Montpellier : diaspora kurde et soutiens à la Palestine côtes-à-côtes place de la Comédie

Elian Barascud Publié le 5 octobre 2024 à 19:08 (mis à jour le 5 octobre 2024 à 19:20)
Les soutiens montpelliérains à la Palestine se sont réunis sur la Place de la Comédie ce samedi 5 octobre.Des membres de la diaspora kurde étaient également présents pour demander la libération du leader politique kurde Abdullah Öcalan. ("Le Poing")

Tandis que le préfet de l’Hérault multiplie les coups de pressions à l’encontre de BDS, les soutiens montpelliérains à la Palestine se sont réunis sur la Place de la Comédie ce samedi, presque un an jour pour jour après l’attaque du 7 octobre et le début du génocide. Des membres de la diaspora kurde étaient également présents pour demander la libération du leader politique kurde Abdullah Öcalan

Dès leur arrivée sur la place de la Comédie depuis la rue de la Loge, ce samedi 5 octobre en début d’après-midi, les passants reçoivent un tract appelant à briser “l’isolement et l’oppression du peuple kurde”. Sur la place, une cinquantaine de membre de la diaspora du peuple kurde sont présents avec drapeaux et banderoles. Ils demandent la libération d’Abdullah Öcalan, leader représentatif du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, une organisation révolutionnaire importante dans la gauche kurde, toujours classée comme organisation terroriste par l’Union Européenne. Öcalan est emprisonné depuis vingt-cinq ans par le régime Turc, qui multiplie les incursions militaires et exactions au Kurdistan, et notamment ces dernières semaines sur la guérilla kurde au nord de l’Irak.

Fatma, membre du centre démocratique Kurde de Montpellier, explique : “En octobre 2023, il y a eu une campagne internationale pour demander la libération d’Abdullah Occalan avec des milliers d’actions partout dans le monde, nous avons décidé de marquer la date aussi cette année.” Une occasion également de faire connaître les idées révolutionnaires que porte Abdullah Öcalan : dépassement de l’État-nation par un système de confédéralisme démocratique où chaque communauté peut s’auto-organiser tout en respectant les droits politiques et culturels des autres, libération des femmes…
C’est à ce titre que le Centre démocratique Kurde de Montpellier organise une présentation de la ginéologie (ou science des femmes, forme de féminisme prônée par Abdullah Öclan et mise en pratique au Rojava – région autonome du nord et nord-est de la Syrie-), le jeudi 10 octobre au local militant la Carmagnole à 18 h 30.

Le préfet continue les coups de pressions sur BDS

A côté des militants kurdes, les soutiens montpelliérains à la Palestine se préparent à une nouvelle manifestation, appelée par le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples et l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS), après que BDS ait été interdit d’organiser des manifestations sur la Comédie.

Le préfet de l’Hérault s’est d’ailleurs de nouveau fendu d’un coup de pression à l’encontre des militants de BDS : avant la manifestation, il a envoyé un courrier à José-Luis, co-animateur local du mouvement de soutien non-violent à la Palestine dans lequel on peut lire : “Bien que ne faisant pas partie des déclarants, vous appelez, notamment sur les réseaux sociaux, à rejoindre cette manifestation. Encore une fois, je constate votre participation à des manifestations se tenant sur la place de la Comédie sans avoir effectué de déclaration en préfectures en dépit de mes demandes pour votre association de ne pas manifester sur cette place. Je vous rappelle les termes de mon précédent courrier concernant cette pratique qui constitue un détournement de la procédure d’obligation de déclaration d’une manifestation dont la motivation principale est l’organisation de la sécurité des participants, l’anticipation des troubles à l’ordre public, le dimensionnement des forces de sécurité encadrant l’évènement. Je vous demande donc de respecter strictement les règles de déclarations de manifestation et que les militants de votre collectif n’occupent pas la place de la Comédie.”
Pour rappel, le 25 septembre, le préfet avait déjà envoyé un courrier similaire à José-Luis, accusant BDS de participer à des manifestations auxquelles BDS n’a pas appelé, voire de les “détourner” de manière “opportuniste”.

“Un an de génocide”

Et sur la Place de la Comédie, les drapeaux palestiniens se mélangent aux drapeaux libanais. “Cette escalade du conflit, cela fait des mois qu’on alerte dessus”, rappelle au micro Nathalie Oziol, députée LFI de Montpellier. “La voix de la France est bien faible pour condamner, alors que la détresse se répand au proche-orient, c’est honteux qu’on ne fasse pas respecter le droit international alors qu’on pourrait.” Puis, en parlant des incursions terrestres et des bombardements de l’armée Israélienne au Liban, elle poursuit : “Au Liban, ce n’est pas une guerre qui est faite au Hezbollah, c’est une guerre contre la nation du Liban toute entière.”

Un militant de BDS enchaîne : “Voilà un an que le génocide a commencé à Gaza, et voilà un an que nous manifestons de manière hebdomadaire, et nous n’arrêterons pas. Israël a lancé une guerre sur tous ses fronts : Syrie, Cisjordanie, Liban, Yemen. Netanyahou a besoin de la guerre pour rester au pouvoir comme les USA en ont besoin pour leurs intérêts sur le pétrole et le gaz au moyen-orient.”

Après un tour du centre-ville ou près d’un millier de personnes ont manifesté, les interventions se poursuivent, notamment pour rendre hommage aux journalistes palestiniens assassinés ou pour demander la libération de Georges Abdallah, combattant et militant révolutionnaire libanais détenu en France depuis quarante ans alors qu’il est libérable depuis 1999. Ce lundi 7 octobre aura lieu la délibération de sa dixième demande de libération.

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