La start-up nation, un retour au XIXème siècle ?
Royaume-Uni : après plusieurs décennies de coupes budgétaires et d’attaques contre les conditions de vie des classes populaires, des maladies d’un autre siècle liées à la misère réapparaissent. Tandis que certains comparent Macron à une Thatcher, et que le gouvernement se lance dans une nouvelle vague de réformes antisociales et d’austérité, a-t-on notre avenir sous les yeux en regardant outre Manche ?
Certains commentateurs de la vie politique française observent des similarités entre Emmanuel Macron et Margaret Thatcher, cette politicienne conservatrice qui a imposé d’une main fer un tournant néo-libéral à l’Angleterre dans les années 80.
Mais où en est maintenant le Royaume-Uni, après plusieurs décennies de coupes budgétaires et d’attaques contre les conditions de vie des classes populaires ?
Le quotidien The Guardian publiait le 18 février un article alarmant, sur le retour en force de maladies liées à la misère et que l’on pensait éradiquées depuis plus d’un siècle.
On y apprend que 423 patients ont été hospitalisés en 2022 pour des cas de rachitisme, maladie associée à la grande pauvreté, causée par le manque de vitamine D ou de calcium, qui ralentit la croissance et peut entraîner des déformations osseuses. 188 Britanniques ont été hospitalisés en un an pour le scorbut, maladie qui est le signe d’une carence en vitamine C que l’on trouve dans les fruits et légumes frais, et qui se manifeste par un déchaussement des dents, des gencives purulentes, des hémorragies pouvant mener à la mort.
En tout, pas moins de 10 000 britanniques ont été hospitalisés sur un an pour de la malnutrition, soit une augmentation de 400% sur 12 ans.
Durant la même séquence médiatique, une mère de famille témoignait sur la radio LBC avoir dû sauter de nombreux repas pour nourrir ses enfants, avant que son corps ne lâche et qu’elle se retrouve hospitalisée.
Le quotidien, comme de nombreux observateurs, pointe du doigt les coupes budgétaires, dans les aides sociales et la santé notamment, alors que le coût de la vie a augmenté.
Voit-on l’avenir de la France en regardant outre-Manche ?
En France, 14 à 18 millions de personnes sont en situation de précarité alimentaire. En 2018, et alors même que tous les voyants se sont plutôt faits plus alarmants entre temps, 21% des français déclaraient « ne pas être en mesure de s’offrir une alimentation saine leur permettant de faire trois repas par jour », 27% « ne pas avoir les moyens financiers de s’acheter quotidiennement des fruits et légumes ». Fin 2023, entre 7 et 9 millions de personnes avaient recours à l’aide alimentaire.
Autre indices marquants du recul social : pour la première fois depuis des décennies, la mortalité infantile est repartie à la hausse en France depuis 2012.
D’après l’Humanité, la France, qui se trouvait en 3e position des pays à la mortalité infantile la plus faible d’Europe entre 1996 et 2000, se trouve désormais en 20e position.
Selon un rapport de la Société française de néonatalogie (SFN) publié le 9 octobre 2023, l’état de la prise en charge des nourrissons est désastreux. Le taux d’occupation des lits de réanimation est supérieur à 100 % environ 20 % du temps, ce qui oblige parfois à des soins sur les nourrissons dans les couloirs. La hausse marquée de la pauvreté et de la précarité est aussi pointée du doigt comme source de cette nouvelle hausse.
Pourtant les réformes antisociales sont plus que jamais d’actualité au gouvernement, alors qu’on parle de casse du RSA et de l’ASS, de désindexer le SMIC de l’inflation, d’amoindrir les contre-pouvoirs en entreprise, d’attaquer les lois existantes qui obligent à la construction de logements sociaux.
Bruno Le Maire a par ailleurs annoncé une nouvelle cure d’austérité en 2024, conséquente puisque les 10 milliards d’euros d’économie sont visés !
Après la start-up nation, retour au XIXème siècle ?
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