Montpellier : les intermittents du spectacle en lutte pour la sauvegarde de leur régime d’assurance-chômage
Alors que les négociations sur l’assurance-chômage des intermittents battent leur plein, ils étaient une trentaine à Montpellier, ce jeudi 9 novembre, pour manifester contre les 15 % d’économies sur le régime proposés par le Medef, laissant craindre une réduction des droits d’indemnisation
S’il y a bien deux secteurs d’activités en France aux règles tellement complexes qu’elles peuvent donner des nœuds aux cerveaux, ce sont bien les journalistes pigistes et les intermittents du spectacle. Ces derniers sont actuellement dans le viseur de la réforme de l’assurance chômage, comme l’expliquaient nos confrères de Rapports de force il y a quelques semaines.
Pour comprendre la colère actuelle des intermittents du spectacle, il faut remonter au premier août dernier : une lettre de cadrage concernant la réforme de l’assurance-chômage a été envoyée par le gouvernement aux organisations patronales et syndicales en vue des négociations sur le régime général. Le gouvernement ordonne une ponction de 12 milliards d’euros dans les caisses de l’Unédic sur quatre ans, essentiellement pour financer France Travail (le nouveau Pôle emploi).
15 % d’économies
Sauf que les intermittents, eux, ont un régime spécial, régit par les annexes 8 et 10 de l’assurance-chômage (8 pour les techniciens, 10 pour les artistes/interprètes). Les négociations sur l’assurance-chômage des intermittents sont régies par une seconde lettre de cadrage signée fin septembre par les trois organisations patronales (Medef, CPME, et U2P) et par les syndicats CFDT, CFTC, et CGC.
Les syndicats FO et CGT ont refusé de signer, car cette lettre de cadrage instaure une ponction similaire à ce qui est demandé au niveau général, soit 15 % en moins. Pour le Medef, la mesure se justifie par le fai tque le régime général est excédentaire alors que celui des intermittents est déficitaire.
L’accord du 27 octobre
Le 27 octobre dernier, la négociation spécifique des organisations syndicales et patronales du secteur s’est conclue par un accord dont le SFA-CGT (syndicat français des artistes-interprêtes) se félicite : celui-ci acte le refus de la proposition du Medef d’économie de 15 %.
Ce qui nous emmène maintenant au présent : ces 9 et 10 novembre, des négociations interprofessionnelles sont en cours, et les intermittents craignent un revirement de situation, d’où leur mobilisation du 9 novembre à Montpellier devant la DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) et du 10 novembre devant le Pôle emploi Cévennes, où des conseillers spécialisés pour les intermittents du spectacle travaillent. Les personnes mobilisées refusent les 15 % d’économies, demandent le maintien de l’accord voté le 27 octobre et le maintien des annexes 8 et 10 telles qu’elles existent déjà. Ils s’opposent également à France Travail, qui va à terme remplacer Pôle Emploi.
Selon Pierre Peyras, musicien syndiqué au SFA-CGT : « Il n’y aura pas d’accord. Le gouvernement va finir par tout faire passer par décret. » Quand on lui demande ce que les 15 % d’économies signifieraient concrètement pour les travailleurs du secteur, il explique : « Aujourd’hui, pour prétendre au régime spécial des intermittents, il faut faire 507 heures en 12 mois. Le Medef veut augmenter le nombre d’heures à réaliser, ça donnerait 580 heures pour les artistes et 610 heures pour les techniciens. Cela voudrait dire qu’environ un tiers des intermittents actuellement ne rentreraient plus dans les cases du régime spécifique, ça mettrait à mal toute l’économie du monde du spectacle et de l’audiovisuel , beaucoup d’entre nous se retrouveraient au RSA. C’est pour ça que nous sommes aussi contre France Travail. »
Une lettre adressée au ministre du Travail, Olivier Dussopt, a été envoyée par la CGT pour faire part de ses revendications. Les négociations devraient ce terminer ce vendredi 10 novembre au soir.
E. B.
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