l’eau a montré une certaine forme de compréhension, du côté de la préfecture la discussion a tourné court. Et pour cause au même moment (comme une provocation ?) un panneau de permis de construire est déposé sur le site de projet de construction de mégabassine de Priaires (dans les Deux Sèvres également) signe d’un démarrage de chantier à venir. Prévenu durant la réunion, la délégation du convoi voit rouge et met la pression pour faire cesser la pose de barrière de chantier. Dehors, devant les grilles, la foule se fait entendre de la table ronde et au son des cuivres et des casseroles frappées contre le portail on harangue des « No bassaran ! »
Après négociation, la préfète fait arrêter les barrières de Priaires. Mais le dialogue est rompu. Du point de vue de la préfecture les décisions se prennent à Paris dans les ministères, et comme une « patate chaude » lance la faute dans les milles feuille institutionnels des étages supérieurs. Quand bien même la préfète Sophie Brocas annoncera la sérieuse remise en question des dix prochains projets de mégabassines dans la région par manque de rapport scientifique, aucunes garantie de suspension de travaux n’a été donné.
Décision prise, la délégation composée d’une quinzaine de personne, restera passer la nuit dans l’agence quitte à en être expulsée « manu militari ».
Samedi : un final à Paris
Après avoir passé la nuit dans l’agence de l’eau, les militants rejoindront leurs camarades à l’extérieur et enlèveront en partant symboliquement une grille de l’entrée : œil pour œil, dent pour dent.
Pour cette dernière journée, un final était prévu dans Paris ce jour avec un rassemblement à midi sur le Champ de Mars au pied de la Tour Eiffel. Après avoir parcouru des centaines de kilomètres à vélo, le convoi prenait place sur les pelouses parisiennes pour un dernier rendez-vous revendicatif.
C’est devant un parterre de journalistes que les portes-paroles du convoi ont dénoncé la multiplication des projets de mégabassines en France. Symbole de la privatisation des ressources en eau au profit d’une agriculture intensive et non respectueuse de l’environnement, les mégabassines sont pointées du doigt comme une solution absurde face au changement climatique et aux sécheresses à venir. Qui plus est, les associations dénoncent également des conflits d’intérêt quasi systématiques entre décideurs (élus) et irriguant (agriculteur bénéficiant des bassines).
Ayant épuisé les recours au dialogue avec les institutions, les organisations appellent aujourd’hui à mener des actions directes et massives contre la construction de prochaine bassine. Comme un cap de franchit, c’est avec un goût amer mais déterminé que les militants souhaite désormais défendre les ressources naturelles par le biais d’action de désobéissance citoyennes en démontant « grilles par grilles et bâches par bâches » les chantiers en cours et à venir.
C’est vers 14h que le convoi repart pour un dernier tour en direction de Montreuil afin de rejoindre le festival d’écologie radicale « Les digitales » pour une dernière soirée festive en perspective. Traversant les rues de Paris en interpellant les touristes et passant sur leur combat, le joyeux convoi fait résonner à traverser les sonnettes de leur vélo militant la cause du partage de l’eau pour tous.
Un combat, qui s’avère long et difficile mais mené par des collectifs solidaires et déterminés à changer les choses que vous pourrez retrouver dans les pages de notre prochain numéro papier de septembre consacré à l’eau et plus particulièrement dans le département de l’Hérault. En attendant : « no bassaran » !
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :