Agriculteurs en colère : blocages en cours près de l’entrepôt Système U et de l’A75 à Clermont l’Hérault
Ce mardi 13 février au soir, une centaine d’agriculteurs en colère filtre les camions transportant des marchandises importées près de la plateforme logistique Système U de Clermont l’Hérault, alors que l’A75 toute proche est bloquée dans le sens Béziers>Lodève.
Les manifestants.e.s ont investi le rond-point près de la plateforme logistique Système U de la Salamane, à Clermont l’Hérault, tagué d’un « baisse des salaires des politiciens », dès 19h, à l’appel de la Coordination Rurale 34 et d’agriculteurs.trices non syndiqué.es.
Le but de l’action avait été annoncé publiquement, à l’avance : filtrer les camions transportant des marchandises importées, pour dénoncer les effets du libre échange sur le revenu paysan, et bloquer l’A75. À l’arrivée des agriculteurs, la gendarmerie était en conséquence déjà présente, et peu encline à laisser faire les manifestant.e.s.
S’en sont donc suivies des négociations au cours desquelles les agents du PSIG sur place auront servis d’intermédiaire avec la préfecture, pendant qu’un feu est allumé pour une grillade sur le bas côté du rond-point. Au bout de quelques temps, un membre de la Coordination Rurale s’avance vers le négociateur du PSIG, lui rappelle qu’ « il y a ici des gens en détresse et en colère, si vous voulez pas vous retrouver avec des actions sauvages ingérables il vaut mieux que le préfet autorise quelque chose. »
À cent mètres de là, le parking du Leclerc Drive qui avait été labouré au tracteur dans la nuit du 25 au 26 janvier dans le cadre des manifestations vient d’être reconstruit. Retour du capitaine du PSIG une dizaine de minutes plus tard : le préfet autorise le filtrage des camions et le blocage de l’A75, les manifestant.e.s y sont escortés par la gendarmerie.
Sur le rond-point, l’ambiance reste bon enfant. Les agriculteurs.trices demandent leur feuille de route aux camionneurs, pour vérifier la provenance des produits. Les produits importés sont mis de côté, dans le calme, à l’arrière de pick-ups. Les manifestant.e.s ont l’intention de donner les produits alimentaires aux Restos du Cœur, comme cela se pratique régulièrement depuis le début de la crise agricole.
Dans la foule, de nombreux viticulteurs.trices, visiblement peu convaincu.e.s des conditions d’accès au plan d’’urgence viticole annoncé par le gouvernement.
Malgré une détermination palpable, peu de personnes pensent à une occupation durable de l’autoroute ou du rond-point. Il s’agit plutôt de relancer la machine de la mobilisation de masse.
Après l’appel de la FNSEA à stopper les barrages le 1er février, les actions ne se sont pas totalement arrêtées, avec notamment des blocages de centrale d’achat et de plateformes logistiques de la grande distribution à l’appel de la Confédération Paysanne, et de petites manifestations asyndicales dans beaucoup de départements.
Dans la région, les sections tarnaises de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs organisaient la semaine dernière une manif en tracteur, avec hommage rendu à Castres à Jean Jaurès et à son rôle dans la grande révolte viticole de 1907. Pendant que les producteurs d’oignons doux des Cévennes gardoises enchaînaient les réunions autour des possibilités de bassines pour l’irrigation agricole.
Alors que la FNSEA elle-même menace de reprendre le mouvement de manière plus dure en l’absence d’annonces concrètes d’ici au Salon de l’Agriculture, la Coordination Rurale se remet elle aussi aux actions, pensant le monde agricole au début d’une période de révoltes intenses. La Confédération Paysanne, après avoir hésité à rejoindre un mouvement en partie conduit par une FNSEA accusée de travailler pour les intérêts des grands patrons du secteur, souhaite également maintenir la pression autour du revenu des paysans.nes.
Vers un acte 2 de la colère agricole ? Réponse dans les semaines à venir.
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