Nîmes : Un rassemblement souverainiste aux relents de droite dure les 23 et 24 septembre
Organisées par République Souveraine et Osez la France les 23 et 24 septembre à Nîmes, les « Rencontres de la Souveraineté » se présentent comme un rendez-vous transpartisan. Parmi ses intervenants, on retrouve des figures de la droite libérale comme plus radicale, voire Zemmouriste
« Les rencontres de la souveraineté se fondent sur un constat commun : les Français ont perdu au fil des décennies leur souveraineté. Nous avons décidé de faire se rencontrer toutes les personnes, par-delà les clivages politiques, qui possèdent la volonté de réfléchir et de débattre ensemble pour défaire cette Union européenne supranationale en instaurant une Europe des nations indépendantes, souveraines, œuvrant toujours dans l’intérêt de leurs peuples. »
Le souverainisme, ni de droite ni de gauche ? Si on peut constater une ligne souverainiste au sein notamment de la France Insoumise, elle irrigue aussi la pensée de droite Le politologue Philippe Corcuff analyse cela comme du « confusionnisme » qui aide l’extrême-droite à gagner la bataille des idées. Pour les souverainistes, la France doit sortir de l’Union européenne, de l’Otan, retrouver sa souveraineté énergétique, alimentaire et migratoire, avec la gestion des frontières. Bref, une sorte d’anti-mondialisation qui défend la nation, un alter-capitalisme qui préfère une bourgeoisie nationale à une bourgeoisie internationale. C’est notamment ces thèmes qui seront débattus à l‘occasion des « Rencontres de la Souveraineté, organisées à Nîmes les 23 et 24 septembre prochains.
« République souveraine » et « Osez la France », les organisateurs
Parmi les structures à l’origine de cet événement, on retrouve notamment le parti République Souveraine, fondé par Georges Kuzmanovic. Ancien compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon au sein du Parti de Gauche puis de la France Insoumise, ou il a été conseiller sur les questions internationales, il quitte le mouvement en 2018 pour fonder son parti.
Il a fait l’objet de polémiques, notamment pour ses prises de positions pour l’intervention Russe en Syrie, et est souvent décrit dans la presse comme ayant de la « complaisance » envers Vladimir Poutine (Streetpress), voire carrément « pro-Poutine » pour Conspiracy Watch.
Depuis quelques mois, son parti se rapproche du laboratoire d’idées de droite Républicaine « Osez la France », fondé par le Gaulliste et ancien député LR Julien Aubert, nommé récemment vice-président des Républicains par Eric Ciotti. Il a œuvré comme conseiller politique à l’Élysée pendant le mandat Sarkozy, sous la houlette de Henri Guaino, alors conseiller spécial du président de la République, qui sera aussi aux « Rencontres de la Souveraineté. »
Droite dure
Autour des partisans de cette droite libérale dit « Républicaine », et quelques personnes de gauche (on peut citer l’ancienne députée Chevènementiste Marie-Françoise Betchel), on trouve aussi dans les intervenants de ces rencontres des profils plus radicaux.
Parmi eux, Nicolas Dupont-Aignan, président de « Debout la France », connu entre autres pour avoir repris à son compte la théorie conspirationniste du « grand remplacement » pendant la présidentielle de 2017, ou avoir été l’un des chefs de file des manifestations anti-vaccins pendant la pandémie de Covid-19 .
On peut également citer Caroline Galactéros, conseillère diplomatique d’Eric Zemmour pendant la campagne présidentielle de 2022, qui a présenté sur les chaînes Russia Today ou TV libertés (web-télé d’extrême-droite) des positions pro-Moscou au début de la guerre en Ukraine.
Charles-Henri Gallois sera également de la partie ; président du mouvement « génération Frexit », qui a longtemps gravité dans le parti de François Asselinault, reçoit aujourd’hui le soutien de membres du Mouvement cinq étoiles en Italie. Dans la revue souverainiste de Michel Onfray Front Populaire, il a écrit une tribune à propos de l’attentat d’Annecy, où un homme avait attaqué des enfants au couteau, en mettant le drame en lien avec une immigration créatrice d’insécurité pour les Français.
Autre personnage dans l’orbite de Front Populaire, l’avocat Régis de Castelnau, qui se décrit comme « un communiste patriote qui vote Marine Le Pen », lui aussi auteur d’une tribune dénonçant « l’antifascisme à la boutonnière des petits marquis, les profiteurs, les obligés, les corrompus, les « artistes » subventionnés, les sportifs ingrats, les faux intellectuels, ceux qui veulent aller à la soupe, ceux qui veulent la garder, les comiques officiels, les journalistes sans morale, les fonctionnaires dévoyés… »
Enfin, on évoquera Guillaume Bigot, essayiste, éditorialiste sur la radio d’extrême-droite Sud Radio et ancien conseiller de Charles Pasqua. Le journal l’Humanité lui avait consacré un article, le qualifiant de « Schumacher des inepties », à propos de ses interventions sur la chaîne Cnews. Dans ses prises de positions, il affirme être pour l’ouverture d’un centre de détention sur les îles Kerguelen « afin d’y isoler les individus condamnés pour terrorisme islamique et de maintenir sur place ceux qui n’auront pas renoncé à leur fanatisme au terme de leur peine », et pour instaurer une cour martiale pour les juger.
Bref, là où le souverainisme se veut être un item « attrape-tout », regroupant par-delà les clivages, on constatera qu’il attire surtout… la droite et l’extrême-droite.
E. B.
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